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N'y a-t-il que des passions déraisonnables ?

Publié le 03/12/2005

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Pour Hegel, l'histoire tend vers une fin qui est la réalisation de l'Esprit, l'avènement de la liberté qui se réalise dans un Etat universel où l'individu dispose du droit et de la liberté. Ainsi le passionné qui agit pour lui-même contribue à travers son action à réaliser un plan divin.  

III Les passions et la raison : deux domaines séparés ?  

A : Dans le Traité de la nature humaine, Hume montre que les passions appartiennent à des domaines différents : pour Hume la passion est un mode de penser non représentatif : une passion en elle-même ne me représente rien. On ne peut donc pas juger une passion car un jugement doit porter sur un objet ou plutôt sur la conformité de cet objet avec l'idée qu'on s'en fait. En revanche pour Hume une passion peut être déraisonnable si elle se fonde sur la supposition de l'existence d'un objet qui en réalité n'existe pas, par exemple la crainte, l'espoir ou la peur, la joie. De plus une passion est déraisonnable quand nous l'éveillons par des moyens qui sont contraires à la fin projetée. Selon Hume « il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à l'égratignure de mon doigt. Une passion doit s'accompagner d'un mauvais jugement pour être déraisonnables mais dès lors ce n'est plus la passion mais c'est le jugement qui est déraisonnable. Pour ce qui concerne la morale a l'inverse de Kant, Hume considère que toute action morale a pour principe l'amour de soi, l'intérêt et que les passions participent à la réalisation de cet égoïsme naturel.

Les passions ont un sens ambigus : dans le langage courant on considère qu’une passion confère du sens à l’existence. On entend souvent les gens conseiller à quelqu’un qui s’ennuie dans la vie de se trouver une passion. La passion du sport permet au sportif de s’accomplir, d’accepter les multiples inconvénients que cela peut aussi parfois lui procurer. Or la passion est tout d’abord un phénomène interne, c’est une émotion de l’âme ou un mouvement irraisonné qui paralyse le sujet, de sorte qu’on peut affirmer qu’une passion se subit comme l’indique son étymologie (pathos = subir, souffrir). De ce fait la passion peut occasionner des troubles en ce sens qu’elle possède complètement l’agent qui du coup devient patient, car il ne s’appartient plus, car il n’agit plus sous la conduite de la raison. Au premier abord la passion apparaît comme étant contraire à la raison, mais cela va-t-il de soi ? Autrement dit, n’y a-t-il de passion que déraisonnables ? La passion recoupe donc plusieurs sens : d’un côté elle est un moteur d’action de l’autre elle est ce qui enferme tout sujet. Faut-il donc affirmer qu’il existe de bonnes et de mauvaises passions ? En quoi la passion peut-elle s’opposer à la raison ? Peut-on se passer des passions ?

Introduction

  • I. La conception classique de la passion
  • II. L'opposition passion-raison. La passion comme une maladie de l'âme (Kant)
  • III. Les passions ne sont pas toutes mauvaises (Descartes)

Conclusion

« A : Dans le Traité des passions de l'âme Descartes réhabilite les passions en montrant qu'elles sont naturelles puisqu'elles résultent de l'union du corpsavec l'âme.

Descartes définit les passions comme des émotions de l'âmeprovoquées par le mouvement des esprits animaux ( cf art 37 ).

AvecDescartes on comprend que les passions ne peuvent pas être éradiquées carelle font partie de la vie humaine.

De plus les passions sont nécessaires àl'existence car elles permettent selon Descartes à inciter l'âme à vouloir cequi est utile et à fuir ce qui lui est nuisible ( voir art 40, 52, 137 ).

Lespassions ne sont donc pas mauvaises en elles-mêmes mais c'est plutôtl'usage que nous en faisons qui doit faire l'objet de toutes les considérations (voir art 212 ).

Descartes considère que les passions sont bonnes en elles-mêmes mais il souligne tout de même le fait que nous devons nous en rendremaître.

Par conséquent est-il impossible d'affirmer que tout emportementpassionnel est bénéfique ? B : Hegel affirme dans La Raison dans l'histoire que « rien de grand ne s'est fait dans le monde sans passion ».

Pour Hegel les passions constitue leressort subjectif qui permet l'accomplissement d'actions qui indirectementréalise la marche en avant de l'Esprit dans son entreprise de prise deconscience.

