L'Intériorité.
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
lumière.
Malebranche, dans La Recherche de la vérité, remarque : La science du monde, le goût du siècle, le belesprit, communiquent à notre esprit une insensibilité effroyable à l'égard de toutes les vérités.
» On ne comprend lavérité que dans le silence ; c'est la métaphore d'un « sommeil mystérieux, durant lequel tous nos sens extérieursétant assoupis » qui nous fait accéder à la vérité.
D'où cette idée que l'âme n'est pas quelque chose de moi, nimême moi, mais en moi ce non-lieu qui est réservé à plus que moi.
S'il s'agit d'accéder à l'authenticité, il ne s'agitpas d'entrer en soi pour y faire une grande découverte.
Leibniz, dans la Monadologie, propose la fiction d'un modèle agrandi de la conscience, et se demande ce qu'on ytrouverait : « Ainsi, c'est dans la substance simple et non dans la machine (le composé) qu'il la faut chercher [laperfection] » Un modèle agrandi demeure spatial.
Dans Situations I, « Une idée fondamentale de la phénoménologiede Husserl : l'intentionnalité », Sartre fonde l'idée d'une fiction : « Si vous entriez dans une conscience, vous seriezsaisi par un tourbillon et rejeté dehors en pleine poussière… » Cette image est leibnizienne : l'image d'uneconscience qui n'a pas de « dedans ».
Le dedans physiologique n'est jamais de la pensée.
« Il faut d'abord perdre lemonde par l'épochè pour le retrouver ensuite dans une prise de conscience universelle de soi-même » écrit Husserldans les Méditations cartésiennes.
Comment alors expliquer les prises de position de Sartre ?
La notion d'identité personnelle appelle quelques rappels : est-elle identique à soi ? Ou bien n'est-ce pasparadoxalement le fait d'un être conscient de ses changements comme étant les siens (qui soit tout à la fois lui-même et autre).
Le « je pense » est-il substantiel ou fonctionnel ?
Deux textes classiques sur l'identité personnelle :
- Locke : Essai sur l'entendement humain, livre II, chapitre 27 : examine l'identité des végétaux, des animaux et deshommes.
« Pour un homme, c'est la conscience qui fait la personnalité.
Quant à la personne, c'est un terme debarreau.
» Descartes avait retenu : « pour distinguer un homme d'une machine faite à sa ressemblance, on opposele critère du langage.
» Mais Locke lui oppose l'argumentation suivante : un perroquet qui dirait des choses sensées,et un homme qui dirait des idioties.
« Il n'y a que la conscience qui puisse réunir dans une même personne desexistences éloignées » : c'est moi le même, quoi que je ne sois plus ce que j'étais il y a 20 ans.
L'expérience de lapersonne est différente de la connaissance de l'homme comme être substantiel : en tant qu'être substantiel, il estindéfinissable ; dans l'expérience de la personne, l'homme peut rendre compte de ses pensées et de ses actes.- Hume, Traité de la nature humaine, livre I, 4ème partie.
Locke avait noté que le temps et l'espace ne changentrien à l'identité.
Hume prend acte de cette analyse et radicalise la question : « Lorsque nous appliquons l'idée à unobjet invariable, c'est uniquement par une fiction de l'imagination.
» Nous disons « c'est le même » mais nous disonsaussi « il a changé ».
« C'est par cette fiction qu'un objet isolé et placé devant nous est capable de nous donnerune notion d'identité.
» « Le principe d'individuation n'est rien que l'invariabilité d'un objet et le caractère interrompud'un objet à travers une variation de temps, permettant à l'esprit de suivre l'objet à différentes périodes de sonexistence.
» « L'esprit humain est constitué de perceptions successives ; les hommes sont des successions deperceptions qui se succèdent les unes aux autres avec une rapidité inconcevable.
» Il n'y a donc pas de topiquecomme celle de Freud : l'esprit n'est pas un lieu, mais des impressions successives.
Conséquence : comme pourl'identité que nous attribuons soit à des ½uvres de la nature ou à des ½uvres de l'art « L'identité que nousattribuons à l'esprit humain est seulement une identité fictive.
» Malheureusement le langage est le principe logiqued'identité.
Résumé de l'identité personnelle
1) Cogito : je pense = pt de départ, certitude irrécusable assurée dans le moment où je pense effectivement.2) Leibniz fait remarquer que « des choses diverses sont pensées par moi »3) En présence de la proposition « des choses diverses sont pensées par moi », Hume pousse le scepticisme jusqu'àdire : « des choses diverses sont pensées »
C'est donc de l'aspect pratique qu'il faut prendre compte( Critique de la Raison pure : critique de la théologie rationnelle qui entend s'occuper de l'âme comme d'un objet.Dès lors, si l'intériorité n'est pas un lieu, la pensée d'une irréductibilité conduit à réévaluer l'intériorité dans le sensde la conduite : nous n'avons pas à nous connaître comme un objet mais à nous conduire comme un sujet.
III.
Distinction du « je » et du « moi »
L'illusion consiste à prendre la condition de toute pensée pour la saisie d'un objet (paragraphe 16 de l'Analytiquetranscendantale) : « Je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations, autrement il ya aurait quelquechose en moi qui ne serait pas représenté.
» A la fin de l'Esthétique, le temps a été caractérisé comme la forme dusens interne (avec une dissymétrie : si l'espace n'est que la forme du sens externe, le temps est aussi la forme paret à travers laquelle m'apparaissent les phénomènes extérieurs).
A la toute fin de l'Esthétique transcendantale, on acette remarque : « Nous sommes en quelque sorte un pouvoir de connaître dérivé : nous ne sommes pas douésd'une intuition directe ou encore originaire.
Nous sommes un être dépendant quant à son existence et quant à sonintuition.
» Cette note est d'une portée métaphysique considérable : elle exprime la « finitude ».
Dans l'Analytique, nous rencontrons le paragraphe 16.
Kant ne dit pas « le je pense », mais « je pense ».
Enfin, dansla Dialectique où Kant analyse l'embarras de la raison lorsqu'elle s'efforce de connaître comme objets ce dont elle ales idées, l'idée directrice est la suivante : l'idée d'âme comme identité personnelle, substantielle, permanente, peut.
»
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