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L'homme est-il comme une machine qui pense ?

Publié le 27/02/2008

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Il s'agirait donc de séparer nettement ce qui relève de la considération scientifique sur l'homme, où ce dernier est effectivement considéré comme objet réagissant, et la considération éthique, qui, si elle se base sur une forme de foi, du moins de conviction, n'en est pas moins nécessaire a l'homme dans son être-avec-autrui. Considérer que l'homme n'est pas une machine relève donc d'une position éthique dont l'abandon signifie la dissolution de l'homme comme être spécifique dans notre représentation du monde comme objet que nous maîtrisons et utilisons.   Or, supposons maintenant que cette distinction nécessairement faite par notre Critique entre les choses comme objets d'expérience et ces mêmes choses comme choses en soi ne fût pas du tout faite, alors, le principe de causalité, et, par conséquent, le mécanisme naturel dans la détermination des choses, devrait s'étendre absolument à toutes les choses en général considérées comme causes efficientes. Du même être, par conséquent, par exemple de l'âme humaine, je ne pourrais pas dire que sa volonté est libre et qu'elle est en même temps soumise à la nécessité physique, c'est-à-dire qu'elle n'est pas libre, sans tomber dans une contradiction manifeste, puisque, dans ces deux propositions, j'ai pris l'âme dans le même sens, c'est-à-dire comme une chose en général (comme une chose en soi), et que, sans une critique préalable, je ne peux pas la prendre dans un autre sens. Mais si la Critique ne s'est pas trompée en nous apprenant à prendre l'objet (Object) dans deux sens, c'est-à-dire comme phénomène et comme chose en soi; si sa déduction des concepts de l'entendement est exacte, si, par conséquent aussi le principe de causalité ne s'applique qu'aux choses prises dans le premier sens, c'est-à-dire en tant qu'elles sont des objets d'expérience, tandis que, dans le second sens, ces choses ne lui sont pas soumises; alors la même volonté dans l'ordre des phénomènes (des actions visibles) peut être pensée comme nécessairement soumise aux lois de la nature, et, sous ce rapport, comme n'étant pas libre, - et pourtant, d'autre part, en tant qu'appartenant à une chose en soi, comme échappant à cette loi naturelle, et par conséquent comme libre, sans qu'il y ait ici contradiction. Or, quoique je ne puisse connaître mon âme, envisagée sous ce dernier point de vue, par la raison spéculative (encore moins par une observation empirique), ni, par conséquent, la liberté comme la propriété d'un être auquel j'attribue des effets dans le monde sensible, parce qu'il me faudrait connaître, d'une manière déterminée, un tel être dans son existence et non cependant dans le temps (ce qui est impossible, parce que je ne puis étayer mon concept sur aucune intuition), je puis pourtant penser la liberté, c'est-à-dire que la représentation de cette liberté ne renferme du moins en moi aucune contradiction, si l'on admet notre distinction critique des deux modes de représentation (mode sensible et mode intellectuel) et la limitation qui en découle relativement aux concepts purs de l'entendement, par conséquent aussi relativement aux principes qui dérivent de ces concepts. Or, supposé que la morale implique nécessairement la liberté (au sens le plus strict), comme une propriété de notre volonté, puisqu'elle pose a priori comme des données de la raison des principes pratiques qui ont leur origine dans cette même raison et qui seraient absolument impossibles sans la supposition de la liberté; mais que la raison spéculative ait démontré que cette liberté ne se laisse nullement concevoir, il faut nécessairement que la première de ces suppositions - la supposition morale - fasse place à celle dont le contraire renferme une contradiction manifeste; par conséquent, la liberté et, avec elle, la moralité (dont le contraire ne renferme aucune contradiction, quand on ne suppose pas au préalable la liberté) doivent céder la place au mécanisme de la nature. Mais, comme, au point de vue de la morale, j'ai seulement besoin que la liberté ne soit pas contradictoire en elle-même, et qu'ainsi, du moins, elle se laisse concevoir sans qu'il soit nécessaire de l'examiner plus à fond, que, par suite, elle ne mette aucun obstacle au mécanisme naturel du même acte (envisagé sous un autre rapport), ainsi la doctrine de la moralité garde sa position et la physique aussi la sienne. Or, cela n'aurait pas lieu, si la Critique ne nous avait pas instruits auparavant de notre inévitable ignorance par rapport aux choses en soi et si elle n'avait pas limité à de simples phénomènes tout ce que nous pouvons connaître théoriquement. La même illustration de l'utilité positive des principes critiques de la raison pure se montrerait si nous envisagions le concept de Dieu et celui de la nature simple de notre âme, mais je n'y insiste pas pour être court.

« conception.

L'expérience de la considération de l'autre, de sa reconnaissance en tant que sujet vientapporter ici un exemple essentiel.

Je peux considérer l'autre comme un objet de ma représentation quiréagit à des mécanismes déterminés.

