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L'idée de Dieu

Publié le 14/04/2004

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dieu

Mais pour eux il ne faut pas distinguer Dieu du monde. Pour eux, c'est blasphémer que de croire à un Dieu créateur, car Dieu est infini, il n'a pas pu créer un monde extérieur à lui puisque par définition on ne peut rien ajouter à l'infini. Si Dieu avait créé quelque chose à l'extérieur de lui-même, il n'aurait pas été lui-même la Totalité, l'absolue infinité. L'univers est donc en Dieu, non hors de lui : Dieu est immanent à l'Univers. Tel est le panthéisme de Spinoza. Les êtres finis ne sont pas les créatures de Dieu, mais des parties de Dieu, des «modes finis de la substance infinie «. Dieu ou la Nature (Deus sive Natura) c'est la substance infinie qui a une infinité. d'attributs dont nous ne connaissons que deux : l'Étendue et la Pensée. Dieu c'est-à-dire la nature. Deus sive natura.

Si, dans la nature, l'esprit paraît séparé de lui-même, et semble ne pouvoir parvenir à se poser à titre de totalité, ne peut-on attribuer cet échec apparent à l'insuffisance de notre connaissance, à la limitation de notre point de vue? Certains voient en effet dans l'ordre de la nature le signe de l'esprit qui la gouvernerait entièrement, déclarent que l'existence du monde est issue de l'esprit, soutiennent enfin que l'esprit est réalité suprême, unique, infinie. Ainsi, la pensée s'élève à Dieu, affirme que les valeurs que pose l'esprit sont fondées dans l'être. Mais Dieu ne saurait, à strictement parler, être prouvé. Seule est donnée la nature, où l'esprit doit lutter, peut craindre des défaites. Par la croyance en Dieu, l'esprit prétend qu'il parviendra un jour à se rejoindre lui-même, et qu'il sera totalité. Mais il sort ainsi du monde donné, Il suppose un autre monde. Dieu est objet de foi, et non de connaissance.

dieu

« « N'avez-vous pas entendu parler de cet homme insensé qui, ayant allumé une lanterne en plein midi, courait sur laplace du marché, criant sans cesse : Je cherche Dieu Je cherche Dieu! - Et comme là-bas se trouvaientprécisément assemblés beaucoup de ceux qui ne croyaient pas en Dieu, il provoqua une grande hilarité.

L'a-t-onperdu ? dit l'un.

S'est-il égaré comme un enfant ? dit un autre.

Ou bien se cache-t-il quelque part ? A-t-il peur denous ? S'est-il embarqué ? A-t-il émigré ? L'insensé se précipita au milieu d'eux et les perça de ses regards.

Où estallé Dieu ? cria-t-il, je vais vous le dire! Nous l'avons tué - vous et moi! Nous sommes tous ses assassins ! »Nietzsche est convaincu que l'humanité est arrivée au seuil d'une nouvelle période que l'on pourrait qualifier denihiliste et qui se caractérise par l'apparition d'immoralistes, de libres penseurs qui vivent en marge de la religion,mais aussi et surtout par une irréligiosité pratique chez une majorité d'hommes - irréligiosité induites par la viemoderne et l'habitude du travail qui a détruit de génération en génération « l'instinct religieux ». Au siècle du « positivisme » scientifique, de l'industrialisation et des révolutions politiques, la croyance au Dieuchrétien est tombée en discrédit.

« Dieu est mort », c'est d'abord un fait, une évidence.

Tant que valait lechristianisme, l'homme savait pourquoi il était là, il pouvait donner un sens à sa souffrance, combler le vide, « laporte se fermait à un nihilisme suicidaire ».

Certes, tout cela s'accompagnait d'un renoncement à la vie, mais ce«nihilisme passif » restait une volonté, car « l'homme préfère le néant à ne rien vouloir ».

Dieu mort, la fameusequestion de Schopenhauer: « L'existence a-t-elle un sens ? », prend toute sa force.

Et il insensé, dans « Le Gaisavoir », de s'écrier: «Comment avons-nous pu vider la mer ? Qui nous a donné l'éponge pour effacer l'horizon toutentier ? Qu'avons-nous fait, à désenchaîner cette terre de son soleil ? »La mort de Dieu, c'est la disparition de la « mer » et du « soleil », de l'horizon tout entier.

Et en ce siècle de « vide »ou de « néant infini », toute l'ingéniosité des hommes consiste à découvrir l'ivresse dans la musique, l'enthousiasmeaveugle pour des hommes singuliers ou des événements ; ou bien, plus modestement, dans le travail sans relâche, lesacrifice de soi à la science ou à un parti politique.

En fait, au lieu de croire en Dieu, on ne croit provisoirement enrien.

