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L'Intériorité.

Publié le 22/02/2012

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Ce terme est une métaphore ; l'examen de la validité de cette métaphore consiste à se demander s'il s'agit d'un lieu. S'il ne s'agit pas d'un lieu, ce peut être la pensée, le sujet, la conscience, l'identité personnelle… il faut s'expliquer de toutes ces notions et les ordonner en une question. Le brahmanisme de la tradition upanishad, la sagesse consiste à s'intérioriser le plus possible. Hegel appelle cette pensée une Vertiefung. A l'inverse, dans la pensée bouddhique il s'agit de dissoudre le sujet : il n'est qu'une illusion (Schopenhauer). Chez Schopenhauer, le thème de la souffrance est lié à celui de l'illusion d'un soi qui serait toujours insatisfait. Eliade proposait un néologisme éclairant : là où le brahmane se transcende, ce n'est pas une extase mais une enstase. L'intériorité est un enjeu traditionnel de la sagesse. Augustin écrit : « Rentre en toi-même. C'est dans l'homme intérieur que réside la vérité. » Husserl évoque ce conseil à la dernière ligne des Méditations cartésiennes, citant saint Augustin, alors qu'il venait de montrer que le vecteur de l'intériorité est l'intentionnalité, projection de la conscience vers ce qui n'est pas elle. Quelle est la validité de la métaphore ? S'agit-il d'une invitation spatialisée à l'inventaire de soi ? S'agit-il d'une illusion ? Bernanos a caractérise le monde contemporain comme « la conspiration universelle contre toute forme de vie intérieure », par le bruit, la vitesse, la multiplication de l'image.

« lumière.

Malebranche, dans La Recherche de la vérité, remarque : La science du monde, le goût du siècle, le belesprit, communiquent à notre esprit une insensibilité effroyable à l'égard de toutes les vérités.

» On ne comprend lavérité que dans le silence ; c'est la métaphore d'un « sommeil mystérieux, durant lequel tous nos sens extérieursétant assoupis » qui nous fait accéder à la vérité.

D'où cette idée que l'âme n'est pas quelque chose de moi, nimême moi, mais en moi ce non-lieu qui est réservé à plus que moi.

S'il s'agit d'accéder à l'authenticité, il ne s'agitpas d'entrer en soi pour y faire une grande découverte. Leibniz, dans la Monadologie, propose la fiction d'un modèle agrandi de la conscience, et se demande ce qu'on ytrouverait : « Ainsi, c'est dans la substance simple et non dans la machine (le composé) qu'il la faut chercher [laperfection] » Un modèle agrandi demeure spatial.

Dans Situations I, « Une idée fondamentale de la phénoménologiede Husserl : l'intentionnalité », Sartre fonde l'idée d'une fiction : « Si vous entriez dans une conscience, vous seriezsaisi par un tourbillon et rejeté dehors en pleine poussière… » Cette image est leibnizienne : l'image d'uneconscience qui n'a pas de « dedans ».

Le dedans physiologique n'est jamais de la pensée.

« Il faut d'abord perdre lemonde par l'épochè pour le retrouver ensuite dans une prise de conscience universelle de soi-même » écrit Husserldans les Méditations cartésiennes.

Comment alors expliquer les prises de position de Sartre ? La notion d'identité personnelle appelle quelques rappels : est-elle identique à soi ? Ou bien n'est-ce pasparadoxalement le fait d'un être conscient de ses changements comme étant les siens (qui soit tout à la fois lui-même et autre).

Le « je pense » est-il substantiel ou fonctionnel ? Deux textes classiques sur l'identité personnelle : - Locke : Essai sur l'entendement humain, livre II, chapitre 27 : examine l'identité des végétaux, des animaux et deshommes.

« Pour un homme, c'est la conscience qui fait la personnalité.

Quant à la personne, c'est un terme debarreau.

» Descartes avait retenu : « pour distinguer un homme d'une machine faite à sa ressemblance, on opposele critère du langage.

