L'homme éprouve-t-il le besoin de travailler ?
Publié le 13/02/2005
Extrait du document
«
combler.
Pour Nietzsche, le travail joue un rôle de police qui permet d'occuper l'esprit de l'homme au lieu de le laisser« inactif » et développer quelque idée révolutionnaire du fait de son inactivité.
C'est ce qu'il explique dans Aurore . Ici, le travail est bien un besoin, mais non au sens de l'individu seul, mais « au nom » de la collectivité.
(Attention :un besoin n'est pas « au nom de… »).
« Au nom de l'individu », le travail apparaît comme un besoin dans la mesureoù l'on définit le travail comme une activité rémunérée en fonction de la force physique déplacée - en mouvement -que l'homme a exécuté.
Mais le but du travail n'est-il seulement que rémunération et plus-value ? Non.
L'homme, entransformant la nature, se transforme par la même occasion : il transforme sa nature en ayant recours à des techniques pour exploiter la terre.
Le travail est donc un besoin dans le sens où le travailleur attend sarémunération, un salaire afin de répondre à ses besoins - et désirs ? -, et est un besoin aussi dans la mesure où ilest important pour l'homme de se transformer lui-même.
Le travail permet un travail sur soi. Mais le travail est surtout besoin – un besoin – car il est signe de liberté : c'est ce qu'exprime notamment la ‘‘dialectique de maître et de l'esclave'’ dans la Phénoménologie de l'Esprit , de Hegel.
« Imaginons deux hommes, seuls sur Terre, vivant séparés.
Vient le jour de leur rencontre.
Chacun, habitué à être seule sujet, ne peut supporterl'altérité.
Il s'attache donc à réduire l'autre à l'état d'objet.
Le conflit naît.
A un instant, l'un au bord de la mort,choisit de céder : il sera l'esclave du second.
C'est la première phase du schéma dialectique : l'esclave est chargéde satisfaire tous les désirs de son maître qui abandonne le travail et s'imagine de nouveaux besoins à satisfaire.Seconde partie du schéma dialectique : peu à peu l'esclave progresse, apprend à utiliser la nature et à sediscipliner : il est devenu maître delui-même et, dans une moindre mesure, du monde qui l'entoure.
Son maître, au contraire, a perdu toute aptitude autravail, donc à la survie.
Il est devenu l'esclave de ses besoins, besoins que seul son esclave peu désormaissatisfaire.
En d'autres termes, il est devenu l'esclave de son esclave.
Une synthèse clôture le schéma dialectique :les deux individus sont contraints à s'accepter comme sujets ».
Chacun travaillera, le travail aura un rôle libérateur(d'où un rapprochement avec le travail/besoin), développant la capacité à discipliner ses désirs et à satisfaire sesbesoins.
Il y a un besoin de se reconnaître dans son travail.
La situation inverse-quand l'ouvrier ne se reconnaît pas dans son travail- qui en fait un besoin est elle-même ambiguë car l'hommedépend de son travail pour être libre.
Au même titre que la liberté, le travail est un besoin pour l'homme. En répondant à ses besoins et à ses attentes, l'homme fait du travail un objet de dépendance.
Dès lors, le travail lui-même devient un besoin.
Mais il l'est aussi et enfin car le travail est un moyen d'humanisation. Moyen d'humanisation en effet car le travail permet de faire des échanges : échanges de produits, de marchandises, voire même d'idée.
Avant l'instauration d'une monnaie, l'échange se faisait sous le nom de « troc ».Cet échange commercial, mas aussi de langues ou encore de cultures a permis et permet toujours d'unir leshommes entre eux.
C'est ce que Platon développe dans le deuxième livre de La République.
Et cet apport d'autrui ,« d'autres cités » peut être nécessaire pour chacun.
Mais au sein même des individus, le travail en tant que besoinn'a pas toujours la même place : en effet, pour les Grecs de l'Antiquité, le travail est le fait même des esclaves.L'homme d'action, le politique, le philosophe, eux ne travaillaient pas et leur activité est perçue comme d'autant pluséminente qu'elle est délivrée de cette nécessité.
Ici, le travail s'entend moins au sens de besoin.
Par ailleurs, le travail se distingue de la notion de plaisir : le travail comme besoin ne permet pas de leconfondre avec le jeu ou le loisir, c'est-à-dire des activités désintéressées dont la motivation principale est le plaisirqu'on y trouve.
Justement, en étant un besoin, le travail permet au travailleur de profiter pleinement des instants deplaisir, de loisir et de repos.
Le travail est un besoin car il permet à l'homme de prendre conscience de sa réalité.
Eneffet, autant pour le travail intellectuel que pour le travail manuel, le travail permet à l'homme d'exploiter sescapacités intellectuelles et dès lors de mieux raisonner, ou encore de recourir à ses capacités d'artisan ou d'artiste.De cette manière, l'homme s'épanouit, ce qui apparaît comme une autre forme de besoin.
Si l'homme travaille dès qu'il en a physiquement et mentalement les capacités, c'est avant tout non pas parplaisir, mais parce que le travail est un besoin : il est primordial, tout comme l'est le fait de se nourrir, se loger ou sevêtir, ou permet encore une libération du travailleur dans la reconnaissance de son travail tel quel ou par un salaire..
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