N’y a-t-il de sujet que par la raison ?
Publié le 04/02/2015
Extrait du document
«
Ainsi c’est ce qui a permis au positivisme d’affirmer que la science est le seul type de
pensée efficace pour établir un système rationnel de vérité sur l’homme.
Être un sujet,
c’est alors se connaître.
C’est faire preuve d’une réflexion sur soi et par là être
transparent à soi -même.
Comment sinon le sujet se différencierait -il des animaux ? Ce s derniers ont
seulement le sentiment de soi, de leur environnement, de leurs besoins , mais n’ont pas
la conscience d’eux -mêmes, c’est -à -dire le pouvoir de raisonner par retour réflexif sur
soi -même.
Selon Hegel la réflexion signifie « réduction de l’immédiat » et est une
particularité de l’homme : le sujet est celui qui ne satisfait pas ses tendances de
manière immédiate et est capable de différer leur satisfaction ou d’y renoncer.
La raison est ce qui permet à l’homme de maîtriser ces émotions.
Le
phil osophe rationaliste Descartes concède bien une place aux émotions, mais le sujet
est celui qui peut devenir « maître et possesseur de la nature » donc de sa nature.
Grâce à cette maîtrise de nos désirs, nous ne serons jamais tributaires et dépendants de
ceux- ci.
Il vaut mieux, selon Descartes, changer nos désirs plutôt que l’ordre du
monde.
La raison est un principe d’ordre qui évite que le désir ou la passion nous
aliène, en un mot nous dépossède de notre volonté.
S i les passions et les désirs
appartienne nt à l’essence de l’homme, comment et pourquoi la raison peut -elle
combattre ces premiers ? Si Hegel montre que la conscience est désir (de la
reconnaissance de l’autre selon la dialectique du maître et de l’esclave), et que le désir
humain est désir d’un autre désir, c’est pour mieux souligner que derrière ces
apparences se cache la ruse de la Raison, cette pernicieuse Raison qui va tout faire
pour arriver à ces fins car l’histoire n’est pas l’histoire d’un individu mais de
l’humanité .
Sans raison, l’homme ne serait pas un sujet moral.
Il ne disposerait pas d‘une
conscience morale, c’est -à -dire de la possibilité de juger moralement ses actes et ceux
d’autrui selon les critères du bien et du mal.
Le sujet se confond alors avec la
personne (sujet moral).
L’être humain, en tant qu’il n’est pas seulement mu par ses « inclinations »
peut agir selon sa raison selon Kant et c’est ce qui fait de lui un sujet.
Il peut faire son
devoir par devoir, c’est -à -dire accomplir une action complètement désintéressée et
inconditionnée et qui ne regarde pas la satisfaction d‘un quelconque intérêt : c’est
l’impératif catégorique, à la différence de l’impératif hypothétique lorsque l’homme
vise la réalisation d’un but précis.
La possibilité d’agir selon la représentation de la
fi n, la représentation des possibles, agir selon des principes et par devoir, tel est ce qui
fait de l’homme un sujet.
Cette compétence lui confère une dignité : la personne ne
doit jamais être traitée comme un moyen mais comme une fin en soi.
C’est la valeu r
suprême, incommensurable et absolue.
D’où la formule de Kant : « A gis de manière à
ce que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle de la nature » : le
sujet est l’auteur de son droit, il se donne la loi de son agir et accomplit son a ction par
devoir .
De même, sans raison, l’homme serait incapable de libre -arbitre et ne serait
que le jouet de déterminations et de nécessités.
Le libre -arbitre est le choix d’accepter
ou de refuser l a loi morale ce qui pourrait s’exprimer de la sorte « Tu dois donc tu
peux » (dixit Kant).
Telle est la notion d’autonomie du sujet, selon laquelle l’homme
est celui qui peut se donner sa propre loi.
C’est lui et seulement lui qui choisit d’agir
selon sa volonté .
Il prend en main son destin par ses projets.
Il s’implique totalement
dans ce qu’il décide de faire.
Il n’a « d’autre législateur que lui- même » explique
Sartre dans L’existentialisme est un humanisme .
La raison rend l’homme autonome et
entièrement responsable..
»
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