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L'organisme vivant peut-il être comparé à une oeuvre d'art ?

Publié le 08/03/2005

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Au vu des définitions, tout semble opposer les deux termes. Alors que l'un n'existe que dans le temps et possède des capacités qui font de lui un être sans cesse en accomplissement, l'autre est voué à l'intemporel, il est inerte, et déjà accompli. Si nous sommes tentés de les rapprocher, c'est parce que tous deux se caractérisent par la perfection de leur réalisation, et un certain mystère quant à leur réalisation. ● Il s'agit donc de voir si "considérer" (c'est-à-dire identifier et assimiler) l'organisme comme une oeuvre d'art ne le dénature pas, si cela ne lui enlève pas des caractéristiques fondamentales pour lui en ajouter d'autres qui ne le concernent pas. Plan :   I/ Les implications de l'assimilation de l'organisme vivant à l'oeuvre d'art :   Considérer l'organisme vivant comme une oeuvre d'art, c'est plaquer les caractéristiques de cette dernière sur l'organisme, établir un rapport d'équivalence entre les deux entités. Il s'agit de voir ce que cette identification et rapprochement apportent comme caractéristique à l'organisme.   ● Envisageons l'oeuvre d'art non seulement comme une oeuvre plastique ou sculpturale, mais aussi comme pouvant être mobile, en incluant par exemple les automates. Ce sont des produits créés par une artiste en vue de produire un mouvement artistique, esthétique. Comme l'explique Descartes, le vivant pourrait être un de ces automates, une de ces oeuvres d'art. Ainsi, tout comme l'homme serait capable de créer des automates ressemblant aux animaux, ou aux hommes, nous pouvons imaginer que les vivants eux-mêmes, ceux que nous croisons, sont des automates infiniment plus perfectionnés.

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● Bien définir les termes du sujet :

- « Organisme vivant « : Préciser de l'organisme qu'il est vivant implique que l'on ne s'intéressera pas à l'organisme comme ensemble administratif. Il s'agit de la somme d'organes constituant un être vivant qui possède des propriétés particulières, comme l'autonomie, l'autoformation, l'autoréparation, la reproduction, et l'interaction avec le milieu extérieur. Parler d'organisme nous conduit à étudier le vivant uniquement sous son aspect biologique, et en aucun cas comme pouvant être habité par une âme ou une conscience.

- « oeuvre d'art « : Nous prendrons ici le terme en son sens esthétique le plus général. C'est une création singulière produite intentionnellement par un artiste, en vue de produire le beau ou tout autre résultat ou perfection esthétique. Elle se caractérise par son intemporalité, sa perfection, et semble être le fruit d'un certain talent ou génie.

- « Considéré comme « : c'est assimiler, identifier, regarder l'organisme de la même manière que l'on regarderait une oeuvre d'art. C'est déposer les caractéristiques de l'un sur l'autre, comprendre l'un par l'autre.

● Construction de la problématique.            

            Le sujet demande que l'on y réponde par oui ou non, il porte sur la possibilité et la légitimité de l'assimilation de l'organisme à l'oeuvre d'art. Au vu des définitions, tout semble opposer les deux termes. Alors que l'un n'existe que dans le temps et possède des capacités qui font de lui un être sans cesse en accomplissement, l'autre est voué à l'intemporel, il est inerte, et déjà accompli. Si nous sommes tentés de les rapprocher, c'est parce que tous deux se caractérisent par la perfection de leur réalisation, et un certain mystère quant à leur réalisation.

● Il s'agit donc de voir si "considérer" (c'est-à-dire identifier et assimiler) l'organisme comme une oeuvre d'art ne le dénature pas, si cela ne lui enlève pas des caractéristiques fondamentales pour lui en ajouter d'autres qui ne le concernent pas.

