Mieux vaut-il être heureux ou être dans le vrai ?
Publié le 22/02/2012
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3.
Le point de vue moral
Moralement, le bonheur des autresconstitue aussi une part de nos devoirs,de même que la vérité à leur égard.
Mentirou retenir dans l'ignorance revient en effetà manquer de respect.
On manipulequelqu'un afin qu'il serve ou ne nuise pas àce que l'on juge être notre intérêt.Quoique le mensonge se fasse parfois aunom du bonheur de celui à qui on ment.
On considère en effet que la légende duPère Noël contribue au bonheur desenfants ; l'âge de l'enfance est mêmespontanément associé à celui du bonheuret de l'insouciance.
On accepte aussil'idée qu'un médecin ou la famille puissent,dans certains cas, ne pas dire toute lavérité sur les conséquences éventuellesd'une maladie, à un enfant, à unepersonne très âgée, etc.
Y a-t-il doncparfois nécessité, voire obligation morale,de ne pas être dans le vrai pour êtreheureux? Faut-il même fabuler pourépargner des malheurs?
Il.
La primauté du bonheur
1.
Le bonheur irrépressible
Dans les cas cités précédemment, on voitque la proclamation, ou non, de la véritédépend d'une certaine conception dubonheur, entendu comme insouciance, oucomme absence de tracas, en elle-mêmesujette à caution.
Mais ne procédons-nouspas toujours ainsi, y compris pour nous-mêmes? N'est-ce pas toujours laconception du bonheur qui prime sur cellede la vérité?
Si le bonheur est l'objectif ultime de tous nos désirs, il est aussi ce au nom de quoi s'établit une préférence.
Onpréfère toujours ce que l'on juge meilleur, c'est-à-dire ce qui selon nous amène au plus grand bonheur.
Or cela peutorienter notre jugement et nos actions, y compris en matière de vérité.
Épicure montre ainsi que le plaisir sert decritère à la vie bienheureuse, du fait que la première source empirique de satisfaction a été le plaisir.
Cela resteensuite comme principe de référence et de préférence pour notre existence.
2.
La vérité intéressée
La conséquence est alors que l'on peut juger vrai ce qui nous avantage du point de vue du bonheur, ce quicorrespond à nos intérêts et désirs.
Hypothèse que développe Nietzsche, dans La Volonté de puissance, en estimant que ce que l'on appelle vérité, y compris la plus haute, la vérité scientifique, ne correspond pas à la natureréelle et profonde des choses.
Mais ce ne sont que des schémas de pensée, des « métaphores», permettant de seretrouver et se repérer dans le monde afin de mieux le maîtriser, de lui faire servir nos intérêts.
Face à cela, une exigence de préférence ne peut que s'imposer.
Celle décrite par les sophistes par exemple, enparticulier Protagoras, dont Socrate se fait le porte-parole dans le Théetète de Platon : il affirme que le savant n'est pas celui qui sait la valeur ou la nature objective de chaque chose, mais celui qui fait en sorte de faire paraîtrebon à chacun ce qu'il ressentait jusqu'à présent comme mauvais.
S'il le fait au moyen de discours, c'est un savantsophiste.
Il cite l'exemple des lois : ce qui est convenable à chaque cité, ce qui est jugé meilleur, et non ce qui estjuste en soi, de façon vraie, voilà ce qui doit être préféré.
3.
La vérité inaccessible
En plus, comment savoir ce qui est vrai en soi? Dans la mesure où toute thèse peut être contrebalancée par soncontraire, il nous appartient de ne jamais considérer une valeur ou un jugement comme exacts absolument etnécessairement.
Si l'on croit en la nature intrinsèquement bonne ou mauvaise d'une chose, si l'on croit que l'on.
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