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Nietzsche: Méchanceté et esprits forts

Publié le 14/05/2005

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nietzsche
Ce qui concerne l'espèce. Ce sont les esprits forts et les esprits malins, les plus forts et les plus malins, qui ont fait faire jusqu'ici le plus de progrès à l'humanité : ils ont rallumé constamment les passions qui allaient s'endormir — toute société policée les endort —, ils ont réveillé constamment l'esprit de comparaison et de contradiction, le goût du neuf, du risqué, de l'inessayé ; ils ont obligé l'homme à opposer sans cesse les opinions aux opinions, les idéaux aux idéaux. Par les armes le plus souvent, en renversant les bornes-frontières, en violant les piétés, mais aussi en fondant de nouvelles religions, en créant de nouvelles morales ! Cette « méchanceté » qu'on retrouve dans tout professeur de nouveau, dans tout prédicateur de choses neuves, c'est la même « méchanceté » qui discrédite le conquérant, bien qu'elle s'exprime plus subtilement et ne mobilise pas immédiatement le muscle ; — ce qui fait d'ailleurs qu'elle discrédite moins fort! —. Le neuf, de toute façon, c'est le mal, puisque c'est ce qui veut conquérir, renverser les bornes-frontières, abattre les anciennes piétés; seul l'ancien est le bien ! Les hommes de bien, à toute époque, sont ceux qui plantent profondément les vieilles idées pour leur faire porter fruit, ce sont les cultivateurs de l'esprit. Mais tout terrain finit par s'épuiser, il faut toujours que la charrue du mal y revienne. NIETZSCHE

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