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Physique et expérience : la Préface sur le Traité du Vide de Blaise PASCAL

Publié le 16/01/2020

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Les recherches physiques de Pascal donnent aussi naissance à une véritable réflexion sur la méthode expérimentale et le « nouvel esprit scientifique ». Ainsi, la préface (fragmentaire) qui seule subsiste du Traité du Vide où Pascal comptait consigner l’essentiel de ses résultats, constitue-t-elle l’une des premières chartes de la pratique expérimentale.

Ce texte ne saurait en effet se réduire à une pièce supplémentaire versée au dossier du conflit entre les anciens et les modernes. Qu’expérience et raison aient parti fié contre l’autorité, c’est ce qu’illustre l’affaire Galilée dont Pascal prend à témoin le Siderus Nuntius. Et cette référence ne saurait être innocente car se réclamer de Galilée (que Pascal connaissait sans doute à travers son traducteur le Père Mersenne), c’est se réclamer d’une nouvelle conception des rapports de la raison et du réel : celle qui précisément a permis outre monts la naissance d’une science géométrisée du mouvement des graves, conjuguant la rigueur de l’expérience et la nécessité mathématique. Comme l’explique très bien M. Clavelin, Galilée « aussi éloigné de la spéculation a priori que de la simple description... s’efforce dans chaque cas d’élaborer un système conceptuel où la nécessité rationnelle remplace délibérément la causalité physique » (1). Expliquer c’est rapporter chaque effet à un principe et, d’une certaine façon, parce que le réel est comme accordé à la raison mathématique, expliquer c’est faire d’un problème de physique un problème de mathématique. De ce point de vue, le Traité de l’équilibre

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« s'agit d'une conviction et que la conviction née de la démonstra­ tion géométrique n'assure point de la vérité.

Parce qu'il faut retenir les leçons de l'expérience, désormais l'attitude d'une science à l'égard des faits se jugera à sa capacité d'accueillir la nouveauté qui contraste avec la fuite des scolas­ tiques retranchés derrière l'argument d'autorité.

De là décou­ lent au moins deux conséquences : -- la première est que la science croît toujours en proportion des expériences nouvelles ; - ·la seconde est que l'on ne peut assurer l'absolue vérité d'une loi inductive (c'est pourquoi, pour Pascal, les seules épreuves définitives sont les essais de réfutation comme le montre la série des huit propositions négatives qui constituent la seconde partie des Expériences Nouvelles).

Sans doute Pascal sait-il qu'il y a un décalage entre les deux mondes de la nature et de la géométrie, qu'il existe une spécificité du phénomène physique avec laquelle il faut bien compter.

On lui a parfois reproché de n'avoir point réalisé effectivement les expériences qu'il décrit.

Ce qui est sans doute exact.

Nous dirions pour sa défense que c'est avec la raison que l'on expérimente et qu'en ce sens l'expérience idéale reste une " expérience de pensée » ...

De fait les expériences décrites dans le Traité de l'équilibre des liqueurs sont plus celles d'un mathématicien que celles d'un physicien auquel, en ce milieu du XVII" siècle, un artisan eut été bien en peine de fournir tout l'appareillage nécessaire ...

Nous l'avons déjà dit : Pascal sait fort bien qu'expliquer ce n'est pas simplement restituer les phénomènes dans leur dernier détail, mais surtout rendre intelligible leur production afin que la raison, exerçant son véritable pouvoir, soit à même d'anticiper l'expérience.

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