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L'histoire est un roman qui a été, le roman est de l'histoire qui aurait pu être ?

Publié le 28/10/2009

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histoire

Thèmes : Afin d’éviter tout type de confusion entre réalité et fiction, il faut en premier lieu s’attarder à en définir clairement les limites des domaines respectifs. L’analyse thématique de l’énoncé vise ici à en expliciter les problèmes sous-jacents, et surtout à en dévoiler la supercherie. (i) Marquage du temps et du mode verbal : partons du plus obvie, l’usage fait par l’énoncé du verbe être et de la conjonction modalisant de son infinitif au conditionnel passé du verbe pouvoir (‘avoir pu être’). La première occurrence de ce dernier apparaît au mode indicatif du passé composé, indiquant par là deux choses ; la première étant l’effectivité réelle à laquelle se rapporte le verbe (‘avoir été’) – que marque l’indicatif ; la seconde consiste dans la participation du passé historique à sa contemporanéité propre (par le participe passé du temps composé), c’est-à-dire son inscription effective (la formation du passé composé sur l’auxiliaire est au présent : “ a été ”) dans un contexte déterminé, et surtout terminé. La seconde occurrence verbale se fait au mode conditionnel du temps passé du verbe ‘pouvoir’ (“ aurait pu ”) auquel s’adjoint l’infinitif du verbe être. Cela signifie que le verbe ‘être’ se trouve déterminé par le régime conditionnel d’un verbe qui dès lors signifie la potentialité, autrement dit la virtualité, le fictionnel. (ii) Histoire et roman : la brève analyse des modes et temps verbaux employés dans l’énoncé permet de déterminer plus précisément où doit s’opérer la distinction des champs respectifs de signification du roman et de l’histoire pour ainsi éviter toute confusion entre réalité et fiction, ou du moins savoir la débusquer. Dans la première phrase relative à l’histoire (puisque c’est d’elle dont il s’agit de reconnaître si oui ou non la qualifier de “ roman qui a été ” est légitime), le marquage verbal montre qu’il est question du domaine de l’effectivité, c’est-à-dire de la factualité. L’histoire est une histoire de faits. Et ces faits ont eu lieu, ils se sont produits dans un espace et un temps qui doivent en permettre la validation, ou l’infirmation, sur la base d’une vérification. L’histoire se fonde ainsi sur des documents (archives, récits, etc.) dont la validité est à attester par vérification empirique. Tandis que le marquage verbale de la seconde phrase relative au roman (puisque alors c’est de lui dont il s’agit de reconnaître si oui ou non le qualifier de “ l’histoire qui aurait pu être ” est légitime) inscrit ce dernier dans un horizon conditionnel qui est de l’ordre de l’hypothétique, de la fiction, de l’irréalité – opposé par là même à la positivité effective du fait historique établi. Si d’aucuns vont jusqu’à qualifier l’histoire de science, il est par contre certain que personne de raisonnable ne peut imaginer ne serait-ce que réfléchir à la possibilité pour le roman d’être scientifique. (iii) Réalité et fiction : ces derniers termes thématiques de l’énoncé apparaissent dès lors comme distinguables en vertu d’un critère que l’on peut qualifier d’ontologique. La fiction n’appartient pas à l’effectivité factuelle empirique du monde, bien qu’elle puisse elle-même être structurée sur le mode de la réalité et donc s’opérer sur un mode d’ordre rationnel, ne serait que par le respect de la causalité, etc. (tel est le propre de la narration), tandis que la réalité est simplement la détermination de l’ordre du monde, des choses, des faits.

histoire

« conscience et à les intégrer dans l'analyse des faits.

L'illusion d'une histoire purement objective est tout aussidangereuse que vouloir la réduire à n'être qu'un roman.

En ce sens, si l'histoire n'est pas un roman (qui a été), il estcependant possible de la concevoir comme roman de ce qui a été, c'est-à-dire inscription dans un contexte en fonction d'une perspective relative (le temps présent de l'historien écrivant l'histoire d'un passé déterminé).

II.

La roman comme histoire : histoire (virtuelle) de la fiction En ce qui concerne la seconde proposition de l'énoncé, ce qu'il importe de souligner, ainsi que nous l'avons montrédans notre analyse thématique, est le mode conditionnel du ‘pouvoir être' qualifiant l'histoire que serait le roman.

Ici,on sort explicitement du domaine de la factualité empirique, par laquelle nous avons précédemment caractérisél'histoire.

Le registre est bien plutôt de l'ordre de l'irréalité, à entendre sur ce point au sens du virtuel, c'est-à-diredu potentiel (‘pouvoir être').

Or, pour rappeler au passage, en les mettant en relation, deux célèbres définitionsd'Aristote, d'une part, il n'y a de science que du nécessaire ( Organon ), jamais du contingent ou de l'hypothétique, et d'autre part, n'est nécessaire que ce qui a eu lieu ( Physique ), c'est dire que la nécessité est une modalité caractéristique d'un présent maintenant passé.

Ainsi, si l'histoire doit prétendre à la scientificité, en aucun cas ellene pourrait à rapporter au mode conditionnel d'une fiction avortée (“ roman qui aurait pu être ”).

En outre, la seuleconversion envisageable du présent d'un roman en réalité virtuelle est non pas le constat rétrospectif d'un futurantérieur qui ne s'est pas produit (‘un roman qui aura pu être', c'est-à-dire qu'on aurait pu s'imaginer, dans un tempsà un moment donné du passé, être prédictif), mais uniquement le futur.

Le seul ordre de temporalité éventuellementaccessible à la fiction romanesque est celui de la prospection, et non d'une prédiction rétrospectivement nonavérée.

* Conclusions - Le problème de l'énoncé consiste essentiellement en un problème de temporalité.

Or, sur ce point, les temporalités respectives à l'ordre du roman et à celui de l'histoire lors de leur écriture ne sont pas, ne sont jamais convergentes.

Ni l'histoire n'est un roman qui a été – car la réalité de l'histoire s'est réalisée ; ni le roman, de l'histoire qui aurait pu être – car le contenu de l'histoire, objet de la science historique, n'est jamais sur lemode conditionnel d'une hypothèse de fiction.

Où alors d'être l'hégélien capable de déceler dans le cours desévénements historiques, le déploiement dialectique d'un Raison devenant réalité en se matérialisant dans lemonde… - Le second problème majeur de l'énoncé concerne la question des modalité ontologiques (nécessité, possibilité, impossibilité).

La possibilité d'opérer la synthèse des ordres ontologiquement distincts du réel et de lafiction est aujourd'hui en vogue sous l'appellation de ‘ what if history '.

Pratiquée surtout par les anglo-saxons, sa traduction française a pris la forme d'‘Histoire contrefactuelle'.

L'objet en est ce qui aurait pu être si l'histoiren'avait pas été ce qu'elle est (si Napoléon n'avait pas perdu à Waterloo, si la tentative d'assassinat d'Hitler avaitaboutit, etc, etc.).

Les logiciens s'y sont confrontés dès le milieu du 20 e siècle en élaborant des outils formels d'une logique modale – modale signifiant les modalités du réel à formaliser (nécessaire, possible, impossible).. »

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