» Mais Locke lui oppose l'argumentation suivante : un perroquet qui dirait des choses sensées,et un homme qui dirait des idioties.

« Il n'y a que la conscience qui puisse réunir dans une même personne desexistences éloignées » : c'est moi le même, quoi que je ne sois plus ce que j'étais il y a 20 ans.

L'expérience de lapersonne est différente de la connaissance de l'homme comme être substantiel : en tant qu'être substantiel, il estindéfinissable ; dans l'expérience de la personne, l'homme peut rendre compte de ses pensées et de ses actes.- Hume, Traité de la nature humaine, livre I, 4ème partie.

Locke avait noté que le temps et l'espace ne changentrien à l'identité.

Hume prend acte de cette analyse et radicalise la question : « Lorsque nous appliquons l'idée à unobjet invariable, c'est uniquement par une fiction de l'imagination.

» Nous disons « c'est le même » mais nous disonsaussi « il a changé ».

« C'est par cette fiction qu'un objet isolé et placé devant nous est capable de nous donnerune notion d'identité.

» « Le principe d'individuation n'est rien que l'invariabilité d'un objet et le caractère interrompud'un objet à travers une variation de temps, permettant à l'esprit de suivre l'objet à différentes périodes de sonexistence.

» « L'esprit humain est constitué de perceptions successives ; les hommes sont des successions deperceptions qui se succèdent les unes aux autres avec une rapidité inconcevable.

» Il n'y a donc pas de topiquecomme celle de Freud : l'esprit n'est pas un lieu, mais des impressions successives.

Conséquence : comme pourl'identité que nous attribuons soit à des ½uvres de la nature ou à des ½uvres de l'art « L'identité que nousattribuons à l'esprit humain est seulement une identité fictive.

» Malheureusement le langage est le principe logiqued'identité. Résumé de l'identité personnelle 1) Cogito : je pense = pt de départ, certitude irrécusable assurée dans le moment où je pense effectivement.2) Leibniz fait remarquer que « des choses diverses sont pensées par moi »3) En présence de la proposition « des choses diverses sont pensées par moi », Hume pousse le scepticisme jusqu'àdire : « des choses diverses sont pensées » C'est donc de l'aspect pratique qu'il faut prendre compte( Critique de la Raison pure : critique de la théologie rationnelle qui entend s'occuper de l'âme comme d'un objet.Dès lors, si l'intériorité n'est pas un lieu, la pensée d'une irréductibilité conduit à réévaluer l'intériorité dans le sensde la conduite : nous n'avons pas à nous connaître comme un objet mais à nous conduire comme un sujet. III.

Distinction du « je » et du « moi » L'illusion consiste à prendre la condition de toute pensée pour la saisie d'un objet (paragraphe 16 de l'Analytiquetranscendantale) : « Je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations, autrement il ya aurait quelquechose en moi qui ne serait pas représenté.

» A la fin de l'Esthétique, le temps a été caractérisé comme la forme dusens interne (avec une dissymétrie : si l'espace n'est que la forme du sens externe, le temps est aussi la forme paret à travers laquelle m'apparaissent les phénomènes extérieurs).

A la toute fin de l'Esthétique transcendantale, on acette remarque : « Nous sommes en quelque sorte un pouvoir de connaître dérivé : nous ne sommes pas douésd'une intuition directe ou encore originaire.

Nous sommes un être dépendant quant à son existence et quant à sonintuition.

» Cette note est d'une portée métaphysique considérable : elle exprime la « finitude ». Dans l'Analytique, nous rencontrons le paragraphe 16.

Kant ne dit pas « le je pense », mais « je pense ».

Enfin, dansla Dialectique où Kant analyse l'embarras de la raison lorsqu'elle s'efforce de connaître comme objets ce dont elle ales idées, l'idée directrice est la suivante : l'idée d'âme comme identité personnelle, substantielle, permanente, peut. »

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