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NATURE DE LA VOLONTÉ

Publié le 09/06/2009

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L'intelligence intervient dans l'acte volontaire à la fois dans la délibération, ou examen des motifs de l'acte, et dans l'exécution, c'est-à-dire dans l'utilisation des moyens d'action. Pierre JANET insiste, dans l'Automatisme psychologique, sur le fait que « les actes volontaires sont précisément ceux qui sont déterminés par des jugements et des idées de rapport «. C'est même là selon lui ce qui permet d'opposer la conduite volontaire à la conduite automatique. Aussi s'explique-t-on la tentation à laquelle ont cédé certains psychologues de ramener la volonté à l'intelligence ; on pensera notamment à Herbart. Cette discussion perd beaucoup de son intérêt dans la mesure où il n'y a pas, dans la conscience, de facultés distinctes. Mais il y a des attitudes et des intentions différentes : la conscience qui comprend n'est pas la conscience qui agit, l'une contemple, l'autre modifie. Or tant que je reste le spectateur de mes états de conscience, je ne ressens aucune inclination à agir ; aussi ne faut-il pas confondre velléité et vouloir. C'est pourquoi nous pouvions dire plus haut que la délibération n'est pas la phase essentielle de l'acte volontaire. L'intelligence n'intervient dans l'acte volontaire que dans l'exacte mesure où celui-ci se distingue de l'acte automatique. Elle ne saurait donc en aucune façon rendre compte de son originalité propre. Quand on dit de l'acte volontaire qu'il est intelligent, cela ne signifie pas autre chose sinon qu'il est conscient. Les gens les plus intelligents ne sont pas pour autant mieux partagés sous le rapport de la volonté. Et même le développement de l'intelligence peut devenir une entrave à l'exercice de la volonté : plus je prolonge la délibération, moins je deviens capable d'agir. Les expériences de Michotte nous apportent d'ailleurs une confirmation de cette conclusion. Voici en effet, d'après Burloud, en quoi elles consistent : « On prévient les sujets qu'on leur présentera une carte portant deux nombres, et on les invite à choisir tantôt entre additionner ou soustraire ces nombres, tantôt entre les multiplier ou les diviser. On leur recommande en outre de se décider par des motifs sérieux. Ils doivent indiquer par un signal déterminé que leur choix est fait, et rendre compte ensuite de tout ce qui s'est passé en eux au cours de l'épreuve. « Sans doute peut-on reprocher à ces expériences le caractère artificiel de l'épreuve, et l'absence de motivation véritable. C'est ce qu'ont fait des psychologues comme Charles Blondel. Cependant il est intéressant de constater que de l'avis des sujets, qui s'intéressaient à l'expérience en tant que telle, le moment de la décision est sans commune mesure avec la phase préliminaire des oscillations. Il semble réfractaire à l'analyse : les sujets parlent d'une « énigme «. Si nous nous rappelons que les expériences menées par la méthode d'introspection provoquée s'appliquent à des sujets que l'on peut considérer comme des psychologues expérimentés, cet aveu nous paraît particulièrement révélateur : peut-être en effet faudra-t-il renoncer à expliquer le mécanisme de l'acte volontaire, et nous contenter d'une phénoménologie de celui-ci.

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