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l'homme a t'il besoin de l'art ?

Publié le 21/11/2005

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L'objet de luxe est celui dont la présence n'apporte rien qui n'eût pu être apporté par un objet ordinaire et celui dont le retrait provoque une souffrance que l'homme eût pu ne jamais connaître. A cela, l'auteur apporte une raison : la surabondance de la nature. Mais cette surabondance n'est pas celle des dons mais celle du manque : "La nature ne nous donne que trop de besoins". Le thème familier de ROUSSEAU de la surabondance naturelle est ici renversée. La pénurie pour satisfaire les besoins institués est manifeste. La pénurie est source de danger si l'homme cède : "c'est au moins une très haute imprudence de les multiplier sans nécessité". La prudence est chez ÉPICURE fronhsiV : sagesse pratique, calcul des plaisirs. La raison relaie la nature : le corps ne suffit pas pour indiquer par les besoins ce qu'il est nécessaire de satisfaire et ce qu'il est inutile et même dangereux de satisfaire. Il y a un risque : "mettre ainsi son âme dans une plus grande dépendance". L'âme n'est pas dépendante dans le luxe ; elle est dans : "une plus grande dépendance" : elle est dépendante avant le luxe.

L'homme a besoin d'art parce qu'il a besoin des valeurs que celui-ci incarne: le sens du beau, du bien, du sacré, de tout ce qui dépasse l'existence immédiate et animale. Mais, l'art n'est pas un besoin, c'est un luxe inutile (Rousseau, Platon). Divertissement pour les riches oisifs ou échappatoire pour les pauvres, l'art est quelquefois un agrément futile, jamais une nécessité.

« Ici, pas de différence entre l'homme et l'animal.

Et puis l'homme, étant un être doué de raison et de langage,s'est éloigné de son cousin simiesque, a développé les techniques, produit ce que la nature ne produit pas ets'est installé plus confortablement dans la vie.

En plus de l'instinct de survie propre à tout animal, l'hommepossède la capacité d'ajouter du plaisir à ce qu'il fait, à ce qu'il produit.

Mais la fin est toujours matérielle : lebien-être.On peut donc vivre en se contentant de la satisfaction des besoins physiologiques et économiques.

Commentexpliquer alors que l'activité artistique soit l'une des toutes premières manifestations de la culture humaine ?L'animal ne crée pas d'art.

Dire que l'art n'est pas utilitaire, c'est dire qu'il ne sert pas, qu'il n'est paspréoccupé par des intérêts matériels.

Dans une société définie par un consumérisme effréné, par des primes àl'efficacité, quelle est l'utilité de l'art qui ne produit rien de matériellement consommable ? La raison d'être del'art semble d'un autre ordre.

Nous sommes en présence de l'acte gratuit par excellence, désintéressé.

Cettegratuité est-elle inutile ou a-t-elle un sens ? L'art n'est que divertissementComme le faisait déjà remarquer Platon, l'art n'est que mensonge et tromperie.

L'artiste est un illusionniste quidétourne l'homme des préoccupations essentielles. Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintreest « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, ily a trois degrés de réalité. • La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ouIdée.

Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence,constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées au contact del'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etreest l'intelligible ou monde des Idées.

Cette thèse rend compte et de laconnaissance, la réalité est intelligible, objet d'une connaissance, et de l'ordre dumonde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible que nous pouvons leconnaître.• La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalitéest moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.

Les êtres naturelsdoivent leur existence à un Démiurge qui a façonné la matière en contemplant lemonde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter.• La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintrepuisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notrereflet dans le miroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir.Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art commeimitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence,apparence trompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et enaccentue la puissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant desapparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, lesaccroît en retour.

L'homme raisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de lacensure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau auXVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'artn'élève pas l'âme, bien au contraire.

Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abord parce qu'il est,dans la société bourgeoise - société de la comparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -,indissociable d'une mise en scène sociale.

On va au théâtre pour exhiber sa toilette et autres signesextérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir les potins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dansun monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner sur nous-mêmes.

Par exemple nous versons dechaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui et nous restons froids et impassibles lorsquenous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nous avons pu croire à notre bonté naturelle.Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes.Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, àpartir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe enelle-même, elle est une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pasun cheval conforme à l'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour êtrepleinement un Cheval.

Un cheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à saconformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beau cequi est parfait.

Comme la perfection n'est pas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais lacopie exacte et sans défaut du modèle mais toujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle,est celle des Idées.

Est beau ce qui existe pleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

Labeauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

La laideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent,lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beau cheval ou un beau corps d'athlète, leur œuvre, pâleesquisse de la beauté idéale, en est tout de même le reflet.

Le poète inspiré est sorti de la caverne, acontemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.

Ainsi le jugement de Platon sur l'artne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux.. »

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