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l'homme recherche-t-il la vérité par simple curiosité ?

Publié le 24/11/2005

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Mais une telle cause (l'étonnement) peut avoir des conséquences radicalement opposées. En effet, les philosophes présocratiques se trouvent traditionnellement caractérisés, outre leur aspect de physiologues, par leur polymathie. Experts en toute chose, ils aspirent à l'universel par sommation de la multiplicité (Pythagore). Cette entreprise devient chez Platon un trait distinctif de l'attitude du sophiste, et se trouve dévaluée parce que sans intérêt pour le vrai non mercantile et profitable financièrement. Ainsi, la curiosité ne peut être la seule motivation de la recherche (honnête) de la vérité, car laissée à elle-même elle conduit à l'anarchie tyrannique de l'opinion intéressée. Alors et afin d'être maîtrisée, la curiosité exige l'instrument de la méthode propre à la philosophie que sont le concept et la dialectique (Phédon). D'une telle mise en forme méthodologique de la vérité, Descartes est un héritier direct. Avec Descartes, la recherche de la vérité s'effectue indépendamment de tout intérêt et de toute prise en compte des conséquences pratiques (c'est-à-dire également morales). Désintérêt et autotélisme de la recherche (être à soi-même sa propre fin est distinctif de la philosophie dès Aristote) seraient-ils symptomatiques de la pure curiosité ? Mais l'entreprise rationnelle cartésienne n'est pas neutre.

Le thème de cet énoncé porte sur la recherche humaine de la vérité. Celle-ci est interrogée en vue d’en connaître tant la cause efficiente que la cause finale, c’est-à-dire qu’il s’agit de penser les motivations de la recherche de la vérité en termes d’origine et de finalité – ceci est permis par l’emploi de la préposition “ par ” signifiant tant le moyen et que le but escompté comme réalisation du moyen (le “ par ” devenant dès lors “ pour ”).

Cette dichotomie dans l’acception de la préposition est redoublée par l’ambiguïté ici caractéristique de la notion de “ curiosité ”. En effet, dans un tel contexte (celui de la recherche de la vérité interrogée relativement à ses cause et fin), la curiosité peut tout autant signifier l’indifférence que le désintérêt. Distinguer deux sens possibles de la notion de curiosité conduit à constituer une opposition double structurant le problème même de l’énoncé : opposition entre figures de chercheurs (de la vérité) ainsi qu’entre natures propres de la vérité. Les figures de chercheurs opposées reproduisent le clivage platonico-aristotélicien du sophiste et du philosophe, tandis que les natures opposées de la vérité sont à penser en termes de finalité en soi (vérité désintéressée étant à elle-même sa propre fin) et vérité ‘spirituelle’ (au sens foucaldien impliquant une transformation rétroactive du sujet-chercheur par la vérité découverte).

En conséquence de la position et de l’explicitation du problème majeur de l’énoncé, deux enjeux cardinaux peuvent constituer l’armature du propos à développer : premièrement, et à l’aide des instruments herméneutiques nietzschéens (le soupçon), questionner la possibilité de l’existence et le sens de la pure curiosité (dans le cadre de la recherche de la vérité) ; puis, dans un second mouvement, tenter une détermination du caractère propre  la recherche authentique, c’est-à-dire (peut-être) l’unique possible, de la vérité.

 

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