L'histoire n'est-elle qu'un roman ?
Publié le 23/03/2015
Extrait du document

PLAN
Son fil directeur est constitué par l'examen successif des critères
collingwoodiens.
Introduction : le statut de la connaissance historique
I — La dimension fictionnelle de l'histoire comme du roman
a) La double méconnaissance de l'histoire et du roman
b) L'histoire comme produit de l'imagination historique
Transition : la « vérité « de la fiction historique tient à son rapport
spécifique aux documents
II — Nouvelle distinction
a) L'enseignement du document et du roman
b) La fiction romanesque face à la particularité du fait historique
Transition: la multiplicité de mondes romanesques incompossibles
face à l'unité de notre monde
III — Dernier essai
a) Le roman comme révolte à l'égard de l'absurde
b) L'ambiguïté du monde ; qu'est-ce que « le monde « ?
c) Le savoir historique dissout « l'évidence « du monde
Conclusion : une fausse alternative

«
58 L'HISTOIRE
positiviste de la scientificité.
Le sérieux de l'historiographie, le tragique de
l'histoire, contrastent alors avec la futilité de la fiction qui vise à distraire son
lecteur, à cette nouvelle variété
d'« opium du peuple» (cf.
aussi la critique
hégélienne de la belle-âme réfugiée dans le monde
de la poésie).
Est-il possible
d'en rester à une telle dévalorisation de l'art, traditionnelle de
Platon à Carnap,
mais que traduisent aussi des expressions usuelles comme :
«
ce n'est qu'un
roman
», «c'est de la littérature ...
», ou encore « ça n'arrive qu'au cinéma » ?
(N.B.
: L'approche la plus vigoureuse
du sujet consisterait à inverser ce
présupposé en fin de dissertation).
b) Inversement, et d'un autre côté, la mise en évidence de la dimension fictive
ou créatrice (cf.
Collingwood et la synthèse du divers de l'intuition sensible par
l'imagination historique), c'est-à-dire aussi subjective (cf.
Ricœur), du savoir
historique comme des sciences en général, oblige à rejeter les termes de la
question initiale.
Ce pourrait être
le point de départ d'une interrogation relative à
la commune origine
de l'histoire et du roman dans la poésie et le mythe -ce qui
repose la question de leur distinction.
La vérité de la fiction historique
ne tient
elle pas alors du rapport particulier qu'elle entretient
au « document » ?
Il -Nouvelle tentative de distinction
a) Le document historique n'est pas essentiellement ce qui permet d'attester le
pur fait que quelque chose s'est produit ou a existé ; il est irréductible au vestige
dans la mesure où, comme
le dit son étymologie, il enseigne quelque chose.
Or le
roman -par exemple La Plaisanterie de Kundera ou Le Procès de Kafka -,
qui peut certes aussi être considéré comme un document, ne dit-il pas une vérité
d'un autre ordre que celui de l'historiographie, mais au moins d'une égale
dignité ? Nous pensons tous savoir ce qu'est
un roman, mais le savons-nous plus
qu'Euthyphron savait ce qu'est la piété, lorsque Socrate le lui demandait? Et cela
d'autant qu'on
ne peut ignorer la transformation de la forme dite romanesque à
travers l'histoire, de Don Quichotte de Cervantes
au Nouveau roman en passant
par Balzac ou Dickens ?
b) Au rebours de l'opposition communément admise entre l'histoire qui
connaît des
« faits » empiriques et la poésie, dont l'objet est fictif, Aristote allait
jusqu'à affirmer
:
« (l'histoire) raconte les événements qui sont arrivés, (la
poésie) des événements qui pourraient arriver.
Aussi la poésie est-elle plus
philosophique et d'un caractère plus élevé que l'histoire ; car la poésie raconte
plutôt le général, l'histoire le
particulier» (Poétique) -le général pouvant
correspondre ici à ce que Kundera appelle des
« possibilités de vie » ou Dilthey
le« typique», c'est-à-dire cette forme non empiriquement observable, mais dont
une multiplicité de personnages, d'institutions, etc., d'une époque donnée sont
autant d'expressions ou de variations.
Mais il reste toujours à penser ce qui
sépare l'histoire, aussi pétrie de fiction soit-elle, et le roman, aussi
« docte » soit-.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- exposé histoire du roman
- Princesse de Clèves: Le personnage face à l’histoire au XIXe Siècle, en quoi la construction du personnage du roman au fil des siècles nous permet-elle de mieux comprendre le monde ?
- L'Histoire du Roman du XVIIe siècle à nos jours
- Or (l'). La Merveilleuse Histoire du général Johann August Suter. Roman de Blaise Cendrars (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- Histoire comique des États et Empires du Soleil. Roman de Savinien de Cyrano de Bergerac (analyse détaillée)