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L'imitation exclut-elle toute originalité ?

Publié le 27/02/2008

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    III-             Penser dialectiquement imitation et originalité     ·         En effet, on s?aperçoit tout de même que c?est se méprendre beaucoup sur la création que de la définir seulement à partir des pôles extrêmes de l?imitation servile et de l?originalité excentrique. La création trouve son origine en elle-même. La création artistique est un acte qui n?est redevable ni de la seule imitation, ni du seul souci de se montrer pour se montrer. De même, la qualité d?une ?uvre vaut pour elle-même, indépendamment de toute comparaison. ·         Considérée en elle-même, cette dimension de travail dans la création congédie les préjugés portant sur l?imitation. Platon, dans Le Banquet, comparait la création à un enfantement. De même que mettre au monde l?enfant de chair se fait dans la douleur, mais apporte une délivrance quand l?enfant est enfin là, de même, bien des artistes ont connu les affres de l?enfantement pour mettre au monde une ?uvre de valeur. Il y a des artistes pour qui l?art est un labeur. Prenons l?exemple de Voyage au bout de la nuit, de Céline : un tel roman n?est pas sorti, comme par génération spontanée d?une pensée sans un véritable travail acharné. Combien de pages sont parties à la poubelle pour une page définitive ?

« · L'art suppose donc la création et l'originalité ; or l'imitation pure exclut ce mouvement créateur et donc exclut le faussaire ou le plagiaire du monde des artistesen tant que tels.

On pourra se reporter à ce texte d'Hegel: « L'opinion la plus courante qu'on se fait de la fin que se propose l'art, c'est qu'elle consiste à imiter lanature.

Dans cette perspective, l'imitation, c'est-à-dire l'habileté à reproduire avec une parfaitefidélité les objets naturels, tels qu'ils s'offrent ànous, constituerait le but essentiel de l'art, etquand cette reproduction fidèle serait bienréussie, elle nous donnerait une complètesatisfaction.

Cette définition n'assigne à l'art quele but tout formel de refaire à son tour, aussibien que ses moyens le lui permettent, ce quiexiste déjà dans le monde extérieur, et de lereproduire tel quel.

Mais on peut remarquer toutde suite que cette reproduction est un travailsuperflu, car ce que nous voyons représenté etreproduit sur des tableaux, à la scène ou ailleurs:animaux, paysages, situations humaines, nous letrouvons déjà dans nos jardins, dans notremaison ou, parfois, dans ce que nous tenons ducercle plus ou moins étroit de nos amis etconnaissances.

En outre, ce travail superflu peut passer pour un jeu présomptueux, quireste bien en deçà de la nature.

Car l'art est limité dans ses moyens d'expression et nepeut produire que des illusions partielles, qui ne trompent qu'un seul sens; en fait,quand l'art s'en tient au but formel de la stricte imitation, il ne nous donne, à la placedu réel et du vivant, que la caricature de la vie.

» HEGEL · De la même manière, dans le domaine social, l'uniformisation par le vêtement par exemple exclut la particularisation de l'individu.

Le vêtement devient ainsi le symbole deralliement d'un groupe déterminé : il n'y a plus de place non plus pour l'uniformisation.

Etl'originalité se paie parfois au prix de la marginalisation. · Il semble donc que la nature même de la relation qui unit imitation et originalité se définisse par l'exclusion absolue de l'un à l'autre, et réciproquement. II- Au-delà de l'imitation : Le travail et la création · Pourtant, en peinture, la formation par le plagiat est parfois flagrante.

Il suffit de regarder les premières toiles d'un peintre pour les comparer à ceux des maîtres de sonépoque.

C'est un défi que le peintre tente de relever que d'essayer de « faire aussi bienque », Monet, Corot, Le Nain etc.

Les premiers Picasso sont encore très figuratifs.

Cen'est que peu à peu que Picasso se trouve lui-même.

Avant de trouver son style, unartiste doit assimiler la manière de ses prédécesseurs.

Tant qu'il n'a pas trouvé sonstyle, il ne fait que vivre dans l'ombre de ses prédécesseurs les plus illustres.

Oncommence par copier, avant de pouvoir se trouver soi-même ce qui n'est plus de lacopie.

Jusqu'au début du XX e siècle, l'enseignement artistique imposait aux élèves de copier les tableaux anciens.

L'argument avancé était qu'ainsi, ils formeraient leur goût. · Un artiste a parfaitement le droit d'être influencé par ses contemporains.

Il y a parfois des carrières qui basculent dans la rencontre d'un homme, d'une œuvre, si bienqu'une œuvre poétique, un roman, une peinture, une musique vont laisser des tracesdans l'imaginaire d'un grand artiste et hanter toute son oeuvre.

Il y a dans l'art desinfluences décisives.

Braque dans son Grand nu s'inspire visiblement et reprend quelqueséléments du célèbre tableau de Picasso, Les Demoiselles d'Avignon.

Ce n'est pas pourautant qu'il ait été accusé de plagiat, ni qu'il est devenu un véritable artiste.

Il devaitpeut être en passer par là pour trouver son propre style. · Il ne faudrait pas voir dans le talent artistique une sorte de génération spontanée, une originalité absolue, comme si l'art était comparable à de la magie.

On ne naît pasartiste, on le devient, il n'y a pas d'hérédité artistique, il y a une formation et uneculture artistique.

L'artiste est le premier à apprécier l'art, à partir à sa rencontre.

Unécrivain est d'abord un lecteur.

Un poète aime lire de la poésie.

Un peintre est d'abordun esthète qui aime visiter des expositions.

Un musicien qui compose n'aurait jamaisl'idée de ne pas écouter la musique d'autres compositeurs.

Il est au contraire à mêmed'en apprécier l'inventivité et la richesse.

Il y a dans la créativité véritable une curiosité. »

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