Alors, pourquoi Nietzsche présente-t-il la mort de Dieu comme un événement joyeux, comme un événementénorme, sans précédent dans l'histoire des hommes.

C'est un événement joyeux, parce que c'est la fin de lacroyance en un monde transcendant au nôtre, la fin du dualisme, c'est-à-dire de l'opposition entre l'ici-bas et l'au-delà, entre l'âme et le corps.

C'est donc la fin de toute une culture négatrice, nihiliste, qui dévalons ait ce monde, lecorps, la vie.

C'est la fin de la « moraline » judéo-chrétienne, du ressentiment, de l'esprit de vengeance, de cescontraintes qui écrasaient les hommes.

C'est précisément tout ce qui s'oppose à L'affirmation de la vie et queNietzsche veut détruire qui est en train de perdre son importance, qui a déjà pris fin, d'une certaine ère.

La mort deDieu est bien un affranchissement de l'homme qui était assujetti à un au-delà.

Et le philosophe y voit, non pas uneraison de s'attrister ou de s'assombrir, mais au contraire « un nouveau genre de lumière », « un bonheur », « unsoulagement », « une nouvelle gaieté », « un encouragement ».

C'est ce qu'on découvre au livre cinquième du « Gaisavoir »:« C'est un fait, nous autres philosophes et "esprits libres", à la nouvelle que "le vieux Dieu" est mort, nous noussentons comme touchés par la lumière d'une nouvelle aurore : notre cœur déborde de gratitude, d'étonnement, depressentiment, d'attente - voici l'horizon redevenu libre...

»Mais la mort de Dieu, ce n'est pas seulement la mort du Dieu chrétien et moral, mais de tous les dieux.

Cetévénement est énorme car il ouvre une nouvelle phase de l'histoire de l'homme, celle du « surhomme ». Qu'est-ce que le Surhomme ? Le Surhomme est une forme d'humanité supérieure qui laisse parler en lui la totalité des instincts, et précisémentceux-là mêmes que la Culture christianisée a étouffés parce qu'ils étaient des formes de la volonté de puissance, «ce qu'il y a de pire » en l'homme : égoïsme, instinct de domination, sexualité.

Mais il convient ici de souligner unpoint important.

L'homme est de toute façon un être de culture.

Il n'est donc en aucun cas possible de retourner aumoment où les Barbares étaient encore indemnes des effets de la volonté de puissance de leurs esclaves, momentfondateur de la culture.

Les instincts doivent être libérés pour être spiritualisés : « L'homme supérieur serait celui quiaurait la plus grande multiplicité d'instincts, aussi intenses qu'on peut les tolérer.

En effet, où la plante humaine semontre vigoureuse, on trouve les instincts puissamment en lutte les uns contre les autres...

mais dominés.

» Cesurhomme parvient à la connaissance véridique de l'humanité, qui est la connaissance « tragique » qui a été décriteprécédemment.

Il se réalise dans les seules issues que Nietzsche a réservées : celle de l'art, qui est une fictionconnue comme telle, ou celle de la connaissance intellectuelle.

Il réalise ainsi le sens de l'humanité même, car il estcelui qui adhère à la doctrine de l'Éternel Retour et qui donc est le sommet de la volonté de puissance. « Tous les dieux sont morts: nous voulons à présent que vive le surhomme - que ceci soit au grand midi notredernière volonté! », s'écrie Zarathoustra.

L'insensé du « Gai savoir », qui, le premier, avait annoncé que Dieu étaitmort et que nous étions tous ses meurtriers, avait aussi déjà, à sa manière, avancé l'idée du surhomme: « Ce que lemonde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous nos couteaux - quieffacera de nous ce sang ? Avec quelles eaux nous purifierons-nous? Quelles expiations, quels jeux sacrés nousfaudra-t-il inventer ? La grandeur de cette action, n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pasforcés de devenir nous-mêmes des dieux pour paraître dignes de cette action ? » En fait, pour Nietzsche, il n'y eutpas d'action plus grandiose que l'assassinat de Dieu, et ceux qui naîtront après «appartiendront à cause de cetacte, à une histoire plus élevée que ne le fut jamais toute histoire ! ».

Que signifie « le surhomme», sinon ledépassement de l'homme par l'homme ? Mais encore ? Une affirmation de « la volonté de puissance », le passage du« tu dois » au «je veux ».

L'homme sans Dieu doit se donner à lui-même sa volonté.«Je suis Zarathoustra, l'homme sans Dieu: où trouverais-je mon semblable ? Sont mes semblables tous ceux qui sedonnent eux-mêmes leur volonté et se défont de toute soumission.

»Est-ce que cela signifie, comme certains ont voulu croire, la domination de l'homme par l'homme ? Une apparition du. »

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