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Penser, est-ce nécessairement juger ?

Publié le 05/03/2009

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Pour Alain, la pensée est indissociablement un jugement. Car, pour lui, toute conscience est toujours déjà morale. Avec ce sujet, paraphrasant la pensée alinienne  il convient de se demander quelle est l'essence de la pensée, son but, sa finalité. L'acte de penser peut-il se réduire au simple fait de juger ? Un contenu de pensée peut-il être objectif ou neutre ? Existe-t-il une réflexion purement descriptive et informative ? Dès lors, le jugement scientifique n'a-t-il rien à voir avec la morale ?  Cependant, la définition d’une pensée qui ne serait que jugement n’est-elle pas restrictive et proprement impossible si l’on considère la constance de l’activité intellectuelle ? 

 

« affirmation naîtra d'ailleurs en 1660, La grammaire générale et raisonnée de la langue française, modèle linguistique moderne dont l'influence s'étend encore aujourd'hui.

C'est la question de savoir comment fonctionne l'esprit humain,l'entendement qui guide cet ouvrage à travers son étude, sa recherche de ce qui se trouve au fondement de toutesles langues.

Selon son hypothèse sur la philosophie de l'esprit, le langage n'est qu'un moyen de la pensée qui luipréexiste.

Aussi, les étapes du langage que détermine l'ouvrage sont donc applicables à la pensée même.

Auconcevoir, fait de se donner un objet de penser, correspondent les noms, adjectifs, pronoms qui représentent lesidées conçues.

Au juger, mise en relation de deux idées préalablement conçues correspond le verbe.

Enfin àl'analyse logique correspond la mise en forme syntaxique.

Ce travail de recherche des conditions du fondement dulangage en tant qu'expression de la pensée, propose donc une théorie de la cognition sur le modèle des règles de lasyntaxe.

Or, puisque « Dans toute phrase, puisque toute phrase (proposition) est la réalisation linguistique d'unjugement, toute proposition comporte nécessairement les trois ingrédients suivants : un sujet, un attribut et unverbe », la forme même de la pensée directement déduite du processus du jugement. Cependant, la définition d'une pensée qui ne serait que jugement n'est-elle pas restrictive et proprement impossiblesi l'on considère la constance de l'activité intellectuelle ? Par ailleurs, comment l'exercice de la vie quotidienne est-ilpossible si elle est régentée par la lenteur d'une pensée analytique ? Si la vérité de la pensée doit selon Descartes, obéir à des lois universelles, selon le philosophe et ethnologue Claude Lévi-Strauss dans La Pensée Sauvage écrite en 1962, il existe non pas un seul « je pense », mais également un « ça pense ».

Partant du principe que l'activité intellective répond aux exigences de la science en se conformantà des règles afin de construire des concepts et déterminer des objets de pensée, il dénonce celle-ci commedomestiquée.

À l'inverse, la « pensée sauvage », c'est-à-dire à l'état sauvage, se veut libre des impératifs de lascience sans pour autant renoncer à une logique rigoureuse et classificatrice.

Celle-ci construit en effet sondomaine de connaissance à partir de l'étude de la nature et des enseignements tirés de l'expérience des sociétéshumaines, mais elle l'organise en vue d'une finalité du mythe, dans le but de rendre intelligible la condition humaine.Afin de donner l'illusion d'un équilibre malgré l'impossibilité de connaître la nature et le monde dans sa totalité etcomprendre ses contradictions, la « pensée sauvage » associe le sensible et l'intelligible, l'imagination etl'abstraction, l'humanité et l'animalité par le biais du « bricolage » du mythe.

Fondant ses valeurs sur l'établissementde relations harmonieuses avec le sacré, cette activité intellective dominée par l'espoir, relève donc plusspécifiquement de l'imagination.

En effet, même si elle donne lieu à l'émission d'opinions favorables ou défavorablessur quelque chose, l'application de son raisonnement devra toujours viser cette finalité totalement subjective dumythe sur lequel elle ne pourra d'ailleurs jamais se permettre d'énoncer un jugement.

Aussi, en résulte-t-il unrelativisme de toutes les assertions qui pourront toujours être affirmées en même temps que leur contraire afin deservir cet idéal et ne jamais le contredire. D'autre part, si l'on s'intéresse au domaine pratique, comment qualifier cette pensée capable de régir quasi simultanément l'activité du corps ? Il ne peut être ici question de l'associer au préjugé dans la mesure où, de sonactivité résulte une indéniable performance qui permet à l'homme d'accomplir les actes les plus simples nécessaires àl'accomplissement de son quotidien.

Cette interrogation du rapport entre la pensée et le corps fera ainsi l'objet d'uneétude dès 1807 avec la publication de la Phénoménologie de l'Esprit de Hegel.

Point de départ d'une réflexion importante qui va redynamiser toute la philosophie occidentale contemporaine, la phénoménologie, « science desphénomènes », va reposer avec Heidegger la question de l'Être en refusant la structure scientifique car selon lui :« la science ne pense pas ».

C'est alors dans la pratique, par l'action immédiate de l'inconscient que le philosophedéfinit l'activité intellective dans ses Essais et Conférences : « Qu'est-ce que penser ? ».

Prenant comme exemple l'apprentissage de la nage, aujourd'hui objet d'une discipline olympique qui nécessite une technique élaborée dont lasynchronisation des mouvements et la maîtrise du souffle, le philosophe déclare que seule la pratique, en offrant uneconnaissance directe de l'élément dans lequel elle s'effectue, peut en permettre l'assimilation.

Aussi, selon lui, « Lapensée est ainsi cette présentation du présent, qui nous livre la chose présente en sa présence et qui la place ainsidevant nous, afin que nous nous tenions devant elle et que, à l'intérieur d'elle-même, nous puissions soutenir cettetenue (…) la présentation est donc représentation ».

C'est ici toute la tradition épistémologique de l'être commeseule affirmation d'un prédicat qui est remise en cause.

En effet, Heidegger veut repenser le phénomène de lacopule dans toute son effectivité, l'étant en train de se faire et selon lequel la pensée serait alors pure réactivité,conscience au « monde de la vie ». Si l'on se place enfin du point de vue de l'Histoire, de l'évolution de l'homme à travers les âges, tous les avis s'accordent pour attribuer le progrès de notre civilisation à la supériorité intellective de l'homme.

Cependant, il seraitdifficile d'imaginer l'aspect élaboré et rigoureux de la pensée cartésienne comme seul vecteur d'un développement audépart, nécessairement balbutiant.

Aussi la « pensée sauvage » et la pensée heideggerienne, peuvent-elles toutesdeux être considérées comme fondement indispensable du processus de la pensée humaine.

En effet, afin d'arriver àpouvoir formuler des hypothèses et de réels jugements, encore faut-il pouvoir s'appuyer sur un ensembled'observations qui tient lieu de première base de la connaissance.

D'autre part, si l'homme est reconnu comme dotéd'une faculté supérieure due à sa nature d' « animal politique » ainsi que le décrit Aristote, c'est à cause de savolonté et capacité à s'organiser en fonction de son environnement dans un but d'adaptation.

Mais si l'activité de sapensée a évolué au cours des époques et s'est rendue capable de mesure dans tout son aspect scientifique, il estimpossible d'oublier que son savoir repose en premier lieu sur l'élaboration de mythes qui ne souffrent aucunequestion, ainsi que sur un rapport au monde plus proche du réflexe que de l'analyse et qui pourtant lui ont permis undevenir.

Par ailleurs, si l'on considère la découverte cartésienne comme le stade de l'aboutissement de la pensée. »

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