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l'expression perdre sa liberté a-t-elle un sens ?

Publié le 18/11/2005

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Que signifie l'idée de perdre sa liberté ? Qu'implique-t-elle ? La liberté est-elle innée ou est-elle acquise ? A priori la liberté est considérée dans nos sociétés comme un droit, acquis, pour lequel les hommes se battent pour le garder. Ceci signifie donc que la liberté pourrait être perdue. Cette idée de possibilité de perdre sa liberté, de légitimité de la perdre, ne semble pas discutable puisque l'on pourrait le prouver par des exemples multiples : ainsi de l'esclavage, ainsi des prisons, ainsi des dictatures. Mais ce faisant on comprend la liberté comme seule absence de contraintes. Cette liberté-là n'est pas satisfaisante. La liberté peut disparaître, même en dehors d'un critère de contrainte. Des passions, des déterminismes sociaux ou des mobiles inconscients influent et agissent sur nous et orientent nos pensées et volontés — à notre insu. Ainsi, cette liberté que je crois posséder pourrait être considérée comme une illusion de la conscience. Pour quelles raisons pourrait-on perdre sa liberté, nous l'ôter ? N'est-elle pas irréductible ? Du moins en principe : l'homme ne naît-il pas libre ? Si l'homme est originellement libre, peut-il perdre quelque chose qui participe de son essence ou de sa dignité ? La question est donc de savoir si la liberté est inaliénable, et de ce point de vue une réflexion est nécessaire sur la question du fait et du droit. De plus, si la liberté est une illusion, un leurre, alors il est impossible de perdre sa liberté puisque par principe on ne peut perdre ce que l'on ne possède pas. Dans la Lettre à Schuller, Spinoza montre que l'homme se croit libre par ignorance des causes qui le poussent à agir mais qu'en réalité, il est de part en part déterminé. Mais la connaissance de ces déterminations est une libération : on ne peut perdre sa liberté, mais on peut l'acquérir en augmentant notre puissance d'agir, en augmentant notre connaissance. Références utiles : Du contrat social de Rousseau, l'Existentialisme est un humanisme de Sartre, ou le Manuel d'Épictète.

Pour le sens commun, l'expression " perdre sa liberté " signifie souvent être enchainé par un contrat à un autre individu ou à une institution. Dans le mariage par exemple, on échange sa jeunesse insouciante contre un ensemble de contraintes sociales, psychologiques et juridiques. On perd donc sa liberté lorsqu'on n'a plus le pouvoir et le droit de s'adonner à la satisfaction de ses désirs individuels, lorsqu'une vie vie responsable d'adulte se substitue à celle de quelque chose que l'on possède et qui ne constitue pas notre nature profonde, comme un élément surajouté qui peut nous être enlevé sans nous détruire. La liberté serait alors quelque chose d'accessoire, de secondaire. Or, la liberté n'est-elle pas l'essence même de l'homme, ce qui donc ne peut disparaître sans aliéner la personne humaine?

« - Pour Descartes, la liberté est une notion commune et première.

Selon lui,chacun la comprend et peut la saisir en lui-même.

La liberté se « connaît sanspreuve ».

L'expérience du libre arbitre semble en effet être présent en toutlieu et en tout temps.

Le libre arbitre désigne la capacité d'un sujet àprivilégier une voie dans une multitude de choix.

Dès que nous choisissons parexemple, ce que nous voulons faire de nos loisirs, nous exerçons notre liberté. « Il est si évident que nous avons une volonté libre, qui peut donner sonconsentement ou de ne le pas donner quand bon lui semble, que cela peutêtre compté pour une de nos plus communes leçons.

» ( Principes de philosophie ) - Pourtant, si la liberté est une notion première chez l'homme, il est possibleque sa capacité de choisir ce qu'il veut faire soit compromise.

En effet, nousl'avons dit la liberté en son sens premier est cette possibilité d'agir à son grésans que rien ne vienne contrarier son action.

L'étymologie du mot renvoie àliber qui signifie littéralement absence de contrainte.

Il désignait dans l'antiquité le statut du citoyen qui fait ce que bon lui semble par opposition àl'esclave qui est soumis à la volonté de son maître.

