Pascal: raison, ordre et philosophie
Publié le 01/08/2011
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Pascal plaira toujours aux esprits libres, par une manière de croire et de ne pas croire : « Il ne faut pas dire au peuple que les lois ne sont pas justes. « Mais enfin il Va dit; puisqu'il a dit qu'il ne fallait pas le dire. Pour lui seul, à ses notes, à son bonnet ; mais c'était encore trop.

«
De cette période datent ses réflexions sur l'esprit géométri-
que (1658).
Ses dernières années sont consacrées à la
préparation d'une Apologie de la religion chrétienne, que la I
mort l'empêche d'achever.
Les notes et brouillons destinés à
cet ouvrage constituent les Pensées.
« Il faut avoir ces trois qualités, pyrrhonien, géomètre,
chrétien soumis » avait écrit Pascal, comme s'il parlait de /
lui (Pensées et opuscules, éd.
Brunschvicg, Hachette,
n° 268
; « pyrrhonien » veut dire « sceptique », au sens fort).
Marquée par ces trois qualités, contrastée, l'œuvre de ,
Pascal reste en suspens : à l'exception des traités scien- )
tifiques, et dans une certaine mesure des Provinciales,
aucun de ses textes n'est achevé; ses découvertes scien-
tifiques elles-mêmes, il ne les parfait pas
; il n'en systéma-
tise pas les procédés pour les transformer en méthode
(d'autres, partant de ses découvertes, le feront après lui).
Bref, l'ensemble ne ressemble guère, de prime abord, à ce
qu'on appelle « œuvre » pour un philosophe.
=
/
L'ordre ne peut Disparate et incomplète, cette œuvre
être gardé trouve pourtant son unité : elle est, y
compris les ouvrages mathématiques et
physiques, une interrogation sur l'idée d'ordre.
L'idée cen-
trale est nette : « les hommes sont dans une impuissance
naturelle et immuable de traiter quelque science que ce soit
dans un ordre absolument accompli »
(De l'esprit géométri-
que, éd.
Brunschvicg, p.
167).
L'ordre absolument accompli
consisterait à définir tous les termes dont on se sert dans
une démonstration, et à démontrer toutes les propositions :
tout définir, tout prouver.
Mais « il est évident que les
premiers termes qu'on voudrait définir en supposeraient de
précédents pour servir à leur explication, et que de même
les premières propositions qu'on voudrait prouver en suppo-
seraient d'autres qui les précédassent
; et ainsi il est, clair
qu'on n'arriverait jamais aux premières » (ibid.).
Il faut
donc admettre des axiomes et des termes non-définis : c'est
l'ordre géométrique (ce que nous appelons aujourd'hui une
axiomatique), qui est « le plus parfait entre les hommes »,
mais qui est en soi inférieur à l'ordre idéal.
« Ce qui passe
la géométrie nous surpasse » (p.
165).
L'homme a ainsi
l'idée d'un ordre sur-géométrique auquel il ne peut attein-
dre.
Quant aux raisonnements qui ne peuvent se mettre
sous forme géométrique, ils sont condamnés à un ordre plus
imparfait encore : « Je sais un peu ce que c'est » dit Pascal
en parlant de l'ordre géométrique, « et combien peu de gens
l'entendent.
Nulle science humaine ne le peut garder (...) La
mathématique le garde, mais elle est inutile en sa profon-
deur » (.Pensées, B.
61).
L'impossibilité de suivre l'ordre.
»
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