« *** de mars 1638, Descartes explique donc que tous les organismes vivants sont des automates créés par la bonté de Dieu, que celui-ci étant parfait, ses créations sont accomplies etparfaites, mais que ses intentions nous sont inconnues. ● Considérer l'organisme vivant comme une oeuvre d'art, c'est donc supposer un créateur, des intentions, et une finalité. II/ Le problème de l'anthropomorphisme : Mais cette manière de voir est anthropomorphique.

Nous plaquonsnotre manière de procéder sur la nature, et pensons que, parce que nousavons un projet et un but lorsque nous produisons quelque chose, tous lesproduits naturels sont eux aussi le fruit d'une intention.

En observantl'organisme à travers l'oeuvre d'art, nous cherchons les ressemblances, enoubliant d'examiner les différences. ● Comme l'explique Kant dans la critique de la faculté de juger, il nefaut pas réduire le vivant à l'automate, mais plutôt se pencher sur lespropriétés singulières de ce dernier.

Il possède en effet des caractéristiquesessentielles comme l'autoformation, la reproduction ou l'autoréparation.Autrement dit, il est une "finalité naturelle", c'est-à-dire qu'il est à la foiscause et effet de lui-même.

(cf.

ex de l'arbre : il transforme sa nourriturepour grandir ; il est cause de ces transformations puisqu'il en est l'origine, et effet de ces transformations puisque c'est par elles qu'il se nourrit et donc qu'il existe.) ● Dire de l'organisme qu'il est une oeuvre d'art, c'est oublier qu'il est un être organisé, qu'il "fonctionne". Comme le dit Kant, tout est fin et réciproquement moyen, il est en perpétuelaccomplissement, construction, il est organisé et s'organise sans cesse lui-même.

à Le vivant possède une "force formatrice" que ne possède pas l'oeuvre d'art qui une fois achevée, se fige dans l'intemporalité. ● En refusant d'assimiler le vivant à une oeuvre d'art ou à unautomate, Kant le considère en tant que tel et recherche ainsi lescaractéristiques qui lui sont propres.

Nous sommes ainsi débarrassés del'anthropomorphisme (le finalisme de Kant est un "principe régulateur", uneanalogie heuristique) qui impliquait une lecture biaisée du fonctionnement del'organisme. III/ Le temps : Il serait possible de dire que, tout comme l'organisme, l'oeuvre d'artpeut être composée de parties qui ne valent qu'ensemble, qu'elles sontinterdépendantes, et qu'elle se donnent mutuellement signification.

Mais cesoublier que les parties de l'organisme possèdent une force formatrice.L'identification entre l'oeuvre et l'organisme ne peut donc jamais aller plus loinque l'analogie, puisque le vivant possède le mouvement autonome, la vie, etqu'il est donc surtout soumis au temps.

● Bergson critique à la fois Descartes et Kant.

Réduire le vivant à unautomate, c'est considérer que la vie se comporte comme de la matière inerte,ce qui n'est pas le cas.

A-t-on déjà vu un automate se transformer ou sereproduire ? Ceci sans compter que dire que l'organisme possède une "forceformatrice" n'épuise pas sa définition.

En effet, cette formation, cetteautoproduction est particulière : elle est irréversible, elle est ancrée dans letemps, elle est création. ● En effet, l'oeuvre est une création, mais une fois terminée, elledevient intemporelle, et à l'inverse du vivant, elle ne dure pas.

L'organismequant à lui est soumis à la durée, c'est-à-dire au temps vécu, il est création etchangement.

(cf.

Bergson L'évolution créatrice) Conclusion : Il existe deux manières de considérer l'organisme comme une oeuvred'art : 1) l'organisme comme produit de l'art, comme résultat du travail del'artiste, et donc fruit d'une intention, et fait en vue d'une fin.

Cette façon deconcevoir le vivant lui enlève ses dimensions essentielles, c'est une réduction.2) Soit l'organisme est, par sa perfection, une oeuvre d'art entendue comme produit de génie et de talent.

Mais dans ce cas, le vivant est mystifié, magnifié, et cette identification pourraitconstituer ce que Bachelard appelle un "obstacle épistémologique".

Dans les deux cas, nous ratons les spécificités. »

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