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N'exprime-t-on que ce dont on est conscient ?

Publié le 01/02/2004

Extrait du document

- La présupposition, dont parle Ducrot, est le plus souvent inconsciente. Et pourtant, en un certain sens, elle nous exprime. Cela peut être vrai même dans des oeuvres qui requièrent pourtant une grande vigilance critique et théorique (et donc, comme on serait tenté de le dire familièrement, un « haut niveau de conscience »). Par exemple pour Viète l'algèbre ne représentait en fait qu'un procédé de notation plus commode, sans plus, pour l'essentiel. Il ne mesurait pas (ses contemporains non plus) la différence entre elle et l'Arithmétique alors même qu'il en était l'« inventeur ».* Au niveau « gestuel ». On dit parfois que nos mains « parlent » et qu'il est tout particulièrement difficile de maîtriser cette expression (le plus souvent inconsciente) de nous-même.* Au niveau de notre « graphisme », etc.. (en art ?).

« [2.

La dialectique de l'intériorité et de l'extériorité] II existe donc un échange dynamique entre l'intérieur et l'extérieur, chacun venant influer sur l'autre et le modifier,pour aboutir à un résultat qui est la synthèse des deux: ce qui est exprimé, qui comporte des éléments appartenantà l'un et à l'autre.

On peut appeler ce mouvement une « dialectique », au sens de Hegel.

Pour celui-ci, d'ailleurs, la meilleure forme d'expression est la pensée philosophique.

Celle-ci permet defaire la synthèse entre nos sentiments et le monde extérieur grâce aux mots.Comme il le dit dans ses cours publiés sous le titre Philosophie de l'esprit, auparagraphe 463: « Nous n'avons conscience de nos pensées [...] que lorsquenous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notreintériorité, et que par suite nous les marquons de la forme externe [...].

C'est[...] le mot qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont siintimement unis.

» S'exprimer n'est donc pas la même chose quecommuniquer.

Communiquer consiste simplement à transmettre un contenu deconnaissance déjà possédé, clair et conscient, entre un émetteur et unrécepteur.

S'exprimer, au contraire, exige un travail, un effort de mise enforme.

C'est donc seulement au terme d'un effort de réflexion, qui s'appuie surune formalisation par les mots et la grammaire (dont le sens et la structurenous sont extérieurs), que nous pouvons avoir pleinement conscience de ceque nous exprimons.

Cette conscience n'est possible qu'à travers l'usage desmots et l'échange avec autrui, c'est-à-dire autant d'étapes ou de médiationsqu'il y en a dans notre éducation pour passer de l'état d'enfant à celuid'adulte: ce n'est pas une conscience immédiate.

Ainsi, pour avoir consciencede tout ce qu'on exprime, il faudrait tout connaître, avoir un esprit infini, quiaccéderait alors à la vérité grâce à une pleine adéquation entre l'intérieur etl'extérieur, ce qui est exprimé et la réalité: moment où la pensée et le mondene font plus qu'un et que Hegel nomme « l'Esprit absolu ». [3.

Existence humaine et impossible conscience absolue] Mais l'être humain ne dispose pas d'une telle capacité.

Si nous réfléchissons sur un domaine – par exemple, lagénétique – nous allons progresser dans la connaissance des phénomènes liés à ce secteur de recherche.

Lebiologiste pourra exprimer le plus clairement possible les mécanismes qui éclairent le fonctionnement de nos gènes: ilaura conscience d'une grande partie de ce qu'il exprime dans ses théories, qui correspondra à des pensées claires etdistinctes sur l'ADN.

Cette connaissance est relative à l'état de développement de la science, lié à une époque et àun lieu déterminés.

Ce n'est pas une connaissance absolue.

Dès lors il n'aura pas conscience des imperfections desa théorie et du fait que d'autres biologistes, ultérieurement, trouveront dans ce qu'il a dit des incohérences et desmotifs de transformation de cette même théorie.

D'autre part, sera-t-il pleinement conscient des usages quipourront être faits de ses découvertes et des dangers potentiels qu'elles comportent ? Einstein ne se doutait pas,au départ, que ses recherches amèneraient à la fabrication de la bombe atomique.

Par ailleurs, si on est biologisteou physicien, on n'est pas SDF ou habitant d'un bidonville.

On risque alors de parler de la misère sans savoir ce quec'est, sans avoir conscience de la violence qu'elle inflige à l'individu, que ce qu'on en dit est faux, et injuste enversceux qui la subissent.

On n'est pas non plus historien, ni juge: nos propos sur l'histoire ou sur le fonctionnement destribunaux ne risquent-ils pas d'être inconsidérés ? À tel point que l'un ou l'autre de ces personnages pourrait biennous dire: « Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous dites! » Dans toutes les paroles que nousprononçons, beaucoup de choses nous échappent parce que nous n'y avons pas assez réfléchi, que nous n'avonspas assez de connaissances sur la question.

Aussi est-il impossible à l'être humain d'avoir totalement conscience dece qu'il exprime.

Pour cela, il faudrait qu'il ait une connaissance absolue du monde et de lui-même, ce qui dépasseses capacités.Mais il y a plus.

La difficulté ne tient pas seulement à la limitation de nos connaissances et à notre ignorance sur lesdomaines les plus divers.

Il semblerait aussi que ce que nous exprimons, souvent, nous échappe pour d'autresraisons.

Le problème est alors que cela introduit des distorsions parfois considérables par rapport à nos intentionsinitiales.

Qu'est-ce qui déjoue notre volonté consciente et avec quelles conséquences? [II.

Ces dimensions expressives qui nous échappent et leurs enjeux] [1.

Le lapsus et l'inconscient freudien]. »

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