Mais la sensation de ma propre souffrance, de ma joie ou de celled'autrui semble apporter à la thèse rationnelle du mécanisme appliquée à l'homme une réfutation qui, sielle n'est pas rationnelle, n'en a pas moins sa propre force pratique et sa propre nécessité, non passcientifique mais éthique. 1) La conception mécaniste de la nature interprète les phénomènes d'après le modèle de la machine comme ensemble entièrement déterminé par des relations nécessaires causées par uneimpulsion initiale.

L'homme, considère comme un corps en mouvement, peut être réduitscientifiquement à une telle conception, qui refuse l'idée d'une opération en l'homme de forcesimmatérielles et d'une liberté le caractérisant. S'il fallait définir la vie d'un seul mot, qui, en exprimant bien ma pensée, mit en relief le seulcaractère qui, suivant moi, distingue nettement la science biologique, je dirais: la vie, c'est lacréation.

En effet, l'organisme créé est une machine qui fonctionne nécessairement en vertu des propriétés physico-chimiques de ses éléments constituants.

Nous distinguons aujourd'hui trois ordresde propriétés manifestées dans les phénomènes des êtres vivants: propriétés physiques, propriétéschimiques et propriétés vitales.

Cette dernière dénomination de propriété vitale n'est, elle-même, que provisoire; car nous appelons vitales les propriétés organiques que nous n'avons encore puréduire à des considérations physico-chimiques; mais il n'est pas douteux qu'on y arrivera un jour.

Desorte que ce qui caractérise la machine vivante, ce n'est pas la nature de ses propriétés physico-chimiques, si complexes qu'elles soient, mais bien la création d'une machine qui se développe sous nosyeux dans les conditions qui lui sont propres et d'après une idée définie qui exprime la nature de l'êtrevivant et l'essence même de la vie.

Claude BERNARD, Introduction à l'étude de la Médecineexpérimentale . 2) Cependant, la conception mécaniste appliquée à l'homme peine à penser la différence de ce dernier parmi les étants, qui est d'avoir conscience de ses propres réactions.

La pensée, si elle estpeut être réductible à des réactions physico-chimiques est ainsi ce qui caractérise l'homme parmitous les étants, à travers notamment sa capacité constante à s'adapter a son environnement. Et je m'étais ici particulièrement arrêté à faire voir que, s'il y avait de telles machines, qui eussent lesorganes et le figure d'un singe, ou de quelque autre animal sans raison, nous n'aurions aucun moyenpour reconnaître qu'elles ne seraient pas en tout de même nature que ces animaux ; au lieu que, s'il yen avait qui eussent la ressemblance de nos corps et imitassent autant nos actions que moralement ilserait possible, nous aurions toujours deux moyens très certains pour reconnaître qu'elles ne seraientpoint pour cela de vrais hommes.

Dont le premier est que jamais elles ne pourraient user de paroles, nid'autres signes en les composant, comme nous faisons pour déclarer aux autres nos pensées.

Car onpeut bien concevoir qu'une machine soit tellement faite qu'elle profère des paroles, et même qu'elle enprofère quelques unes à propos des actions corporelles qui causeront quelque changement en sesorganes : comme, si on la touche ne quelque endroit, qu'elle demande ce qu'on lui veut dire ; si en unautre, qu'elle crie qu'on lui fait mal, et choses semblables ; mais non pas qu'elle les arrangediversement, pour répondre au sens de tout ce qui se dira en sa présence, ainsi que les hommes lesplus hébétés peuvent faire.

Et le second est que, bien qu'elles fissent plusieurs choses aussi bien, oupeut-être mieux qu'aucun de nous, elles manqueraient infailliblement en quelques autres, par lesquelleson découvrirait qu'elles n'agiraient pas par connaissance, mais seulement par la disposition de leursorganes.

Car, au lieu que la raison est un instrument universel, qui peut servir en toutes sortes derencontres, ces organes ont besoin de quelque particulière disposition pour chaque action particulière ;d'où vient qu'il est moralement impossible qu'il y en ait assez de divers en une machine pour la faire agiren toutes les occurrences de la vie, de même façon que notre raison nous fait agir.

Descartes Au contraire, dans une société humaine, la fabrication et l'action sont de forme variable, et, de plus,chaque individu doit apprendre son rôle, n'y étant pas prédestiné par sa structure.

Il faut donc unlangage qui permette, à tout instant, de passer de ce qu'on sait à ce qu'on ignore.

Il faut un langagedont les signes - qui ne peuvent pas être en nombre infini - soient extensibles à une infinité de choses.Cette tendance du signe à se transporter d'un objet à un autre est caractéristique du langage humain.On l'observe chez le petit enfant, du jour où il commence à parler.

Tout de suite, et naturellement, ilétend le sens des mots qu'il apprend, profitant du rapprochement le plus accidentel ou de la pluslointaine analogie pour détacher et transporter ailleurs le signe qu'on avait attaché devant lui à un objet.. »

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