Obéit-on ou se soumet-on à l'autorité ?
Publié le 03/12/2005
Extrait du document
L'autorité se définit par la capacité d'exercer un pouvoir et de le faire respecter par autrui. Elle désigne par extension, dans le domaine politique, le pouvoir conféré à une personne ou à un groupe d'individus de régir l'ensemble ou une partie du corps social, de régler les affaires publiques. Il s'agit ici de savoir quel rapport s'installe entre l'autorité et l'individu à laquelle elle s'applique.
La notion d'obéissance recouvre le fait de se plier à un ordre ou à une prescription. Elle suppose une sorte d'adhésion à l'ordre supérieur qui ordonne et n'est pas en ce sens exclusive de la liberté alors que la soumission semble défaire le sujet, l'individu de cette même liberté. Le littré voit dans l'acte de se soumettre, le fait de se placer sous la dépendance de quelqu'un ou de quelque chose, de se mettre sous la puissance d'autrui. On peut aussi à l'infinitif le sens de contraindre à faire quelque chose La soumission sous-entend donc une contrainte exercée sur un individu. Or, dans un premier temps, l'autorité a besoin de contraindre, de soumettre l'autre pour qu'il fasse ce qu'on exige de lui. L'autorité ne demande-t-elle pas que les sujets soient dépendants d'elle?Pourtant, l'autorité se distingue normalement de la domination qui suppose la violence. Or, l'autorité n'est pas-t-elle plutôt du côté de l'obéissance libre, de la reconnaissance de la légitimité de sa propre autorité?
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l'expérience de Milgram a montré l'extrême soumission de l'individu à ce qu'il considère comme représentant del'autorité.
L'expérience consistait à ce que l'expérimentateur( représentant officiel de l'autorité) demande puisordonne à l'individu de punir par des décharges électriques un autre individu qui répondait mal à des questions.
Alorsque celui qui recevait des décharges électriques poussait des hurlements( ne vous inquiétez pas c'était un acteur!),l'individu sujet à l'expérience continuer à faire ce que lui commander l'expérimentateur.
Il semble alors que l'individuest complètement soumis à l'autorité, c'est-à-dire qu'il se place directement sous son commandement.
Milgram metainsi en évidence un phénomène appelé de syntonisation : réceptivité augmentée face à l'autorité et diminuée pour toute manifestation extérieure et perte du sens de la responsabilité.
De même, on peut se dire que les personnes ayant exécutés les ordres du gouvernement de Vichy d'exporter les juifs, étaient totalement soumis, c'est-à-dire nepouvaient pas faire autrement que ce qu'exigeaient les autorités.
L'autorité politique, si elle veut que les individus fassent ce qu'on leur demande, doit les contraindre, les mettre soussa puissance.
Les nazis forçaient par exemple des juifs à tuer d'autre juifs en les menaçant de mort.
Il semble y avoir dans notre rapport à l'autorité une perte totale de réflexion, de liberté dans nos actions.
On ne faitque se conformer à ce qu'on nous ordonne, même si on est en désaccord avec l'autorité.
L'expérience de Milgrammontre aussi que parfois les sujets de l'expérience n'étaient pas d'accord avec les ordres mais les exécuter quandmême.
L'autorité suppose le respect et donc l'obéissance
- Pourtant, l'autorité si elle n'est pas respectée par l'individu, se transforme en domination, en tyrannie puisqu'il nes'agit plus de pouvoir suivre l'autorité, on y est forcé, déterminé par les forces extérieures.
SI l'autorité entraîne unedépendance de l'individu, il n'est plus question qu'il décide librement de suivre, de rester sous le pouvoir de l'autoritéou d'un gouvernement.
"Puisque l'autorité requiert toujours l'obéissance, on la prend souvent pour une forme de pouvoir ou de violence.Pourtant l'autorité exclut l'usage de moyens extérieurs de coercition) ; là où la force est employée, l'autoritéproprement dite a échoué." ( La crise de la culture )
- L'autorité dès lors est plus de l'ordre de l'obéissance.
En effet, cette dernière se distingue de la pure et simplesoumission par le fait qu'elle est un acte, celui de se conformer à l'ordre d'un supérieur dont l'autorité est reconnue.L'obéissance suppose donc une forme d'adhésion à l'instance qui ordonne.
J'obéis aux lois divines parce que jereconnais à Dieu une supériorité, j'adhère et je reconnais comme bonne les valeurs qu'il véhicule.
Je peux donc êtrelibre et obéir à l'autorité.
Ce qui permet d'expliquer la démocratie.
Puisqu'elle n'est pas une dictature, elle ne peutcontraindre par la force, elle doit donc se fonder sur des sujets libres qui choisissent de la respecter.
- L'efficacité de l'autorité repose sur son acceptation et les conditions minimales pour que ceci ait lieu est ce queCarl Friedrich (1972) appelle une ‘élaboration raisonnée' ; le ‘pour' et le ‘contre' des arguments justifiant l'autoritédoivent pouvoir être appréciés par les personnes y obéiront.
De même, j'obéis aux lois juridiques parce que jereconnais qu'elles sont bonnes ou que ne pas les suivre mettrait en danger la communauté ou l'ordre social.
- Dès lors, je peux choisir de ne pas obéir à l'autorité politique ou autre.
A partir du moment où j'ai assez de raison,je peux ainsi décider de ne plus obéir à mon père, de même je peux choisir de ne plus obéir, de ne plus faire ce quedemande mon maître si je juge qu'il m'ordonne des mauvaises choses.
L'autorité pour continuer à fonctionner et à ne pas tomber dans le domaine de la tyrannie doit être légitime, fondéeen raison et doit s'appuyer sur la liberté des individus.
L'autorité est la réalisation de la liberté même
- Puisque l'autorité doit être reconnue légitimité, les philosophes vont chercher un fondement légitime à l'autoritépolitique.
En effet, sans cette considération positive, les sujets peuvent refuser toute forme d'autorité.
Dès lors, ils'agit de savoir pourquoi les sujets doivent obéir.
Rousseau va être un des plus importants penseurs de ce problème.Selon lui, l'état, l'autorité doit être formée de la volonté générale et non pas de la somme de volontés particulières.Ainsi, l'obéissance des individus n'est pas l'obéissance, l'aliénation à quelqu'un d'autre mais à eux-mêmes.
Le contratsocial est un pacte que les particuliers ont conclu entre eux et qui comporte pour tous les associés l'obligation desoumettre la volonté particulière qu'ils ont en tant qu'homme à la volonté générale qu'ils ont en tant que citoyens.Cette volonté générale n'asservit donc en aucune façon, mais au contraire, elle seule garantit contre la servitude..
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