Pour Hegel, l'histoire tend vers une fin qui est la réalisation de l'Esprit, l'avènement de la liberté qui se réalise dans un Etat universel où l'individu dispose du droit et de la liberté.Ainsi le passionné qui agit pour lui-même contribue à travers son action à réaliser un plan divin. La passion a souvent été méprisée comme une chose qui est plus ou moins mauvaise.

Le romantisme allemand et, enparticulier, Hegel restituent à la passion toute sa grandeur.

Dans une Introduction fameuse (« La Raison dans l'histoire ») à ses « Leçons sur la philosophie de l'histoire » - publiées après sa mort à partir de manuscrits de l'auteur et de notes prises par ses auditeurs -, on peut lire (trad.

Kostas Papaioannou , coll.

10118): « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont participé.

Cet intérêt nous l'appelonspassion lorsque, écartant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectifavec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins.

En cesens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. » L'histoire est en apparence chaos et désordre.

Tout semble voué à la disparition, rien ne demeure : « Qui a contemplé les ruines de Carthage , de Palmyre , Persépolis , Rome , sans réfléchir sur la caducité des empires et des hommes, sans porter le deuil de cette vie passée puissante et riche ? Ce n'est pas comme devant la tombe desêtres qui nous furent chers, un deuil qui s'attarde aux pertes personnelles et à la caducité des fins particulières:c'est le deuil désintéressé d'une vie humaine brillante et civilisée. » L'histoire apparaît comme cette « vallée des ossements » où nous voyons les réalisations « les plus grandes et les plus élevées rabougries et détruites par les passions humaines », « l'autel sur lequel ont été sacrifiés le bonheur des peuples, la sagesse des Etats et la vertu des individus ».

Elle nous montre les hommes livrés à la frénésie des passions, poursuivant de manière opiniâtre des petits buts égoïstes, davantage mus par leurs intérêts personnelsque par l'esprit du bien.

S'il y a de quoi être triste devant un tel spectacle, faut-il, pour autant, se résigner, y voirl'œuvre du destin ? Non, car derrière l'apparence bariolée des événements se dévoile au philosophe une finalitérationnelle : l'histoire ne va pas au hasard, elle est la marche graduelle par laquelle l'Esprit parvient à sa vérité.

LaRaison divine, l'Absolu doit s'aliéner dans le monde que font et défont les passions, pour s'accomplir.

Telle est: « la tragédie que l'absolu joue éternellement avec lui-même: il s'engendre éternellement dans l'objectivité, se livre souscette figure qui est la sienne propre, à la passion et à la mort, et s'élève de ses cendres à la majesté ». Ainsi, l'histoire du devenir des hommes coïncide avec l'histoire du devenir de Dieu.

Etats, peuples, héros ou grandshommes, formes politiques et organisations économiques, arts et religions, passions et intérêts, figurent la réalité del'Esprit et constituent la vie même de l'absolu . « L'Esprit se répand ainsi dans l'histoire en une inépuisable multiplicité de formes où il jouit de lui-même.

Mais sontravail intensifie son activité et de nouveau il se consume.

Chaque création dans laquelle il avait trouvé sajouissance s'oppose de nouveau à lui comme une nouvelle matière qui exige d'être oeuvrée.

Ce qu'était son œuvredevient ainsi matériau que son travail doit transformer en une œuvre nouvelle. » Dans cette dialectique ou ce travail du négatif, l'Esprit, tel le Phénix qui renaît de ses cendres, se dresse chaque fois plus fort et plus clair.

Il se dresse contre lui-même, consume la forme qu'il s'était donnée, pour s'élever à uneforme nouvelle, plus élevée.

De même que le Fils de Dieu fut jeté « dans le temps, soumis au jugement, mourant dans la douleur de la négativité », pour ressusciter comme « Esprit éternel, mais vivant et présent dans le monde », de même l'Absolu doit se vouer à la finitude et à l'éphémère pour se réaliser dans sa vérité et dans sa certitude. Dès lors, ce n'est pas en vain que les individus et les peuples sont sacrifiés.

On comprend aussi que les passionssont, sans le savoir, au service de ce qui les dépasse, de la fin dernière de l'histoire: la réalisation de l'Esprit ou deDieu.

Chaque homme, dans la vie, cherche à atteindre ses propres buts, cache sous des grands mots des actions. »

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