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L'information est-elle l'unique fonction du langage ?

Publié le 27/02/2008

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La poésie et le caractère poétique du langage La poésie est précisément cet art dont la recherche est de dire ce qui ne peut pas être dit dans le langage de la prose. Elle se bat avec l'ineffable : entreprise chimérique qui en fait toute la beauté et la difficulté. Aussi est-il dans l'essence de la poésie d'être obscure, mystérieuse, insaisissable. Par le langage poétique, nous vivons l'aventure, l'alchimie du verbe. Nommer une réalité, c'est nous la faire étudier dans ce qu'elle a de plus beau, telle que nous ne l'expérimenterons jamais. Mais la poésie dépasse, transcende le langage, elle n'est possible que parce que le langage lui-même est, en son essence, poétique, c'est-à-dire symbolique, métaphorique. Tout signifiant est au fond une métaphore et renvoie non pas au signifié mais à un autre signifiant. Ainsi en va-t-il d'expressions comme « mettre les voiles »... Le langage est aussi hypostasiant, c'est-à-dire qu'il présente la matérialité du signe comme étant l'idéalité du signifié, il fait vivre la présence du signe comme étant la présence de la signification. Autrement dit, le langage donne l'être, fait vivre l'irréel comme le réel.
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« Pour transmettre une information, il n'est pas besoin de paroleLes animaux sont capables de communiquer des informations et, pourtant, ils ne parlent pas.

Ainsi en est-ildes abeilles, qui, par leur vol et leurs danses, transmettent des informations précises à leurs congénèresquant à la situation géographique du pollen à récolter.

Pour transmettre une information, il suffit souvent d'ungeste ou d'un cri, la parole n'est pas indispensable.

Réfléchissant à partir des observations réalisées sur lemode de communication propre aux abeilles par Von Frisch, Benveniste en rappelle d'abord la teneur.

De retourà la ruche, une abeille qui effectue devant ses congénères une danse en cercle signale par là que de lanourriture se trouve à une faible distance.

Relevant d'un symbolisme moins rudimentaire, une danse en huitaccompagnée d'un frétillement continu de l'abdomen indique quant à elle à quelle distance on doit chercher(plus la danse est lente, plus le butin est loin), mais aussi dans quelle direction s'envoler (l'axe du huit indiquel'angle que le lieu de la découverte forme avec le soleil).

Toutefois, six points de contraste au moinsinterdisent de considérer comme un langage ce mode de communication animal.

Les deux premiers sont soncaractère non phonique, et par voie de conséquence le fait que ce symbolisme soit inopérant dans l'obscurité.Mais comme on l'a déjà signalé, cela vaudrait aussi dans le cas du langage des sourds-muets.

Plus décisiveest la troisième remarque de Benvéniste : à savoir que le message de l'abeille exploratrice n'appelle pas deréponse, n'instaure pas de dialogue.

Au lieu que « nous nous parlons à d'autres qui parlent ».

Non seulementles abeilles ignorent le dialogue, mais leurs messages ne peuvent se référer qu'à une donnée objective.Toujours la même au demeurant : la nourriture.

Cela contraste, relève Benveniste, avec « l'illimité descontenus du langage humain ».

Celui-ci, par ailleurs, voit s'entrelacer relation à l'objet et réaction au discoursde l'autre.

Or chez les abeilles, il n'arrive pas qu'un message se rapporte à un autre message : on n'a pasobservé par exemple qu'une abeille aille répéter dans une autre ruche la danse à laquelle elle venait d'assister.Dernière remarque, la plus importante aux yeux du linguiste : le langage humain se laisse décomposer en unnombre fini d'éléments constitutifs, éléments de signification ou constituants sonores dont les combinaisonsréglées peuvent engendrer une infinités de messages.

Au contraire, « le message des abeilles ne se laisse pasanalyser », c'est-à-dire décomposer en une série d'éléments formateurs, identifiables et distinctifs.

Le modede communication employé par les abeilles ne serait donc « pas un langage, mais un code de signaux », toutentier inscrit dans le code génétique des insectes. La fonction du langage n'est pas d'informer mais d'évoquerCe que je cherche en parlant, c'est la réponse de l'autre.

Cette réponse me permet d'être reconnu de lui.

Lafonction de la parole est de communiquer avec autrui, non de l'informer.

Si je lui dis: «j'ai froid» ou «j'ai faim»,ce n'est souvent, ni pour lui demander de l'aide ni pour l'informer, mais simplement pour m'exprimer, pourexister en face de lui. Expression de celui qui parle, la parole est poésiePour Heidegger, nous dit Jean Beaufret, «l'emploi élémentaire du discours» (transmettre une information) n'estqu'un affaissement de la parole.

La parole, c'est ce qui évoque et qui appelle à la présence ce dont on parle.En ce sens, elle est «magique» parce que la présence que le nom appelle est «plus haute» que celle qui estdevant nous. La poésie et le caractère poétique du langage La poésie est précisément cet art dont la recherche est de dire ce qui ne peut pas être dit dans le langage dela prose.

Elle se bat avec l'ineffable : entreprise chimérique qui en fait toute la beauté et la difficulté.

Aussiest-il dans l'essence de la poésie d'être obscure, mystérieuse, insaisissable.

Par le langage poétique, nousvivons l'aventure, l'alchimie du verbe.

Nommer une réalité, c'est nous la faire étudier dans ce qu'elle a de plusbeau, telle que nous ne l'expérimenterons jamais.Mais la poésie dépasse, transcende le langage, elle n'est possible que parce que le langage lui-même est, enson essence, poétique, c'est-à-dire symbolique, métaphorique.

Tout signifiant est au fond une métaphore etrenvoie non pas au signifié mais à un autre signifiant.

Ainsi en va-t-il d'expressions comme « mettre les voiles»...Le langage est aussi hypostasiant, c'est-à-dire qu'il présente la matérialité du signe comme étant l'idéalité dusignifié, il fait vivre la présence du signe comme étant la présence de la signification.

Autrement dit, lelangage donne l'être, fait vivre l'irréel comme le réel.Il suffit parfois de nommer une chose, une ville ou un pays, par exemple, pour que le nom devienne réalité : «Le nom de Parme, une des villes où je désirais le plus aller depuis que j'avais lu La Chartreuse, m'apparaissantcompact , lisse, mauve et doux, si on me parlait d'une maison quelconque de Parme dans laquelle je seraisreçu, on me causait le plaisir de penser que j'habiterais une demeure lisse, compacte, mauve et douce, quin'avait de rapport avec les demeures d'aucune ville d'Italie, puisque je l'imaginais seulement à l'aide de cettesyllabe lourde du nom de Parme où ne circule aucun air, et de tout ce que je lui avais fait absorber dedouceur stendhalienne et du reflet des violettes » (« Du côté de chez Swann »).L'essence du langage est donc d'être métaphorique.

Le sens ne se confond pas avec le signe.

Un langagesans métaphore impliquerait l'univocité absolue des signifiants.

Un tel langage existe mais il est artificiel : c'estle langage mathématique.

Le sens s'y confond avec le signe.

Autrement dit, le signe est entièrement dégagéde la métaphore ou du symbole, il devient entièrement adéquat à son sens.

La science a besoin d'un tellangage.

Mais dans la langue ordinaire, un langage absolument adéquat à son sens est une simple platitude.Mais que le langage soit par essence poétique ne signifie pas qu'il faille renoncer à tout effort de clarificationtant il reste vrai que « ce qui se conçoit bien doit pouvoir s'énoncer clairement ».. »

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