Merleau-Ponty, La Prose du monde
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« Textes commentés 37 Dans ce texte, Merleau-Ponty exprime la solidarité entre deux idées qu'il entend refuser : l'idée que le langage donné serait insuffisant et qu'il faudrait lui substituer un langage construit (première partie), et l'idée que la pensée puisse se passer du langage (seconde partie, à partir de« c'est le verbe intérieur. .. » ). Ainsi Merleau-Ponty revient-il d'abord sur l'ambition d'une langue universelle à construire, et en dégage les présupposés : vouloir substituer au langage donné une langue universelle, c'est dénoncer les confusions du langage comme une déviance par rapport à une norme ( « à la mesure de » ; « redéfinir selon ») qui serait une norme parfaite (ce qu'exprime l'intervention de la métaphore divine). Or cette norme parfaite est introuvable ( « on ne la trouve plus ... » ), et en tant que telle elle relève de l'utopie rousseauiste du commencement, de la suppression du temps ( « arracher la parole à l'histoire » ), alors que c'est au contraire l'histoire qui fait le langage. Aussi Merleau-Ponty, dans un second temps, veut-il substituer à cette norme introuvable et utopique une autre norme (le « verbe intérieur») qui exprime l'idée qu'il n'y a pas de pensée sans langage, que la pensée est un verbe intérieur. Laissant alors de côté la question de l'origine entre Descartes et Leibniz ( « créé par Dieu ... ou préparé ... le langage en tous cas » ), et prenant acte de la sédimentation de la langue dans l'histoire, Merleau-Ponty exprime sa thèse : le langage est la doublure de l'être. Métaphore de l'intériorité et d'une distinction sans séparation, cette expression est celle de l'intimité du langage, qui n'est pas un instrument, mais le lieu même de l'intimité de l'être. Dans une tonalité finale qui rappelle assez Hegel (cf. texte n° 2) le texte se clôt sur un double renforcement de la thèse : non seulement le langage est la condition de la pensée(« on ne conçoit pas ... sans ... »), mais encore tout peut être dit, ce qui signifie qu'il n'y a pas d'ineffable, et qu'on ne peut invoquer ce dernier comme un refuge contre le langage 1 donné, ni contre le langage tout court. i »
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