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Pascal: L'homme... n'est produit que pour l'infinité

Publié le 10/02/2011

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« L'homme... n'est produit que pour l'infinité. Il est dans l'ignorance au premier âge de sa vie ; mais il s'instruit sans cesse dans son progrès : car il tire avantage non seulement de sa propre expérience, mais encore de celle de ses prédécesseurs, parce qu'il garde toujours dans sa mémoire les connaissances qu'il s'est une fois acquises, et que celles des anciens lui sont toujours présentes dans les livres qu'ils en ont laissés. Et comme il conserve ces connaissances, il peut aussi les augmenter facilement ; de sorte que les hommes sont aujourd'hui en quelque sorte dans le même état où se trouveraient ces anciens philosophes, s'ils pouvaient avoir vieilli jusqu'à présent, en ajoutant aux connaissances qu'ils avaient celles que leurs études auraient pu leur acquérir à la faveur de tant de siècles. De là vient que, par une prérogative particulière, non seulement chacun des hommes s'avance de jour en jour dans les sciences, mais que tous les hommes ensemble y font un continuel progrès à mesure que l'univers vieillit, parce que la même chose arrive dans la succession des hommes que dans les âges différents d'un particulier. De sorte que toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement... «   

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« • Problématique sous-jacente. — Rôle déterminant de l'éducation et de l'apprentissage.

Peu de données innées (« ignorance au premier âge de lavie »). — Rejet de tout dogmatisme en matière de connaissance : à aucun moment, un homme ne peut prétendre parvenirà une théorie absolue, définitive et indépassable. — Possibilité d'une appréciation critique (relativisation) de ce que les anciens nous ont transmis.

— accomplissement progressif du savoir, impliquant une remise en question de tout principe d'autorité.

Conceptiondynamique de l'histoire des sciences. INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE DU TEXTE. • Implications multiples. — La reconnaissance d'un progrès n'implique-t-elle pas le rejet de tout principe d'autorité? Ce rejet peut-il valoirailleurs que dans la pensée scientifique? — Peut-on appliquer l'évolutionnisme du texte à d'autres domaines (traditions morales ou politiques, droit, valeurssociales, etc.) ? — Rapport entre l'inné et l'acquis: caractère foncièrement éducable de l'homme. • Quelques éléments de réflexion utiles. — le contexte du passage proposé : Pascal, dans sa Préface au Traité sur le vide, s'efforce de démontrer qu'il estpossible de contredire les «Anciens» (c'est-à-dire, en fait, les autorités admises) sur un point qui relève de la raisonet de l'expérience : le problème de l'existence du vide.

Alors que l'opinion commune, ainsi que les principales«autorités intellectuelles» de l'époque, s'en tenaient au fameux dogme aristotélicien selon lequel « la nature ahorreur du vide », Pascal devait établir, à l'aide d'un calcul rigoureux et d'expériences célèbres (Puy de Dôme),l'existence incontestable du vide.

Ce n'est pas faire injure aux Anciens que de remettre en question leurs croyances,là où le libre examen et l'expérience raisonnée peuvent avoir libre cours, c'est-à-dire essentiellement, pour Pascal,dans le seul domaine des sciences physiques (N.

B.: dans le même texte, Pascal réaffirme la validité du principed'autorité concernant l'histoire, la théologie, et la jurisprudence.

C'est à Spinoza qu'il reviendra d'étendre le principede raison et de libre examen, c'est-à-dire d'élucidation critique, à tous ces domaines : cf.

sur ce point Traitéthéologico-politique, chapitre VII, Éditions Garnier-Flammarion). — les implications épistémologiques. La réflexion sur le dynamisme de l'esprit scientifique met en évidence « l'inertie des idées admises» (Bachelard).

Lesthéories constituées, lorsqu'elles passent pour définitives, représentent des obstacles qui entravent le progrès.

D'oùl'exigence d'une vigilance critique, voire d'une pensée polémique pour briser les tendances de toute théorie à seconstituer en scolastique (dogmes absolutisés).

cf.

Bachelard: La philosophie du non (Presses Universitaires deFrance) et La formation de l'esprit scientifique (Éditions Vrin).. »

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