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l'histoire est-elle tragique ?

Publié le 19/11/2005

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La tragédie peut donc être définie par les forces agissantes qu'expriment les personnages, et par son sens, c'est-à-dire son intelligibilité pour un esprit humain.             Du point de vue formel : «...est-elle... ?» est la forme interrogative du «est-ce», question philosophique par excellence, car recherche d'une définition ou essence. Il s'agit de savoir si oui ou non l'histoire est tragique, et pourquoi. Il faudra donc chercher des arguments pour défendre la dimension tragique de l'histoire. On peut reformuler ainsi : «En quel sens l'histoire est-elle tragique ?» Il s'agit principalement de justifier le sujet.   Problématisation :             Nous sommes la deuxième ou troisième génération dans l'histoire de l'humanité, en France et au XXIe siècle, à ne pas avoir à s'impliquer directement dans un conflit ouvert.

Nous sommes la deuxième ou troisième génération dans l’histoire de l’humanité, en France et au XXIe siècle, à ne pas avoir à s’impliquer directement dans un conflit ouvert. C’est un fait sans précédent, car il aurait suffit de naître à une autre époque, ou dans un autre pays pour observer dans son arbre généalogique qu’un ancêtre sur deux, au minimum, avait participé à une guerre. L’histoire est-elle tragique ? Elle nous présente une succession d’évènements sanglants si nombreux qu’on serait tenté d’inclure la cruauté dans les caractéristiques essentielles de l’humain. L’Histoire pourrait n’être qu’une œuvre dirigée par des forces réclamant la guerre, ou la répétition d’évènements semblables. Mais si l’humain dispose d’une forme de liberté, de telles répétitions sont anecdotiques et ne signifient rien, car leurs comportements sont imprévisibles. Enfin, si les humains sont individuellement libres, il se pourrait que cette liberté soit restreinte par le nombre, et qu’un peuple soit animé de forces qui lui sont immanentes. Les actes humains sont-ils commandés par des forces antagonistes ?

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« I – Des forces transcendantes ? · Nous pourrions imaginer que des dieux commandent notre destinée, mais cela n'est pas vérifiable dans l'histoire (chaque culture présente des dieux différents) · Une chose commune à toute l'humanité pourrait se manifester dans nos actes et diriger l'histoire à la manière d'une tragédie. «Dans ce travail de l'Esprit du monde, les Etats, les peuples et les individus apparaissent chacun avec leur principe particulier déterminé, qui s'explicite et devient réel dans leur constitution et dans toute l'étendue de leurssituations.

Tout en ayant conscience de cette réalité particulière et en étant absorbés par ses intérêts, ils sontnéanmoins les instruments et les organes inconscients de cette activité de l'Esprit.» Hegel, Principes de la philosophie du droit , 3e partie, § 343. · Les « organes inconscients », hommes et peuples, participent sans le savoir au projet de l'Esprit du monde, une raison dépassant les individus, qui se réalise par les passions de ces individus.

Ces passions sont ce quel'école hégélienne nomme «ruses de la raison» Transition : Ces ruses de la raison sont une manière de concilier passion et raison, car les passions sont, sans le savoir,les outils qui permettent à la raison de mener ses plans à bien.

Mais cela implique que seul l'Esprit est libre, et queles individus n'ont que « leur principe particulier déterminé », c'est-à-dire un destin auquel ils ne peuvent échapper. Qu'en est-il de la liberté individuelle qui, si elle n'existe pas, empêche toute responsabilité, donc toute possibilité dedéclarer un humain responsable de ses actes ? Avec le destin, c'est le processus de la justice qu'on empêche defonctionner.

La philosophie de Hegel est sur ce point assez coûteuse. II – Les signifiants que nous voyons dans l'Histoire n'ont de sens qu'au présent. · La liberté humaine, si elle est absolue, fait que l'Histoire n'a pas d'autre sens que celui que les hommes du passé ont voulu lui donner.

Les sens qu'a pu avoir l'Histoire sont passés.

Pour nous, qui vivons dans le présent,l'Histoire est absurde et ne peut être tragique, ni même comique. · L'histoire n'a que le sens qu'on veut lui donner, elle est une interprétation dont le seul intérêt est de servir nos actes présents. «Aucune morale générale ne peut vous indiquer ce qu'il y a à faire; il n'y a pas de signes dans le monde.

Les catholiques répondront : mais il y a des signes.

Admettons-le; c'est moi en tout cas qui choisit le sens qu'ils ont.

J'aiconnu, pendant que j'étais captif, un homme assez remarquable qui était jésuite; il était entré dans l'ordre desjésuites de la façon suivante: il avait subi un certain nombre d'échecs assez cuisants; enfant, son père était morten le laissant pauvre, et il avait été boursier dans une institution religieuse où on lui faisait constamment sentir qu'ilétait accepté par charité; par la suite, il a manqué un certain nombre de distinctions honorifiques qui plaisent auxenfants; puis, vers dix-huit ans, il a raté une aventure sentimentale; enfin à vingt-deux ans, chose assez puérile,mais qui fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase, il a manqué sa préparation militaire.

Ce jeune homme pouvaitdonc considérer qu'il avait tout raté; c'était un signe, mais un signe de quoi ? Il pouvait se réfugier dans l'amertumeou dans le désespoir.

Mais il a jugé, très habilement pour lui, que c'était le signe qu'il n'était pas fait pour destriomphes séculiers, et que seuls les triomphes de la religion, de la sainteté, de la foi, lui étaient accessibles.

Il adonc vu là une parole de Dieu, et il est entré dans les ordres.

Qui ne voit que la décision du sens du signe a étéprise par lui seul?» Jean-Paul Sartre, L'existentialisme est un humanisme . · Nous voyons qu'interpréter l'histoire comme une tragédie serait confondre des évènements historiques et leurs significations subjectives. Transition : Mais la philosophie de Sartre repose sur une liberté individuelle absolue.

Cela fonctionne effectivement dansune histoire personnelle, l'histoire de tel ou tel individu.

Mais l'Histoire de l'humanité met en jeu des peuples, descultures, des civilisations dans lesquelles la liberté individuelle peut être comprimée par des effets de masse.

Prisdans un grand nombre, les individus sont prévisibles.

Il s'agit alors de trouver le critère, la force agissante qui peuttransformer les actes isolés des individus en mouvements collectifs prévisibles. III – Les forces immanentes. · Nous pouvons dire que certains actes individuels sont incompréhensibles si on ne les considère qu'à l'échelle de l'individu, mais qu'ils révèlent leurs lois si on s'élève à l'échelle d'une société (le suicide, par exemple, estdifficilement explicable, mais la sociologie nous donne des lois statistiques des conditions d'un suicide).

C'est lefondement de la sociologie de Durkheim.. »

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