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Pascal: vérité et démonstration en physique

Publié le 22/01/2012

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Texte étudié:

Dans toutes les matières dont la preuve consiste en expériences et non en démonstrations, on ne peut faire aucune assertion universelle que par la générale énumération de toutes les parties ou de tous les cas différents. C'est ainsi que, quand nous disons que le diamant est le plus dur de tous les corps, nous entendons de tous les corps que nous connaissons, et nous ne pouvons ni ne devons y comprendre ceux que nous ne connaissons point ; et quand nous disons que l'or est le plus pesant de tous les corps, nous serions téméraires de comprendre dans cette proposition générale ceux qui ne sont point encore en notre connaissance, quoiqu'il ne soit pas impossible qu'ils soient en nature. De même quand les anciens ont assuré que la nature ne souffrait point de vide, ils ont entendu qu'elle n'en souffrait point dans toutes les expériences qu'ils avaient vues, et ils n'auraient pu sans témérité y comprendre celles qui n'étaient pas en leur connaissance. Que si elles y eussent été, sans doute ils auraient tiré les mêmes conséquences que nous et les auraient par leur aveu autorisées à cette antiquité dont on veut faire aujourd'hui l'unique principe des sciences.

C'est ainsi que, sans les contredire, nous pouvons assurer le contraire de ce qu'ils disaient et, quelque force enfin qu'ait cette antiquité, la vérité doit toujours avoir l'avantage, quoique nouvellement découverte, puisqu'elle est toujours plus ancienne que toutes les opinions qu'on en a eues, et que ce serait ignorer sa nature de s'imaginer qu'elle ait commencé d'être au temps qu'elle a commencé d'être connue.

Blaise Pascal est connu comme un génie précoce du XVIIe siècle, grand mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien français. Il a écrit entre autres La Préface du Traité du Vide dont seuls des fragments ont été retrouvé. Dans celui-ci, on retrouve les principes de la recherche scientifique: refus de l'autorité, expérimentation, volonté de progrès dans les sciences.

Pascal y expose l'idée selon laquelle nous ne pouvons établir de lois universelles en physique notamment car nous ne pouvons parler que des domaines que nous connaissons. Selon lui, ce n'est pas parce que quelque chose n'a pas été découvert qu'elle n'existe pas.

C'est dans cette optique, qu'il explique que nous pouvons réfuter certains théorèmes et faits énoncés précédemment sans dire qu'ils sont faux. Nous devons réduire leur champ d'action et d'application à ce que nous connaissons.

Nous pouvons alors nous demander comment atteindre la vérité en physique?

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« Nous pouvons alors nous demander comment atteindre la vérité en physique?Pour répondre à cette question nous étudierons le texte sous trois angles.

Tout d'abord nous parlerons des vérités relatives (lignes 1 à 11 ), puis nous évoquerons la question de l'autorité ( lignes 12 à 19 ) et enfin nous étudierons cette vérité qui necesse d'évoluer ( lignes 20 à la fin ).

Dès la première ligne, Pascal utilise les termes «expérience» et «démonstration», mais quelle est la différence entre lesdeux? L'expérience c'est ce que nous acquérons au contact du monde extérieur.

Le mot expérience découle du latin"experienta" qui signifie essai, épreuve; cela montre que l'expérience est quelque chose dont nous faisons l'épreuve.

Onoppose régulièrement ce terme à celui de théorie qui désigne l'ensemble des idées élaborées par la raison.

Selonl'empirisme, l'expérience vient de la perception, de nos sens, elle est direct.

Selon le rationalisme, l'expérience est liéed'une façon inextricable à la raison, à nos concepts ce qui nous permet d'être objectif.

La démonstration, qui vient du latin "demonstratio": action de montrer, de faire voir, déduction, est au sens commun uneopération qui permet d'établir la vérité d'une thèse de par des expériences ou de par un raisonnement solide et logiquementincontestable.

Aristote l'appelle syllogisme, c'est-à-dire, « Un discours dans lequel, certaines choses étant posées, quelquechose d’autre que ces données en résulte nécessairement par le seul fait de ces données.

Par le seul fait de cesdonnées : je veux dire que c’est par elles que la conséquence est obtenue.

» ( Aristote, Premiers Analytiques).

Doncun syllogisme est un raisonnement par déduction, qui donne une connaissance, et qui, à partir de deux prémisses permet detirer une conclusion.

