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L'HOMME PEUT-IL SE CONTENTER DE VIVRE EN PAIX ?

Publié le 15/03/2004

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·         En effet, la paix n'est pas le souverain bien, mais le bonheur si. Le souverain bien correspond à la plus finale des finalités : c'est cette fin en soi qu'on ne recherche qu'en vue d'elle-même et en vue de rien d'autre. Or si l'on cherche la paix pour atteindre le bonheur, l'inverse n'est pas vrai : la paix est une condition du bonheur et non pas une fin en elle-même. ·         On comprend alors que l'homme ne doit pas se contenter de vivre en paix en ce sens que cette dernière ne suffit pas à réaliser pleinement son désir d'être heureux. ·         Vivre dans la paix, quand cette dernière est assurée, ne suffit donc pas à combler les exigences de la vie humaine qui exige en réalité, à titre de fin idéal, le bonheur. Le but de l'existence humaine ne doit donc pas être la paix (mais elle doit rester une condition nécessaire voulue à titre de moyen d'être heureux), mais le bonheur en ce sens qu'il n'y a pas de finalité plus finale : le bonheur est en effet le souverain bien et ce vers quoi tend asymptotiquement l'existence de l'homme. (Aristote, Ethique à Nicomaque, Livre I) ·         En ce sens, se contenter de vivre en paix, surtout s'il s'agit d'une paix qui se suffit à elle-même, limite non seulement les implications existentielles vers lesquelles tend tout homme, mais peut encore être dangereuse.   III-       Une paix vigilante et armée comme condition de toutes les possibilités humaines et origines de toute autre satisfaction   ·         Cependant, il faut à présent s'interroger sur la nature de cette paix : car en effet, si l'homme se contente de vivre en paix, alors cette dernière, par voie de conséquence, semble se suffire à elle-même. Or, une paix qui se suffit à elle-même est une paix morne, léthargique et dangereuse pour l'homme et, a fortiori pour son mouvement asymptotique vers le souverain bien qu'est le bonheur. ·         L'homme ne doit pas se contenter de vivre en paix, et ce au sens moral du terme : il s'agit là d'un impératif catégorique.

« condition nécessaire mais non suffisante au contentement de l'homme, au sens de satisfaction ? La paix est-elledonc le souverain bien, c'est-à-dire la fin de toute activité humaine de sorte qu'elle corresponde à la plénitude d'unevie accomplie ? C'est ainsi le statut mais aussi l'essence de la paix qui sont ici mis à la question.

A quelle condition lapaix peut-elle être suffisante à la vie d'un homme, et des hommes en général ? Plan I- La paix ou le souverain bien : une condition nécessaire · La paix advient au monde comme une exigence, et en ce sens elle est une condition nécessaire pour que l'homme puisse jouir pleinement de sa vie. · La guerre, notamment au regard des rivalités constitutives des relations entre individus d'un même Etat mais aussi entre Etats eux-mêmes, fait partie des réalités humaines, et estinscrite en l'homme comme un risque.

Or, et avec Hobbes, on comprend que la naissancede l'Etat vient avec cette volonté de juguler et de se prémunir ce risque de la guerre.L'Etat, en s'instituant, est là pour préserver la paix à la fois civile et extérieure.

En ce sens,on peut affirmer que la paix est une exigence du politique : il se doit d'assurer à ces sujetsune vie de paix précisément parce que c'est pour cette paix que chaque individu à remis sasouveraineté dans les mains de l'Etat. · La paix est alors le critère distinctif entre l'homme social et civilisé et l'homme naturel et animal.

On comprend alors que la paix est une condition nécessaire pour que l'hommepuisse non seulement vivre, mais aussi et surtout vivre pleinement sa vie d'homme en sedistinguant de son état primitif. · L'état de paix garantit à l'homme sa sécurité et donc le préserve de l'inquiétude.

La paix est donc la clé de la prospérité dans les échanges humains, tant commerciaux quepurement désintéressés, en cela qu'elle sécurise, en l'inscrivant dans le droit, les relationsentre les hommes, autrefois des loups pour les autres (selon une formule consacrée deHobbes dans le Léviathan). · On comprend en ce sens, du politique notamment, que la paix est suffisante à la vie de l'homme : en cela on pourrait dire qu'elle en est le souverain bien, ce que les hommesrecherchent absolument comme fin en soi.

Il semble, en effet, qu'il faille donc vouloir la paixcomme souverain bien, autrement dit comme fin en soi et non pas comme moyen d'autrechose, comme la subsistance ou la reconnaissance par exemple.

C'est alors essentiellementpar la médiation du droit qu'une telle paix peut et doit être instituée, sur le plan national(par le droit civil), puis surtout entre les États-nations (par le droit des gens ouinternational) mais aussi entre les individus et les États (par le droit cosmopolitique).(Kant ) La raison (...) énonce en nous son veto irrésistible : Il ne doit y avoiraucune guerre ; ni celle entre toi et moi dans l'état de nature, ni celleentre nous en tant qu'États, qui bien qu'ils se trouvent intérieurementdans un état légal, sont cependant extérieurement (dans leur rapportréciproque) dans un état dépourvu de lois - car ce n'est pas ainsi quechacun doit chercher son droit.

Aussi la question n'est plus de savoir sila paix perpétuelle est quelque chose de réel ou si ce n'est qu'unechimère et si nous ne nous trompons pas dans notre jugementthéorique, quand nous admettons le premier cas, mais nous devonsagir comme si la chose qui peut-être ne sera pas devait être, et en vuede sa fondation établir la constitution (...) qui nous semble la pluscapable d'y mener et de mettre fin à la conduite de la guerredépourvue de salut vers laquelle tous les États sans exception ontjusqu'à maintenant dirigé leurs préparatifs intérieurs, comme vers leurfin suprême.

Et si notre fin, en ce qui concerne sa réalisation, demeuretoujours un vœu pieux, nous ne nous trompons certainement pas enadmettant la maxime d'y travailler sans relâche, puisqu'elle est undevoir. Emmanuel Kant, Métaphysique des mœurs, Première partie : Doctrinedu droit. L'analyse de Kant repose sur l'opposition du fait et du devoir, de la théorie et de la pratique.Elle fait valoir que la paix est l'horizon de l'histoire : les conflits armés que l'on observe ne doivent en aucun casnous conduire à renoncer à cet idéal.Dès lors, cet idéal apparaît comme ce qui doit guider de façon inconditionnelle nos choix et nos actions, etdéterminer sur le plan politique la constitution la plus conforme à cette fin suprême.. »

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