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L'idée de perdre sa liberté a-t-elle un sens ?

Publié le 20/09/2011

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→ Pour que la liberté soit inaliénable ( impossibilité de la céder à un tiers, de la détacher de l’individu) il faut donc qu’elle procède de la nature même de l’homme : ce n’est alors plus un pouvoir de faire mais c’est une faculté de se déterminer de façon autonome, faculté dont nous disposons tous du seul fait que nous sommes des hommes c'est-à-dire des êtres doués de pensée. La liberté est alors une donnée intrinsèque à l’esprit humain et l’effacement d’une telle liberté ne pourra consister qu’en une faute de l’individu qui n’a pas su assumer sa condition de sujet. Le problème est bien moral : peut-on vraiment échapper à la responsabilité de ses actes ?

« responsabilités qui nous incombent vis-à-vis d'autrui, de l'environnement… peuvent être vécus comme ce qui réduitle champ des possibles et partant, de la liberté. Mais l'inscription dans un champ de détermination réduit-elle réellement notre liberté ? Est-on d'autant moins libreque l'on est esclave ou malade ? B- Mais cette perte ne restreint en rien le choix des possibles qui s'offre toujours à moi Certes dans tous ces cas, que je sois esclave ou malade, je vois ma liberté d'action sérieusement entravée ;cependant il semble bien que même dans ces champs de détermination un choix de possibles s'offre toujours à moi.L'esclave n'a-t-il pas encore le choix d'obéir ou de désobéir ? De la même façon si la maladie change mes possibilitéselle ne les réduit pas car avec elles apparaissent d'autres possibles comme le souligne Sartre : « Un malade ne possède ni plus ni moins de possibilités qu'un bien portant ; il a son éventail de possibilités commel'autre et il a à décider sur sa situation, c'est-à-dire à assumer sa vie de malade pour la dépasser ».Cahiers pour une morale Ainsi il y a ceux qui refusent d'assumer leur condition et ceux qui l'assument et la transcendent (par ex ens'investissant dans des associations caritatives, un possible qu'ils n'avaient pas conçu lorsqu'ils étaient valides parexemple).

Toute situation est donc une condition à l'intérieur de laquelle l'homme est toujours libre.

L'homme estcondamné à être libre conclut Sartre de sorte qu'il nous faut admettre du même coup que la liberté ne peut seperdre mais par liberté il faut alors entendre autre chose que la liberté physique / d'action : C- La seule chose qui soit en mon pouvoir est ma pensée En effet la liberté ne se réduit pas à la liberté physique ; il y a une autre forme de liberté, plus intérieure et plusessentielle aussi : la liberté de jugement.

Ainsi quand bien je suis esclave ou malade et condamné sans que je nepuisse rien y faire à perdre ma liberté de mouvement, je reste libre du jugement porté sur ma situation.

C'est bien làcomme l'avaient souligné les Stoïciens la seule chose qui dépend vraiment de moi.

Il ne dépend pas de moi que lesgens que j'aime ne meurent pas, il ne dépend pas de moi d'être toujours en bonne santé ou d'être toujours fortunéet si je fais dépendre ma liberté de toutes ces choses sur lesquelles je n'ai pas d'empire absolu alors la survenued'événements ruinant tous ces biens rétrécira d'autant ma liberté.

En fait la seule chose qui dépend absolument denous et qui est absolument libre c'est notre pensée, notre faculté de juger, de représentation.

C'est en ce sens quemême emprisonné ou martyrisé je demeure libre.

Par exemple le tyran ne peut pas faire que je cesse de le haïr demême que le martyr enduré par les saints ne peut pas faire qu'ils renoncent à leur foi.

Le sage stoïcien est donccelui qui reprend toujours possession de sa liberté quand bien même la fortune lui est défavorable parce qu'il aentrepris de changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde et a appris à vouloir les choses telles qu'elles arrivent.

Sile monde ne nous donne pas toujours le choix, nous nous pouvons nous le donner ou plus exactement nouscomporter comme si le monde correspondait à notre choix. TransitionAinsi la véritable liberté est intérieure et celle-ci semble bien être en mon seul pouvoir, nul semble-t-il ne peut faireque je la perde.

Cette conclusion n'est elle pas quelque peu optimiste ? Je peux basculer dans la folie et perdretoute lucidité et tout empire sur pensées, de mêmes que les passions peuvent sérieusement contrarier l'autonomiede mon jugement… Autrui lui-même est-il sans pouvoir sur mes pensées ? II.

La « citadelle intérieure » est elle bien une forteresse imprenable ? A- les causes externes de l'aliénation de notre pensée Nos pensées sont elles bien inaliénables ? Dans le Contrat social Rousseau souligne que la force, pour durer, doit tôtou tard se donner les apparences du bon droit car elle est sans pouvoir sur les consciences.

Le tyran a bienconscience des limites de la force nue ce pourquoi il s'emploie aussi et surtout à emporter l'adhésion desconsciences : propagande, conditionnement des hommes dès le plus jeune âge (ex « jeunesses hitlériennes »)… cequi est visé c'est la suppression de l'autonomie de la pensée de chacun.

Dans 1984 G.

Orwell a décrit lesmécanismes insidieux visant à détruire cette liberté intérieure notamment par la suppression de certains mots duvocabulaire à commencer celui de liberté, ou encore la suppression des formulations négatives afin d'étouffer dansl'oeuf tout esprit critique.

Si la pensée est langage , la réduction du vocabulaire comme la transformation dulangage, de sa syntaxe… conduit inexorablement à un rétrécissement de la pensée et partant de la liberté s'il estvrai que celle-ci est suspendue à celle-là.B- les causes internes.

L'esclavage des passions Mais les causes de l'aliénation de notre pensée ne sont pas seulement « externes » : elles sont également «internes » à l'individu lui-même.

Ainsi la passion ne constitue-t-elle pas un redoutable obstacle à notre lucidité etpartant à notre liberté ? La passion nous rend inaptes à la résolution de problèmes théoriques comme pratiques.Etymologiquement la passion désigne la passivité (pathos : pâtir, subir).

Dans la passion, du moins sous sa formeparoxystique, on ne s'appartient plus ; l'homme en proie à la passion n'agit plus librement, par un libre décret de savolonté, celle-ci est au contraire violentée par un principe de détermination qui lui est étranger (la passion).

Dans lapassion je n'agis, je suis agi, je ne veux pas, je suis le pantin de mes désirs .

La passion est donc bien une cause de. »

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