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L’ordre et le désordre.

Publié le 03/01/2020

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ont-ils la même force ou bien est-ce qu’au contraire l’un des deux, à savoir le désordre, ne serait-il pas introduit pour ainsi dire frauduleusement dans la philosophie ? Cette question, Bergson la pose dans un ouvrage paru en

1907 et intitulé L’Évolution créatrice. Il tient dans ce livre la critique de l’idée de désordre pour primordiale, car dit-il, « si le grand problème est de savoir pourquoi et comment la réalité se soumet à un ordre, c’est que l’absence de toute espèce d’ordre paraît possible ou concevable ». Le rapport de l’ordre au désordre serait ainsi un rapport de la présence à l’absence. Puisque la notion de désordre, la philosophie va la chercher, selon Bergson, dans la vie courante, c’est là qu’il prend un exemple très simple’ pour amorcer son analyse. Il suppose en effet qu’après avoir tiré au hasard un volume de sa bibliothèque et l’avoir ouvert, il le remet en place en disant« ce ne sont pas des vers ». En fait il voulait lire de la poésie en vers et a ouvert par mégarde un volume de prose. Il a donc vu non pas une absence de vers, mais de la prose. Seulement comme il cherchait à lire des vers, il s’est exprimé en fonction de ce qu’il s’attendait à trouver. De même, s’il avait eu envie de lire de la prose et avait ouvert un recueil de vers, il n’aurait pas alors manqué de se dire : « ce n’est pas de la prose ». Or dans les deux cas, il n’y a pas en vérité absence de vers' ou ' bien absence de prose, mais simplement la présence de quelque chose que l’on attendait pas. Si maintenant, dit Bergson, à la suite de cet exemple, l’on suppose qu’il y ait deux espèces d’ordre qui soient contraires, l’idée de désordre se présentera à nous chaque fois que « cherchant l’une des deux espèces d’ordre, nous rencontrons l’autre ». Quelles sont les deux espèces d’ordre auxquelles pense Bergson ? Ce. sont d’une part l’ordre « du vital ou du voulu », d’autre part l’ordre « de l’inerte et de l’automatique ». Pour saisir le sens de cette opposition, il faut se souvenir que dans L’Évolution créatrice, Bergson définit la vie, le vital, comme du « se faisant ». Il entend s’opposer ainsi par cette conception à toute philosophie pour qui la vie n’est que du « tout-fait ». On voit donc à quel point la distinction de ces deux grands types d’ordre est fondamentale pour sa pensée ; grâce à elle Bergson évacue en quelque sorte tout ce qui faisait problème dans la notion de désordre. Et en effet, « dès qu’on s’est représenté

« 1 58 COBBiGÉ DE DISSERTATIO\'iS PHILOSOPHIQUES L'étude de la notion de désordre p~ Bergson dans l'~flolurion créatrice (B.U.F.) se trouve aux pages 221 à 238.

Les; élèves pour­ ront avec profit la comparer.à celle de l'idée de néant (pages 274' à 298).

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Pour la conception ·de l'ordre chez .

Comte, ·on lira, dans la preinière parfie 'du Catéchisme posit.iviste, (Garnier-Flamim,1.p.ori) les tr.oisième et quatrième éntretiens.

Le Discours préliminair~ sur l'Espr.it positif : (collection ,'10/18) constitue un bon moyen d'\lpproche de la pensée d'Auguste Comte.

, · Quant aux théories de Fourier, un volume rassemblant trois tèxtes et irititulé !'Ordre subversif (paru au: printemps de 1972 chez Auhier-Montàigne, àvec une préface de René Schérer) permet de s'en faire une idé~.

Enfin Heidegger s'est interrogé sur la notion de chaos dans son Nietzsche (traduction française, Gallimard, 1971, cf.

en particulier tome ,I, p.

273 sq.

et 436 sq.').

Les deux notions d'ordre et de désordre, dans leur, oppo-.

~ition même, nous sont familières.

A.

vrai dire cette oppo­ sition paraît même aller· de soi tant nous sommes habitués' à sous-entendre le.

mot .

ordre dès· que .nous parlons du désordre et .

inversement.

Ce faisant, nous sommes -eh quelque sorte sans cesse renvoyés d'un terme au terme opposé sans jania:is toutefois considérer l'opposition 'elle­ même.

Ainsi si l'o·n dit par exeIJ!.ple qu'une pièce est en désordre o'll: qu'une secrétaire a de l'ordre, qu'un parieur · a touché le tiercé dans le déso11dre ou· que les forces de l'ordre ont disperiié une manifestation, tout le, monde saisit bien le sens glob.kl.

· de ces expressions.

Mais qu'il faille étudier précisément en 'elle-même .l'opposition .

ordre­ désordre, voilà qu'aussitôt les nomhr~ux sens des deux termes s'enchevêtrent, et, loin de faire démarier la réflexion semblent plutôt lui faire obstacle.

En effet, de l'ordre comme simple injonction, ou commandement à l'ordi.-e co:m.rile loi ou bien encore comme principe organisateur en passant ·par l'ordre comme agencemf:)nt, pour ne retep.ir, que ces quelques sens du mot ordre (auxquels s'oppose­ raient divers sens du mot désordre), il y a là un véritable foisonnement.

Ce qui apparaît avec'cette liste qui est pour­ 'tant loin d'être exhaustive, c'est que certaines acceptions des termes ·ordre et désordre ont une résonance philoso­ phique très nette.

Mais y ·a-t-il .

un rapport quelconque entre les emplois )>h'ilosophiques et les emplois les plus I. »

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