L'existence de lois est-elle un obstacle à la liberté ?
Publié le 28/03/2004
                             
                        
Extrait du document
S'il suffisait d'obéir aux lois pour être libre, alors les sujets d'une tyrannie connaîtraient la liberté. Pour Rousseau, la seule solution à ce problème à la fois politique et moral, c'est que je sois aussi l'auteur de la loi à laquelle je me soumets. Sur le plan politique, le « contrat social « garantit la liberté des citoyens non en les délivrant de toute loi, mais en faisant d'eux les auteurs de la loi : par le vote, les hommes se donnent à eux-mêmes leurs propres lois, en ayant en vue non leurs intérêts particuliers mais le bien commun à tous. De même, sur le plan moral, Kant, en se référant à Rousseau, montre que la loi de la moralité à laquelle je dois me soumettre (et qui s'exprime sous la forme d'un impératif catégorique) ne m'est pas imposée de l'extérieur, mais vient de ma propre conscience : je suis libre lorsque j'obéis au commandement moral, parce c'est moi-même qui me le prescris.
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                                                                    Les lois, limites pour la liberté
a) Les lois scientifiques• La  définition  traditionnelle  de l'homme  comme sujet libre,  c'est-à-dire  capable de choisir  ses actes  par sa volonté  propre,indépendamment de toute contrainte extérieure, suppose toujours qu'il échappe en quelque sorte aux lois et déterminismes naturels.Ainsi, dans la philosophie  de Descartes,  l'homme, en tant  qu'il  a un  corps,  est soumis  aux lois naturelles  ; mais  son âme,  ouconscience, est posée comme une volonté radicalement libre.• Les sciences humaines contemporaines dénoncent l'illusion d'une conscience libre.
                                                            
                                                                                
                                                                    Sociologie, psychanalyse ou linguistique cherchentà découvrir les lois qui définissent à son insu les conduites de l'homme et qui les rendent, en droit, prévisibles comme n'importe quelphénomène naturel.• Ainsi, semble-t-il y avoir incompatibilité, en première analyse, entre l'existence d'un sujet libre et celle de lois qui le déterminent.
b) Les lois morales et politiques• Si l'on considère l'individu comme un être qui vit nécessairement à l'intérieur d'une culture, d'une société, on soulignera que sa liberté«s'arrête où  commence celle  des autres.
                                                            
                                                                                
                                                                     Cette limite à l'exercice  de la liberté individuelle  est fixée  par des  règles morales  et/oujuridiques, sous forme d'impératifs, de devoirs, d'obligations, d'interdictions, etc.• Schopenhauer pouvait donc écrire : "On n'est libre qu'étant seul.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les lois de la société, quelle qu'en soit la forme, circonscrivent maliberté : je n'ai pas le droit de faire tout ce que je serais capable de faire si j'en décidais seul".• Ces perspectives sont proches de celles de l'opinion.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ne sont-elles pas contestables, malgré leur apparente évidence ?
2.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les lois, moyens de réaliser la liberté
a) Les lois scientifiques Spinoza• Pour ce philosophe, être libre, c'est agir selon les lois de la nature.
                                                            
                                                                                
                                                                    La liberté d'affirmer ou de nierest une fiction : -Les hommes se trompent en ce qu'ils pensent être libres, et cette opinion consisteuniquement pour eux à  être conscients de leurs actions et ignorants des  causes par lesquelles ilssont déterminés.
                                                            
                                                                                
                                                                     L'idée de leur  liberté,  c'est donc  qu'ils  ne connaissent  aucune cause à leursactions.
                                                            
                                                                                
                                                                    Car il disent que les actions humaines dépendent de la volonté, mais ce sont des mots, quine correspondent  à aucune idée".
                                                            
