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l'homme raisonnable peut-il être heureux ?

Publié le 24/11/2005

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. La raison, parce qu'elle tourne vers l'avenir, ne prive-t-elle pas l'homme de toute possibilité de bonheur ? On ne peut être heureux qu'au présent. Penser ne serait pas panser et apaiser mais inquiéter et tourmenter. Il semble manquer à l'homme qui raisonne l'assurance et l'insouciance qui caractérisent les moments de bonheur. Si donc la raison peut aider au bonheur, c'est peut-être en conseillant de ne pas trop raisonner. Là serait la véritable sagesse."Mais souvent la passion nous fait croire certaines choses beaucoup meilleures et plus désirables qu'elles ne sont; puis, quand nous avons pris bien de la peine à les acquérir, et perdu cependant l'occasion de posséder d'autres biens plus véritables, la jouissance 1 nous en fait connaître les défauts, et de là viennent les dédains, les regrets et les repentirs. C'est pourquoi le vrai office de la raison est d'examiner la juste valeur de tous les biens dont l'acquisition semble dépendre en quelque façon de notre conduite, afin que nous ne manquions jamais d'employer tous nos soins à tâcher de nous procurer ceux qui sont, en effet, les plus désirables; en quoi, si la fortune s'oppose à nos desseins et les empêche de réussir, nous aurons au moins la satisfaction de n'avoir rien perdu par notre faute." DESCARTES.Questions► 1.

« sont conformes à la raison.

Le malheur de l'homme tient à ce qu'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'iln'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien.

Entre la loi et lui (cad sonvouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs.Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques.

A chaque fois, ils'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant laquestion de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonne ou non.

Ou bien cette action est bonne comme unmoyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelle est déterminé l'action)est un impératif hypothétique.

Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire parelle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique.Le détour par cette grille conceptuelle est nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans le systèmede KANT.

Il faut savoir aussi que KANT distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il appelle «problématiques » (se rapportant à une fin seulement possible) et ceux qu'il appelle « assertorique » (se rapportant àune fin réelle).

En effet ,il dit : « Il y a une fin que l'on peut supposer réelle chez tous les êtres raisonnables, [...] unbut qui n'est pas pour eux une simple possibilité, mais dont on peut certainement admettre que tous se le proposenteffectivement en vertu d'une nécessité naturelle, et ce but est le bonheur.

L'impératif hypothétique qui représentela nécessité pratique de l'action comme moyen d'arriver au bonheur est ASSERTORIQUE.

»L'impératif qui commande les actions à accomplir pour atteindre le bonheur n'est pas un impératif catégorique, maisseulement un impératif hypothétique : « L'impératif qui se rapporte au choix des moyens en vue de notre bonheurpropre, cad la prescription de la prudence, n'est toujours qu'hypothétique ; l'action est commandée, non pasabsolument, mais seulement comme moyen pour un autre but.

»Mais il y a un impératif qui ne se propose pas comme condition un autre but à atteindre.

Un impératif qui concerne «non la matière de l'action, ni ce qui doit en résulter, mais la forme et le principe ».

Cet impératif est catégorique.

«Cet impératif peut être nommé « l'impératif de la MORALITÉ.

»Ainsi, selon KANT, y a-t-il à distinguer entre bonheur et moralité.

Alors que la moralité est tout entière tournée versle rationnel et l'universel, le bonheur est de l'ordre de l'empirique et du particulier : « malgré le désir qu'a tout hommed'arriver à être heureux, personne ne peut dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et ilveut.

»Et de se moquer longuement des alternatives où il est impossible de trancher.

L'homme veut la richesse ? Mais quede soucis, d'envies, de pièges cela ne va-t-il pas provoquer ! L'homme veut la connaissance ? Cela risque de luidonner une vue plus claire des maux qui le menacent ! L'homme veut une longue vie ? Ne sera-ce pas un cortège delongues souffrances ? L'homme veut la santé ? Ne va-t-il pas en user pour se livrer à des excès ? « Bref il estincapable de déterminer, avec une entière certitude, d'après quelque principe, ce qui le rendrait heureux.

