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MALEBRANCHE: les sens sont trompeurs...

Publié le 31/03/2005

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malebranche
Nos sens ne nous trompent pas seulement à l'égard de leurs objets, comme de la lumière, des couleurs, et des autres qualités sensibles, ils nous séduisent même touchant les objets qui ne sont point de leur ressort, en nous empêchant de les considérer avec assez d'attention pour en porter un jugement solide. [...] Pour bien concevoir cette vérité, il est absolument nécessaire de savoir que les trois manières dont l'âme aperçoit, savoir par les sens, par l'imagination et par l'esprit, ne la touchent pas toutes également, et que par conséquent elle n'apporte pas une pareille attention à tout ce qu'elle aperçoit par leur moyen ; car elle s'applique beaucoup à ce qui la touche beaucoup, et elle est peu attentive à ce qui la touche peu. Or ce qu'elle aperçoit par les sens la touche et l'applique extrêmement, ce qu'elle connaît par l'imagination la touche beaucoup moins ; mais ce que l'entendement lui représente, je veux dire ce qu'elle aperçoit par elle-même, indépendamment des sens et de l'imagination, ne la réveille presque pas. Personne ne peut douter que la plus petite douleur des sens ne soit plus présente à l'esprit et ne le rendre plus attentif que la méditation d'une chose de beaucoup plus grande conséquence. La raison de ceci est que les sens représentent les objets comme présents, et que l'imagination ne les représente que comme absents [...] Les sens appliquent donc extrêmement l'âme à ce qu'ils lui représentent. Or, comme elle est limitée et qu'elle ne peut nettement concevoir beaucoup de choses à la fois, elle ne peut apercevoir nettement ce que l'entendement lui représente dans le même temps. MALEBRANCHE

ordre des idée

1) Thèse générale : nos sens nous trompent doublement a) par les informations qu'ils nous donnent sur le monde (« à l'égard de leurs objets «) ; b) par leur influence sur l'âme en l'empêchant de former des jugements corrects. 2) Explication de ce second fait a) Un constat : l'âme s'applique plus aux données des sens qu'à celles de l'entendement car les objets des sens lui sont donnés comme présents (ils ont pour elle une existence plus réelle que les images de l'imagination ou les idées de l'entendement). b) Or l'âme ne peut s'appliquer à beaucoup objets à la fois. c) C'est pourquoi elle ne saisit pas ceux que la raison lui donne en même temps, et fait donc de mauvais jugements.

 

malebranche

« a) La question de la véracité et de la scientificité des sens prend ici un sens tout particulier.

Malebranche, lecteurde Descartes, ne fait pas tant une critique directe de la valeur gnoséologique des sens que du fait les sens nousportent vers l'erreur quand bien même l'objet dont on s'occupe ne les concernent pas.

Et c'est là faire la critiquebien plus profonde des sens en exacerbant non seulement le fait que les sens sont trompeurs en eux-mêmes maisaussi dans toute entreprise scientifique.

Si les sens sont effectivement trompeurs par rapport à la connaissance quenous pouvons avoir des objets c'est-à-dire aussi dans la définition de leurs qualités secondes, comme cela peut êtrele cas pour la couleur de l'objet etc.

Il n'en reste pas moins que la puissance d'évocation et d'impression que lessens font sur l'esprit ont la capacité d'entraver ou de distraire la puissance d l'esprit en lui faisant manquerd'attention. b) On peut comprendre alors que la vérité et son degré de scientificité est fonction de la valeur de l'attention quin'est rien d'autre que l'aperception de l'esprit.

Si l'attention qui se définit alors par un état conscient d'alerte, deréceptivité face au divers et à une concentration très marquée, il faut bien voir que les sens et l'impressions qu'ilsfont sur nous sont un facteur de distraction ou du moins de déconcentration.

C'est ainsi que si la seule puissancede l'esprit est nécessaire pour découvrir l'idée claire, on ne saurait négliger la puissance des sens dans leurs effetsde distraction.

D'une certaine manière, c'est d'une certaine manière, c'est revenir à l'idée platonicienne du Phédon des milles affairements du corps.

En effet, le sage ne doit pas négliger par exemple son corps afin qu'il ne vienne pasle distraire pendant sa réflexion.

La faim, la soif, un mal de tête peuvent nuire à a recherche de la vérité.

De même,un bruit, un jet de lumière etc.

peuvent nous faire perdre le fil de notre pensée et c'est bien en cela que l'on peutdire que le sens sont encore un obstacle au travail de l'esprit même lorsqu'ils ne sont pas directement concernés etcela en raison de la dualité de la nature humaine : corps et esprit.

Ainsi les sens seront portés sur unecaractéristique de l'objet par son éclat ou sa beauté empêchant alors l'esprit de saisir dans sa globalité l'objet. Transition : Ainsi les sens font obstacle à l'attention et à la application de l'esprit sur un objet comme une idée claire bien queles sens se soient pas impliqués directement dans la recherche de la vérité sur ces objets.

Les sens sont alorsdoublement fautifs : incapables de nous donner une connaissance et distrayant l'esprit cherchant à connaître. II – L'aperception tripartite a) Si les sens peuvent à ce point entraver la bonne recherche et découverte de l'esprit c'est dans la mesure oùl'âme dispose de trois fonction pour se rendre compte d'une chose extérieure et la prendre en considération.L'aperception paraît correspondre à la conscience dans un sens actif et non dans un sens passif.

Elle est donc unacte saisissant l'état intérieur de notre être, autrement dit : elle s'ajoute à la perception.

L'aperception exprimedonc le monde mais d'une point de vue individuel.

De ce point de vue, il est possible alors pour l'homme deconsidérer le monde extérieur dans sa recherche de la vérité suivant trois facultés : les sens, l'imagination et parl'esprit ou la raison naturelle.

Ainsi l'aperception par les sens est la prise de connaissance d'un objet extérieur parl'effet qu'il produit sur mes sens.

En ce sens, l'objet est présent mais les sens ne sont pas un gage de sûreté doncla connaissance que je peux avoir de l'objet peut être fausse.

L'imagination quant à elle pose l'objet commeinexistant et évoque alors le souvenir qu'il a produit dans les sens.

Elle n'est que l'affaiblissement de la sensation.Quant à l'esprit, il ne raisonne pas sur les objets extérieurs directement mais sur les objets en tant qu'ils sont lesporteurs d'idées claires en tant que propriété. b) Or si les sens sont les grands porteurs d'erreur c'est bien par la puissance qu'ils développent du point de vue dela perception par l'âme.

En effet, il est remarquable de constater que la description des trois aperceptions de l'âmepar Malebranche se développe suivant une graduation tendant à faire disparaître l'objet.

Ainsi les sens ont leroyaume de l'objet, qui n'est déjà plus que traces ou souvenirs dans l'imagination et quasi absent dans l'esprit voiretotalement puisque l'esprit ne traite que de l'idée et non de l'objet pour lui-même.

Néanmoins, si les sens font la plusgrande impression c'est qu'ils nous touchent plus directement.

Ainsi l'objet qui nous frappe attire plus notreattention que l'idée de choc qu'elle vient de produire.

C'est donc la puissance de la sensation qui fait des sens cetteforce prépondérante qui peut gêner le travail du scientifique. Transition : Ainsi c'est la puissance des sens et l'actualité de leur objet qui les rendent si influent sur l'aperception de l'âme.

Dèslors, il ne faut cesser de se méfier des sens et des influences qu'ils peuvent avoir sur nous en tant que source defausseté et d'erreur.. »

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