                                                                                
                                                                    (Éthique, II, 25, scol.) La liberté authentique se donne commel'intériorisation de la nécessité.• D'autre  part, la  connaissance des lois  de la nature, parce qu'elle rend possible  une prévisionrationnelle, ne permet-elle pas de construire des techniques qui en sont l'application et qui peuventêtre libératrices ? Ainsi peut-on d'autant mieux prévenir ou guérir une maladie, donc s'en libérer,qu'on en connaît mieux les mécanismes et les lois.
b) Les lois morales et politiques	
Rousseau• Si l'homme naturel  parait plus libre que l'homme  qui vit ensociété, il est en fait comme un animal soumis à "l'impulsion duseul appétit".
                                                            
                                                                        
                                                                     (Contrat social, 1,  8).
                                                            
                                                                                
                                                                    Seule l'existence  socialerend possible  intelligence,  maîtrise de soi  et donc  libertéauthentique.• Dans un État idéal, la volonté individuelle ne serait pas simplement limitée par les volontés desautres individus.
                                                            
                                                                                
                                                                    Chaque individu a en effet la capacité et l'intelligence de vouloir le bien commun ;obéir à des lois qui seraient l'expression de la Volonté générale, ce serait donc obéir à sa proprevolonté  bien comprise  et ainsi être  libre.
                                                            
                                                                                
                                                                    Dans ce que  nous  pouvons nommer  une démocratieidéale, il  n'y aurait  plus incompatibilité entre une liberté essentielle à  l'humanité et une solidariténon moins vitale.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les lois seraient ce par quoi s'accomplit la liberté des hommes.• Cet  idéal  politique  est inséparable  d'une problématique  morale.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi selon Kant  : le  Devoirauthentique est l'obéissance  à la loi que pose la raison ; faire son devoir,  c'est être autonome etdonc libre.
Hegel• «Le système du droit est l'empire de la liberté réalisée”.
                                                            
                                                                                
                                                                    (Principes,  Introduction, 4).
                                                            
                                                                                
                                                                    Autrementdit, le sujet de la locution «être libre» n'est qu'en apparence la volonté particulière de l'individu ;plus profondément, c'est l'État et ses lois.• Pour Hegel, l'histoire universelle est la réalisation de cette liberté, à travers les États qui se sontsuccédé, en particulier à travers l'État oriental, où "la liberté n'est que caprice", puis à travers les	lois de la Cité antique, qui découvre que "quelques-uns sont libres, non l'homme en tant que tel", enfin à travers l'État moderne, quiaffirme et réalise progressivement la liberté de tous les hommes (cf.
                                                            
                                                                                
                                                                    La Raison dans l'Histoire).• La soumission aux lois de l'État n'apparaîtrait donc comme contradictoire avec la liberté qu'à des penseurs superficiels, incapables decomprendre la rationalité plus riche qu'exprime  et incarne la loi de l'État.
                                                            
                                                                                
                                                                    "Le droit, l'ordre éthique, l'État, constituent  la seule réalitépositive et la seule satisfaction de la liberté.
                                                            
                                                                                
                                                                    La seule liberté qui se trouve réellement brimée est l'arbitraire qui ne concerne d'ailleursque la particularité des besoins".
                                                            
                                                                                
                                                                    (ibid., 10-18, pp.
                                                            
                                                                                
                                                                    135-6).
Conclusion
Les lois ne constituent pas que des limites pour la liberté de l'homme : elles peuvent lui donner les moyens de la réaliser.
                                                            
                                                                                
                                                                    Sur le planscientifique, d'abord, la connaissance des mécanismes naturels fait que l'homme peut chercher à se rendre "maître et possesseur de lanature".
                                                            
                                                                                
                                                                    (Descartes).
                                                            
                                                                                
                                                                    Sur le plan politique, au sens large, et sur le plan moral, l'existence de lois qui règlent la conduite parait d'abordrestreindre la liberté ; mais on ne peut oublier qu'en dernière analyse l'homme est aussi l'auteur de ces règles, qu'il peut s'interrogersur leur valeur et travailler à les modifier..
                                                                                                                    »
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- Est-il possible de concilier l'existence de lois psychologiques avec l'affirmation de notre liberté spirituelle ?
- les lois sont elle un obstacle à notre liberté?
- Est-il possible de concilier l'existence de lois psychologiques avec l'affirmation de notre liberté spirituelle ?
 
    
     
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                