Enfin, philosophiquement, une démonstration est l'établissement d'une loi, d'une théorie ou d'un faitaux moyens de procédés qui par leur rigueur permettent de les rendre indubitables.

Une démonstration est la base d'unecertitude, aussi bien dans les sciences, qu'en philosophie.

Cependant il faut garder à l'esprit que n'importe quelledémonstration que ce soit logique, mathématique ou philosophique est toujours fondée sur des vérités premièresindémontrables.

Maintenant que nous avons fait la différence entre expérience et démonstration, nous pouvons voir que Pascal donne deuxexemples pour illustrer sa thèse.

Celui du diamant: « le diamant est le plus dur de tous les corps, nous entendons de tous lescorps que nous connaissons» (l.5-6) et celui de l'or: « l'or est le plus pesant de tous les corps, nous serions téméraires decomprendre dans cette proposition générale ceux qui ne sont point encore en notre connaissance » (l.8-10).

L'auteur a choiside se restreindre à deux exemples car ceux-ci sont clairs et explicites et peut être aussi pour éviter de perdre le lecteur dansune accumulation d'exemples mais il aurait très bien pu parler du Soleil qui est le plus gros objet du système solaire connu àce jour.

Notons que dans chacun des exemples l'auteur prend garde à ne pas généraliser ce qu'il dit, il fixe des limites àl'étendue de leur champ d'application.

Nous pouvons dire qu'il relativise les vérités qu'il énonce.

Une vérité relative estl'inverse d'une vérité absolue.

Cela rappelle la pensée des Sceptiques, des Empiristes, des Sophistiques,...

qui parlent derelativisme.

Selon eux, il n'existerait pas de vérité préexistant à toute théorie scientifique, ou bien, aucune vérité définitivene pourrait être connue.

Nous remarquons que dans le paragraphe suivant, il est question de la Querelle des Anciens et des Modernes.

Cette querellea pour origine la remise en question d'abord littéraire puis générale des auteurs, penseurs, scientifiques de l'Antiquité.

Elle aopposé notamment Boileau, La Fontaine ou encore Racine à Perrault, Diderot, Descartes.Les Classiques ou Anciens menés par Boileau, soutenaient une conception de la création littéraire comme imitation desauteurs de l’Antiquité.

Cette thèse était fondée sur l’idée que l’Antiquité grecque et romaine avaitatteint une fois pour toutes la perfection artistique.

Le choix par Racine pour ses tragédies de sujets antiques déjà traités parles tragédiens grecs illustre cette conception de la littérature respectueuse des règles du théâtre classique élaborées par lespoètes classiques à partir de la Poétique d’Aristote.En face, les Modernes, représentés par Charles Perrault, qui soutenaient le mérite des auteurs du siècle de Louis XIV,affirmaient au contraire que les auteurs de l’Antiquité n’étaient pas indépassables, et que la création littérairedevait innover.

Ils prônaient une littérature adaptée à l’époque contemporaine et des formes artistiques nouvelles.La plupart du temps, les anciens dont il est question dans le texte (à la ligne 12 par exemple), évoquent les Grecs Anciens.

Eneffet, ils ont une importance fondamentale dans l’évolution des sciences.

Ils ont notamment fait progresser lesmathématiques (trigonométrie, géométrie), la physique (avec Aristote), la chimie, l’astronomie et la géographie (avecPtolémée), la météorologie, la zoologie (classification du règne animal par Aristote), la botanique (avec Théophraste etDioscoride), la médecine (avec Hippocrate), l’anatomie et la physiologie.Ces sciences atteindront un niveau qui ne sera dépassé qu’à la Renaissance.

Les sciences physiques notamment sontlongtemps restées basées sur des fondements aristotéliciens, qui n'ont commencé à être abandonnés qu'au XVIIe siècle avecla naissance de la physique classique.

Comme avec l'exemple utilisé par Pascal: l'existence du vide (ligne 13).A l'Antiquité, les scientifiques avaient établis que le vide ne pouvait être.

Mais en septembre 1948, en s'appuyant sur lestravaux de Galilée et de son disciple Toricelli (inventeur du baromètre) notamment, Pascal fait réaliser ce qu'on appellel'expérience du Puy de Dôme: selon ces observations, la couche atmosphérique étant moins épaisse en altitude qu’auniveau de la mer, si on fait « l’expérience du vide » au sommet d’une montagne, le mercure s’élèvera. »

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