L'inconscient est-il une théorie ou une réalité ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
caractère opératoire de l'hypothèse, qui rend compte de nombreux phénomènes.
b) La définition de ta réalité de l'inconscient.
Au départ, le terme est, de l'aveu même de Freud, « purement descriptif».
En fait, la définition de l'inconscientsouligne une difficulté épistémologique propre à la psychologie, dans la mesure où elle doit reconstituer, par lapensée, un domaine de causalité qui ne lui est accessible qu'à travers ses produits.
Or ceux-ci, ou bien constituentla conscience elle-même (qui n'est pas « donnée », mais résulte d'un filtrage, d'un processus intense de sélection),ou bien se présentent sous la forme énigmatique de symptômes, de rêves, de scénarios imaginaires (fantasmes)nécessitant un décryptage dont les normes sont elles-mêmes problématiques, puisqu'il faut en même temps traduireet reconstituer le code (cf.
par exemple les analyses sur le travail du rêve).
Freud associe toujours dans ses textesles approches de l'inconscient à un rappel des difficultés qu'il y a à le saisir:
« Pour bien comprendre la vie psychique, il est indispensable de cesser de surestimer la conscience.
Il faut, commel'a dit Lipps, voir dans l'inconscient le fond de toute vie psychique.
L'inconscient est pareil à un grand cercle quienfermerait le conscient comme un cercle plus petit.
Il ne peut y avoir de fait conscient sans stade antérieurinconscient, tandis que l'inconscient peut se passer de stade conscient et avoir cependant une valeur psychique.L'inconscient est le psychique lui-même et son essentielle réalité.
Sa nature intime nous est aussi inconnue que laréalité du monde extérieur, et la conscience nous renseigne sur lui d'une manière aussi incomplète que nos organesdes sens sur le monde extérieur.
»
(Freud, L'interprétation des rêves, édition des Presses Universitaires de France, page 520.)
c) Principaux aspects théoriques du concept d'inconscient.
L'analyse des processus psychiques, saisis dans lacomplexité de leurs aspects, a conduit Freud à mettre en œuvre plusieurs points de vue complémentaires pourpréciser le statut de l'inconscient ainsi que son fonctionnement au sein d'une totalité où le biologique n'est pasdissociable du psychique, la vie affective de l'activité perceptive et réflexive, la structure de la personnalité dudevenir biographique.
Le terme lui-même est utilisé tantôt comme adjectif pour caractériser des contenus et desprocessus psychiques, tantôt comme nom, pour définir un « lieu » psychique (cf.
la notion de topique, du grectopos: lieu) ou un ensemble originaire constitué par les «représentants psychiques» des pulsions (les pulsions,processus de tension organique vers un but défini, sont des excitations internes pour le psychisme.
Cf.
«Pulsions etdestin des pulsions» in Métapsychologie, édition citée).
Voici les quatre points de vue principaux mis en œuvre pourFreud :
Point de vue topique (assimilation de l'inconscient à un « lieu du psychisme ».
Cf.
la métaphore spatiale : « nousassimilons le système de l'inconscient à une grande antichambre»).
Point de vue économique.
Les forces psychiques mobilisent une certaine « quantité d'énergie », dont l'originebiologique est incontestable.
Notions de surcharge, de tension, d'équilibre, etc.
Ce point de vue permet de rendrecompte de l'expression obligée des pulsions et de leurs représentants, malgré les obstacles de la résistance.Décharge, refoulement, symbolisation du rêve sont réglés par des processus énergétiques internes au psychisme —grande valeur explicative d'un tel point de vue.
Point de vue biologique.
Sous-tend et fonde le point de vue précédent, sans que la spécificité du psychismepuisse être niée.
(L'existence sociale et culturelle de l'homme fait intervenir des facteurs irréductibles au biologique;cf.
la critique freudienne de l'organicisme.)
Point de vue sémiologique (sémiologie : science étudiant les systèmes de signes).
Approche des processus desymbolisation par lesquels le désir, refoulé, tend à s'exprimer indirectement.
Les productions de l'inconscient — parexemple les symptômes névrotiques — sont définies à la fois comme effets d'une cause à définir (le conflitpsychique enseveli) et comme signes de processus psychiques précis.
Il y a une sorte de « langage » del'inconscient, que le psychanalyste s'efforce d'interpréter:
« Le contenu du rêve nous apparaît comme une transcription des pensées du rêve, dans un autre moded'expression, dont nous ne pourrons connaître les signes et les règles que quand nous aurons comparé la traductionet l'original» (L'interprétation des rêves, édition citée, page 242).
« L'idée surgissant dans l'esprit du malade est, par rapport à l'élément refoulé, comme une allusion, comme unetraduction de celui-ci dans un autre langage » (Cinq leçons sur la psychanalyse, Éditions Payot, pages 32-33).
d) Synthèse suggérée sur la théorie freudienne.
L'inconscient est donc à la fois une réalité et une théorie.
La cure psychanalytique fonctionne sur la base de sonaffirmation, et produit elle-même des effets thérapeutiques dont la seule existence témoigne pour la validité del'hypothèse en jeu.
Comme concept théorique, l'inconscient ne peut être défini que différentiellement.
L'étiologie des névroses, latechnique des associations libres, la configuration du psychisme, la psychogenèse de la personnalité constituentautant de cadres dans lesquels il prend place.
Ainsi, l'inconscient n'est constitué comme réalité scientifique que par.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Une théorie de l’inconscient psychique est-elle nécessaire pour expliquer les comportements humains ?
- « L'Inconscient et la Conscience. La Réalité » Dans L'interprétation du rêve. 1900 S.Freud.
- La théorie de l'inconscient laisse-t-elle une place à la liberté ?
- L'inconscient: mythe ou réalité ?
- La théorie de l'inconscient est-elle insensée ?