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L'exigence de la vérité est-elle compatible avec le souci d'être tolérant ?

Publié le 17/01/2022

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III. L'esprit de vérité L'opposition est dangereuse et la séparation ne peut être totale : comment alors concilier ces deux aspirations de l'esprit?

• Exigence et possession On peut tout d'abord souligner la différence importante qui doit exister entre l'exigence de la vérité et sa possession. Poursuivre avec exigence la vérité doit au contraire dissuader de croire trop tôt qu'on la possède. Socrate était un chasseur inlassable de la vérité et n'affirma jamais la détenir. Il concevait au contraire le dialogue comme la chasse identique de deux individus mettant en commun des approches différentes, se stimulant et se réfutant mutuellement.

• Les limites de la tolérance Par ailleurs, le souci d'être tolérant n'implique pas une disposition à admettre n'importe quoi : l'exigence de vérité peut être un précieux outil de discernement pour faire la part du tolérable et de l'intolérable, du fécond et du stérile, de l'audacieux et du dangereux.

• Vivre « en vérité » Dès lors, les deux exigences peuvent être considérées comme les deux facettes d'une même attitude qui consiste à « vivre en vérité », ce qui est l'ambition première de la philosophie. Socrate reste le modèle par excellence du philosophe à la fois persuadé qu'il n'y a pas de but plus beau que la recherche de la vérité, et convaincu qu'il ne peut progresser dans cette voie sans s'ouvrir à la pluralité des idées de ses interlocuteurs. Ce qui ne signifie pas, au contraire, qu'il faille s'abstenir de toute critique et prendre tout préjugé pour argent comptant.

« Introduction La résurgence chronique de violences liées à une intolérance prêchée comme une vertu que l'on oppose à la mollesse du relativismeconduit à se demander s'il est possible de maintenir une exigence de vérité sans abandonner le souci d'être tolérant.

Si en effet lavérité est une, comment reconnaître en même temps la pluralité des opinions?Pour étudier ce problème complexe, nous analyserons tout d'abord l'opposition entre unicité et pluralisme; puis nous nousdemanderons si l'exigence de vérité et le souci d'être tolérant s'opposent sur le même terrain ou concernent des domaines distincts;enfin nous tenterons de préciser la différence entre la « possession » de la vérité et « l'esprit » de vérité, qui permet peut-être des'orienter vers une conciliation des deux exigences. I.

Unicité ou pluralisme ? Au coeur de l'opposition entre vérité et tolérance, on trouve celle de l'un et du pluriel.• Des buts opposésOn recherche la vérité, mais on tolère des opinions sur le même sujet.

On tolère le maintien d'une pluralité, alors que la recherche dela vérité procède par élimination des opinions fausses ou imprécises pour établir un énoncé unique.• Le définitif et le provisoireDe plus, la vérité est censée être définitive : si elle était changeante, elle ne serait plus la vérité; au contraire, le souci de la tolérancesemble devoir s'accompagner d'une disposition à réviser ses propres positions.• Fanatisme ou relativisme?Ces deux attitudes peuvent aboutir à des positions radicalement opposées : le fanatique absolutise sa position et n'admet aucune autrevoie pour la recherche de la vérité ; le relativiste renonce à exiger la vérité et se contente d'affirmer que tout se vaut.

On trouve cetteattitude dans le domaine pratique aussi bien que dans la pratique scientifique. Kant évoque l'opposition du dogmatisme et du scepticisme. II.

Des exigences hétérogènes Pourtant, l'incompatibilité n'est peut-être pas une affaire d'opposition : cette dernière est parfoisd'autant plus virulente que les points de vue sont hétérogènes, les préoccupations étrangères l'uneà l'autre. • Théorie et pratiqueOn peut séparer les deux préoccupations en affirmant que l'exigence de la vérité doit se limiter audomaine de la connaissance objective (c'est-à-dire, pour Kant, le domaine de l'expériencepossible), de la théorie scientifique, alors que le souci d'être tolérant doit prévaloir dans le domainedes rapports entre les hommes (tolérance morale), des formes de la vie en commun (tolérancepolitique) et de la réflexion sur les fins dernières (tolérance religieuse). • Peut-on vraiment séparer les exigences?On aurait ainsi deux domaines clairement distincts, l'un où l'exigence de vérité est un élémentfondamental, l'autre où il est admis que plusieurs opinions sont légitimes.Et pourtant cette distinction ne peut être aussi radicale : la pratique de la recherche scientifique doitelle aussi être marquée par la tolérance et court elle aussi le risque du dogmatisme qui peutbloquer des voies de recherche pourtant fécondes; le domaine pratique nécessite la possibilitéd'affirmer des convictions fortes et la volonté de les défendre. III.

L'esprit de vérité L'opposition est dangereuse et la séparation ne peut être totale : comment alors concilier ces deux aspirations de l'esprit? • Exigence et possessionOn peut tout d'abord souligner la différence importante qui doit exister entre l'exigence de la vérité et sa possession.

Poursuivre avecexigence la vérité doit au contraire dissuader de croire trop tôt qu'on la possède.

Socrate était un chasseur inlassable de la vérité etn'affirma jamais la détenir.

Il concevait au contraire le dialogue comme la chasse identique de deux individus mettant en commun desapproches différentes, se stimulant et se réfutant mutuellement. • Les limites de la tolérancePar ailleurs, le souci d'être tolérant n'implique pas une disposition à admettre n'importe quoi : l'exigence de vérité peut être un précieuxoutil de discernement pour faire la part du tolérable et de l'intolérable, du fécond et du stérile, de l'audacieux et du dangereux. • Vivre « en vérité »Dès lors, les deux exigences peuvent être considérées comme les deux facettes d'une même attitude qui consiste à « vivre en vérité »,ce qui est l'ambition première de la philosophie.

Socrate reste le modèle par excellence du philosophe à la fois persuadé qu'il n'y a pasde but plus beau que la recherche de la vérité, et convaincu qu'il ne peut progresser dans cette voie sans s'ouvrir à la pluralité desidées de ses interlocuteurs.

Ce qui ne signifie pas, au contraire, qu'il faille s'abstenir de toute critique et prendre tout préjugé pourargent comptant. Conclusion L'exigence de la vérité et le souci d'être tolérant semblent donc ne pas être des attitudes incompatibles pourvu qu'on ne les durcissepas respectivement en fanatisme et en relativisme et que l'on se rappelle que la vérité n'est pas un objet mais l'horizon toujours fuyantde la recherche.

Est-ce à dire que les deux exigences peuvent se fondre dans une harmonie parfaite et une attitude unique ? Ce seraitutopique et ce n'est sans doute pas souhaitable : notre conscience a besoin pour progresser de s'appuyer sur des tensions dialectiques.. »

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