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MERLEAU-PONTY: Situation du monde et liberté

Publié le 27/02/2008

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merleau
« Qu'est ce donc que la liberté ? Naître, c'est à la fois naître du monde et naître au monde. Le monde est déjà constitué, mais aussi jamais complètement constitué. Sous le premier rapport, nous sommes sollicités, sous le second nous sommes ouverts à une infinité de possibles. Mais cette analyse est encore abstraite, car nous existons sous les deux rapports à la fois. Il n'y a donc jamais déterminisme et jamais choix absolu, jamais je ne suis chose et jamais conscience nue. En particulier, même nos initiatives, même les situations que nous avons choisies nous portent une fois assumées, comme par une grâce d'état. La généralité du « rôle » et de la situation vient au secours de la décision, et, dans cet échange entre la situation et celui qui l'assume, il est impossible de délimiter la « part de la situation » et la « part de la liberté. » MERLEAU-PONTY

QUESTIONNEMENT INDICATIF    • Comment comprenez-vous : « Le monde est déjà constitué, mais aussi jamais complètement constitué. «?  • Que signifie : « Sous le premier rapport, nous sommes sollicités, sous le second nous sommes ouverts à une infinité de possibles. «?  — Quels sont ces « premier et second rapports «?  • Le « donc « est-il justifié ?  — Par quoi ?  — A condition d'admettre quoi ?  • Comment comprenez-vous : « jamais je ne suis chose et jamais conscience nue. « ?  • En quoi « La généralité du rôle et de la situation « peut-elle venir « au secours de la décision «?  • Qu'est-ce qui est en jeu dans ce texte ?  • En quoi présente-t-il un intérêt philosophique ?

merleau

« s'adapte et s'insère dans le contexte événementiel.

De ce fait, le rôle et la situation sont modulables selon cecontexte, c'est le vécu de chacun qui influence donc la décision prise, l'expérience passée conditionne ainsi notreêtre et le prédisposera a un certain choix; donc il n'y a jamais pure décision car celle-ci s'adapte à la situationdonnée. C'est ainsi que dans cet exemple du prisonnier, l'auteur nous explique que le problème de la liberté doit se poser enfonction de la part de la situation.

Toutefois, il est impossible de délimiter «la part de la situation» et «la part de laliberté», c'est là toute la complexité de savoir si la personne aurait réagit de la même manière dans une situationdifférente, savoir si c'est réellement sa liberté, sa volonté qui l'a poussée à agir de la sorte ou si dans un autre caselle aurait adopté une autre attitude et changé sa décision. Comme par exemple, la situation du prisonnier que l'on torture pour obtenir des informations illustre bien cettethéorie de «la situation».

Mais si on torture un homme pour le faire parler et qu'il refuse de céder à la violence, alorsce n'est pas une décision purement libre.

En résistant à la violence qu'on lui oppose il refuse de se livrer car il apensé aux autres résistants avec lesquels il a partagé son temps.

Il a donc refusé de céder et de donner les nomspar solidarité envers ses amis mais aussi envers al lutte qu'ils ont menée ensemble.

Merleau-Ponty explique que leprisonnier a déjà vécu a plusieurs reprises cette scène de torture en pensées, il se l'est infligées et s'est doncpréparé psychologiquement et moralement à ne pas céder à la violence.

Cette violence est pour lui l'occasion demettre en avant le fait que c'est un être de liberté et qu'il fait droit à celle-ci. Merleau-Ponty met ici en lumière la volonté de liberté de cet être de droit qui s'affirme.

Cela montre donc que cen'est jamais une conscience nue qui répond au problème de la liberté mais que l'homme véhicule en lui des penséesqui le font être avec les autres, comme l'atteste l'expression «choisir en son âme et conscience».

Le prisonnier a donc pritsa décision consciemment, en toute connaissance des répercussions de son acte de résistance, cela illustre donc savolonté de liberté.

Cet acte est mis en exergue par la citation de Descartes qui dit que «la liberté de notre volontése connaît sans preuves par la seule expérience que nous en avons» car le prisonnier avait beau a maintes reprisesse représenter cette situation de dilemme entre liberté et acceptation, entre résister et les livres, ce n'est qu'enl'ayant vécue qu'il connaît réellement sa réaction.

C'est donc son expérience qui prouve sa volonté de liberté, saliberté de volonté.

Ainsi c'est la morale du prisonnier qui le conduit à la liberté, la loi morale est intérieure, elle leguide, lui d'agir d'une certaine manière.

C'est sa conscience qui l'aide à surmonter cette épreuve, c'est une sorte deconscience d'autrui, elle l'aide à dépasser cette situation de douleur.

Ce qui l'aide à tenir c'est ce mode du «Mit-sein» qui consiste à être en accord avec soi-même, ainsi le prisonnier est connecté avec ses amis, il est dans unesolitude apparente car on être physique et sa conscience sont sous l'emprise des bourreaux; cependant il reste enrelation avec les autres résistants.

Grâce à cela il reste solidaire et s'évade de son être physique, c'est ainis laséparation entre le corps et l'esprit. En somme Merleau-Ponty montre que le prisonnier ne peut pas souffrir de la solitude car il est en mode du «Mit-sein» où sa conscience sort de son intimité pour rencontrer l'être des autres. En définitive, l'auteur dépeint ici les caractéristiques de la liberté.

Ce texte est a mettre en relation avec l'oeuvre deJP Sartre «L'être et le néant», on peut considérer le texte de Merleau-ponty comme une réponse à celui de Sartrecar il récuse ici l'idée que la liberté est un jeu à chaque instant.

Il s'oppose donc à la théorie de Sartre qui dit que«l'homme est condamné à être libre» car il est sous la contrainte malgré toute l'ampleur de sa liberté. MERLEAU-PONTY (Maurice).

Né à Rochefort-sur-mer en 1908, mort à Paris en 1961.Il fut professeur à l'Université de Lyon, à la Sorbonne, et, à partir de 1952, au Collège de France.

Disciple deHusserl, il fonda avec Sartre Les temps modernes.

Il s'est surtout occupé de philosophie psychologique, et s'estintéressé à l'existentialisme dans ses rapports avec le marxisme. Oeuvres principales : La structure du comportement (1941), Phénoménologie de la perception (1945), Humanisme et terreur (1947), Sens et non-sens (1948), Eloge de la philosophie (1953), Les sciences de l'homme et laphénoménologie (1953), Les aventures de la dialectique (1955), Signes (1961).. »

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