Dans ce sens, donc, dèsque quelqu'un ou quelque chose me contrainte à faire quelque chose contremon gré, je perds ma liberté, la possibilité de me poser comme auteur de mesactions et de mes désirs. - La liberté politique se définit aussi par cette possibilité de ne pas être entraver dans mon existence individuelle.Montesquieu fait consister la liberté politique " à ne point être contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir."( De l'esprit des lois ").

Les différents régimes politiques totalitaires se définissent en ce qu'ils contraignent les individus, qu'ils réduisent leurs possibilité de se réunir, de s'exprimer.

Une loi qui m'interdit de sortir après 22h estainsi une loi qui réduit mon champ d'action et donc ma liberté.

Le régime nazie pour cela faisait perdre leur libertéaux citoyens et surtout aux juifs et autres personnes jugées indignes.

La prison même se définit par cette perte deliberté.

Pour Foucault, la caractéristique de la prison de nos jours est bien de priver la liberté, la possibilité de fairece que veut le détenu en l'enfermant dans un endroit clos. L'homme est condamné à être libre - Pourtant, nous dit Sartre, il est faux de considérer que l'homme peut perdresa liberté contre sa volonté.

Selon lui, cette expression serait une mauvaisefoi de l'homme devant sa responsabilité.

En effet, si l'homme est libre, ildécide de ses actes et la responsabilité de ses derniers lui reviententièrement.

Selon lui, l'homme « est condamné à être libre », Cela pour lui nevoulait pas dire que quelqu'un oblige l'homme à être libre, mais justement quepersonne n'a créé l'homme et son plan d'action n'est pas prédéterminé par unquelconque instinct ou une quelconque nature.

Pour le philosophe, l'existenceprécède l'essence chez l'homme, c'est-à-dire que l'homme n'est que ce qu'ilfait.

Aucun Dieu n'a pas fixé sa nature et par ce fait, il n'y a pas de valeursou d'ordre à suivre.

C'est à l'homme de se choisir.

« C'est ce que j'exprimeraien disant que l'homme est condamné à être libre.

Condamné, parce qu'il nes'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jetédans le monde il est responsable de tout ce qu'il fait.

» ( L'être et le néant ) - La liberté semble en effet toujours présente.

Sartre la définit commepossibilité de dire « oui » ou « non » dans toutes les situations.

Si quelqu'unm'oblige à faire quelque chose, je peux toujours refuser.

On peut objecter quesous la pression d'un revolver, je n'ai pas vraiment le choix de mes actions.Pourtant, je peux toujours choisir l'ultime solution, c'est-à-dire préférer mourirque faire ce que me l'on demande.

La thèse de Sartre qui est extrême, c'estque même l'esclave accepte sa situation, il pourrait toujours essayer de selibérer, de se révolter même au risque de sa vie.

La liberté de pensée par exemple est inaliénable.

Personne ne peutm'obliger à penser quelque chose puisque l'esprit, la conscience sont inatteignables. D'ailleurs même en disant que l'homme peut renoncer à sa liberté, remettre sa vie entre les mains de quelqu'unautre, on admet que l'homme a en premier lieu, le choix de conserver sa liberté ou de la refuser.

Cette possibilité derenoncer à sa liberté est énoncée par plusieurs philosophes tel Rousseau : « « renoncer à sa liberté, c'est renoncerà sa qualité de l'homme »( Du contrat social) - Dès lors, il n'est pas possible de perdre sa liberté.

Je peux toujours réactiver un choix personnel, suivre mesinclinaisons et ne pas accomplir ce que je n'ai pas envie d'accomplir.

Pourtant, l'homme peut lui même décider deperdre sa liberté par un acte libre, c'est-à-dire de se mettre sous la dépendance de quelqu'un d'autre.

En effet, laliberté entraîne nous l'avons dit une responsabilité totale et ce fait peut faire peur.

Pour Kant, les hommes préfèrenten effet rester esclave, ne pas avoir à décider par eux-mêmes.

« La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes[…], restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs , et qu'il soit. »

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