L'homme est-il comme une machine qui pense ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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conception.
L'expérience de la considération de l'autre, de sa reconnaissance en tant que sujet vientapporter ici un exemple essentiel.
Je peux considérer l'autre comme un objet de ma représentation quiréagit à des mécanismes déterminés.
Mais la sensation de ma propre souffrance, de ma joie ou de celled'autrui semble apporter à la thèse rationnelle du mécanisme appliquée à l'homme une réfutation qui, sielle n'est pas rationnelle, n'en a pas moins sa propre force pratique et sa propre nécessité, non passcientifique mais éthique.
1) La conception mécaniste de la nature interprète les phénomènes d'après le modèle de la machine comme ensemble entièrement déterminé par des relations nécessaires causées par uneimpulsion initiale.
L'homme, considère comme un corps en mouvement, peut être réduitscientifiquement à une telle conception, qui refuse l'idée d'une opération en l'homme de forcesimmatérielles et d'une liberté le caractérisant.
S'il fallait définir la vie d'un seul mot, qui, en exprimant bien ma pensée, mit en relief le seulcaractère qui, suivant moi, distingue nettement la science biologique, je dirais: la vie, c'est lacréation.
En effet, l'organisme créé est une machine qui fonctionne nécessairement en vertu des propriétés physico-chimiques de ses éléments constituants.
Nous distinguons aujourd'hui trois ordresde propriétés manifestées dans les phénomènes des êtres vivants: propriétés physiques, propriétéschimiques et propriétés vitales.
Cette dernière dénomination de propriété vitale n'est, elle-même, que provisoire; car nous appelons vitales les propriétés organiques que nous n'avons encore puréduire à des considérations physico-chimiques; mais il n'est pas douteux qu'on y arrivera un jour.
Desorte que ce qui caractérise la machine vivante, ce n'est pas la nature de ses propriétés physico-chimiques, si complexes qu'elles soient, mais bien la création d'une machine qui se développe sous nosyeux dans les conditions qui lui sont propres et d'après une idée définie qui exprime la nature de l'êtrevivant et l'essence même de la vie.
Claude BERNARD, Introduction à l'étude de la Médecineexpérimentale .
2) Cependant, la conception mécaniste appliquée à l'homme peine à penser la différence de ce dernier parmi les étants, qui est d'avoir conscience de ses propres réactions.
La pensée, si elle estpeut être réductible à des réactions physico-chimiques est ainsi ce qui caractérise l'homme parmitous les étants, à travers notamment sa capacité constante à s'adapter a son environnement.
Et je m'étais ici particulièrement arrêté à faire voir que, s'il y avait de telles machines, qui eussent lesorganes et le figure d'un singe, ou de quelque autre animal sans raison, nous n'aurions aucun moyenpour reconnaître qu'elles ne seraient pas en tout de même nature que ces animaux ; au lieu que, s'il yen avait qui eussent la ressemblance de nos corps et imitassent autant nos actions que moralement ilserait possible, nous aurions toujours deux moyens très certains pour reconnaître qu'elles ne seraientpoint pour cela de vrais hommes.
Dont le premier est que jamais elles ne pourraient user de paroles, nid'autres signes en les composant, comme nous faisons pour déclarer aux autres nos pensées.
Car onpeut bien concevoir qu'une machine soit tellement faite qu'elle profère des paroles, et même qu'elle enprofère quelques unes à propos des actions corporelles qui causeront quelque changement en sesorganes : comme, si on la touche ne quelque endroit, qu'elle demande ce qu'on lui veut dire ; si en unautre, qu'elle crie qu'on lui fait mal, et choses semblables ; mais non pas qu'elle les arrangediversement, pour répondre au sens de tout ce qui se dira en sa présence, ainsi que les hommes lesplus hébétés peuvent faire.
Et le second est que, bien qu'elles fissent plusieurs choses aussi bien, oupeut-être mieux qu'aucun de nous, elles manqueraient infailliblement en quelques autres, par lesquelleson découvrirait qu'elles n'agiraient pas par connaissance, mais seulement par la disposition de leursorganes.
Car, au lieu que la raison est un instrument universel, qui peut servir en toutes sortes derencontres, ces organes ont besoin de quelque particulière disposition pour chaque action particulière ;d'où vient qu'il est moralement impossible qu'il y en ait assez de divers en une machine pour la faire agiren toutes les occurrences de la vie, de même façon que notre raison nous fait agir.
Descartes
Au contraire, dans une société humaine, la fabrication et l'action sont de forme variable, et, de plus,chaque individu doit apprendre son rôle, n'y étant pas prédestiné par sa structure.
Il faut donc unlangage qui permette, à tout instant, de passer de ce qu'on sait à ce qu'on ignore.
Il faut un langagedont les signes - qui ne peuvent pas être en nombre infini - soient extensibles à une infinité de choses.Cette tendance du signe à se transporter d'un objet à un autre est caractéristique du langage humain.On l'observe chez le petit enfant, du jour où il commence à parler.
Tout de suite, et naturellement, ilétend le sens des mots qu'il apprend, profitant du rapprochement le plus accidentel ou de la pluslointaine analogie pour détacher et transporter ailleurs le signe qu'on avait attaché devant lui à un objet..
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