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L'HOMME CONCRET SES BESOINS ÉCONOMIQUES ET AFFECTIFS - L'ÉMERGENCE DU PROBLÈME MORAL

Publié le 25/06/2012

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Si contradictoires que soient ces deux types d'activité, ils s'appellent et se complètent. Dans un régime économique déterminé les conduites affectives se modifient : il est bien vrai qu'il existe un mariage bourgeois - il n'exclut pas toujours l'amour, mais comporte un grand nombre de préoccupations, même sentimentales, tout à fait étrangères au mariage chez les ouvriers. Et l'oeuvre entier de FouRIER est consacré aux perturbations qu'un système de production et de distribution défectueux apporte à l'exercice des passions. Réciproquement les préférences affectives réagissent sur les conduites économiques: tel qui, d'origine ouvrière, s'est enrichi, restera fidèle aux opinions révolutionnaires de sa famille ...

« 160 CLASSE DE PHILOSOPHIE - II procurer ce qui est nécessaire pour entretenir notre existence, un toit, des vêtements, des aliments, etc.

; les autres ont ceci de particulier qu'elles ne nous procurent rien, mais nous font participer à l'existence d'autrui, soit d'une manière positive, par l'amour sous ses différentes formes, ou d'une manière négative par la haine.

Les premières seront dites économiques, les secondes affectives.

Cette distinction resterait superficielle, qui se limite à caractériser par l'opposition des buts.

Mais la phénoménologie de premier abord suffit à montrer sa valeur : comme le dit M.

Henri DENIS (1 ), les conduites économiques sont des conduites calculées, tandis que les conduites affectives sont des conduites inspirées : ainsi de vendre ou d'acheter des actions, de préparer un examen, de fondre l'acier implique des jugements et sur les résultats, s'enrichir, acquérir une situation, produire pour l'industriel et simplement vivre pour l'ouvrier, et sur les moyens - il s'agit alors de jugements techniques; au contraire, d'aimer sa mère ou sa femme exclut en droit un jugement sur les résultats (l'opinion est sévère pour les mariages d'argent et pour les fils de famille oisifs qui>) comme sur les moyens (la même opinion blâme les « simagrées » et, si elle est souvent pleine de tendresse pour les amoureux, elle se dresse énergiquement contre les séducteurs à froid (2)).

Cela, objectera-t-on, est s'installer d'emblée sur le plan du droit et non des faits et supposer la morale qui est à induire.

En réalité l'opposition de droit est un fait universel dans l'opinion : l'on entre dans la morale en la reconnaissant et en la faisant sienne.

Plus profondément d'ailleurs et en utilisant la terminologie de M.

Gabriel MARCEL, les conduites économiques sont du domaine de l'avoir : c'est de s'approprier quelque chose, soit par les modes juridiques de la propriété, de la possession ou de (1) Henri DENIS, professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Rennes, Introduction aux problèmes économiques, Bibliothèque du Peuple, Presses Univer­ sitaires de France, 1942.

(2) V.

à ce sujet le célèbre roman de Choderlos de LACLOS, Les liaisons dange­ reuses.

La leçon de morale est d'autant plus saisissante que l'auteur a laissé au lecteur le soin de la tirer et qu'il se borne à une exposition épistolaire de faits.

V.

aussi de KIERKEGAARD, Le journal du séducteur.. »

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