» Certesdes conseils empiriques sont toujours bons à recevoir : un régime alimentaire, l'économie, la politesse, la réserve, «toutes choses qui, selon les enseignements de l'expérience, contribuent en thèse générale pour la plus grande partau bien-être » Mais lorsqu'il s'agit de la moralité, son impératif catégorique (qui ne concerne que la forme de sonaction) ne saurait relever de suppositions empiriques, ou même s'appuyer sur des exemples.

La moralité ne renvoiepas à l'inclination, à la subjectivité, à la particularité ; elle ne distribue pas de conseils, elle énonce descommandements, elle dit la loi : « Il n'y a que la loi qui entraîne avec soi le concept d'une nécessité inconditionnée,véritablement objective, par suite d'une nécessité universellement valable, et les commandements sont des loisauxquelles il faut obéir, cad se conformer même à l'encontre de l'inclination.

»Mais il y a pourtant selon KANT un lien entre bonheur et moralité.

Ce qu'il y a d'acquis, certes, c'est que le bonheur(qui peut se définir comme la satisfaction de toutes nos inclinations) n'est pas le critère de la moralité, car, marquépar l'empirisme et non la rationalité, il n'est pas capable de fournir le principe d'une législation.

Mais cependant, si laloi pratique qui a pour mobile le bonheur est une loi « pragmatique », une règle de prudence, la loi morale n'a d'autremobile que de mériter le bonheur...

Laissons, pour terminer la parole à KANT dans la « Critique de la raison pure » : «A la question « Que dois-je faire ? », voici la réponse : « Fais ce qui te rend digne d'être heureux » ; à la question «Que m'est-il permis d'espérer ? », il faut répondre : il est nécessaire de supposer que « Chacun a un sujet d'espérerle bonheur dans l'exacte mesure où il s'en est rendu digne par sa conduite ».

Il s'ensuit que le système de lamoralité est inséparablement lié à celui du bonheur, mais uniquement dans l'idée de la raison pure.

»Mais le bonheur n'est pas ce qui est premier ; ce qui doit l'être, c'est de nous mettre d'abord, dans nos actions, enaccord avec la loi morale.

C'est cet accord qui nous donnera « le mérite qui rend digne du bonheur ». KANT a sans douter raison de souligner que le bonheur est un idéal de l'imagination et que si tous les hommessouhaitent y parvenir, ils ne peuvent cependant dire de manière déterminée et cohérente ce qu'ils veulent.

Resteque, pour KANT, la recherche du bonheur est seconde par rapport à la loi morale qui commande impérativement etqu'elle n'a de valeur que lorsqu'elle est un devoir, cad lorsque l'homme a définitivement perdu tout espoir d'êtreheureux. « La morale n'est pas à proprement parler une doctrine qui nous apprenne comment nous rendre heureux, maisseulement comment nous devons nous rendre dignes du bonheur.

C'est seulement lorsque la religion s'y ajoute quenous pouvons espérer participer au bonheur en proportion des efforts que nous aurons faits pour n'en pas êtreindignes. On est digne de posséder une chose, ou un certain état, quand le fait même de cette possession s'accorde avecle souverain bien.

On voit dès lors aisément que la seule chose qui nous donne de la dignité, c'est la conduitemorale, puisque dans le concept du souverain bien elle est la condition du reste (de ce qui se rapporte à l'état dela personne), c'est-à-dire de la participation au bonheur.

Or il suit de là qu'il ne faut jamais traiter la moralecomme une doctrine du bonheur, c'est-à-dire comme une doctrine qui nous enseignerait à être heureux, car ellene doit s'occuper que de la condition rationnelle (conditio sine qua non) du bonheur, et non du moyen de. »

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