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Percevoir est-ce connaître ?

Publié le 25/01/2004

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« Ce n'est pas parce que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc qu'en disant que tu l'es nous disons la vérité » (Aristote). Puisque, s'il est vrai que tout est vrai, le contraire de cette affirmation ne saurait être faux, le relativisme trouve sa vérité dans le scepticisme. Dire que tout est vrai, c'est dire tout aussi bien que tout est incertain et que rien ne peut être dit vrai. Il apparaît que le scepticisme comme le relativisme est une position intenable. Dès qu'il se dit il se contredit. Enfin, la perception, chacun en a fait l'expérience, nous donne une image déformée de la réalité.Les sens nous trompent et le bâton plongé dans l'eau est perçu comme courbé alors que nous savons qu'il est droit ; de même la tour qui de loin paraissait ronde est en fait carrée. Le soleil est perçu comme se levant à l'horizon, et comme tournant autour de la terre.Toutes ces perceptions ne sont pas des connaissances mais des illusions, et les jugements que l'on porterait en prenant pour point de départ la perception ne sauraient valoir comme connaissance.B - LA PERCEPTION, CONNAISSANCE SUBJECTIVE ET TROMPEUSE.

« " N'arrive-t-il pas quelquefois qu'exposés au même vent, l'un de nous afroid, et l'autre, non ; celui-ci légèrement, celui-là violemment ? En cecas, que dirons-nous qu'est le vent pris en lui-même, froid ou non froid ?Ou bien en croirons-nous Protagoras et dirons-nous qu'il est froid pourcelui qui a froid, et qu'il n'est pas froid pour celui qui n'a pas froid ? [Maisdans ce cas,] il n'y a rien qu'on puisse dénommer ou qualifier de quelquemanière avec justesse.

Si tu désignes une chose comme grande, elleapparaîtra aussi petite, et légère, si tu l'appelles lourde, et ainsi du reste[...] " PLATON Dans ce passage du Théétète, l'entretien porte sur la nature de la science.

Alorsque Théététe vient de défendre sa position - "la science n'est pas autre choseque la sensation"- Socrate lui répond que cette affirmation est semblable à cellede Protagoras, célèbre sophiste, pour qui "l'homme est la mesure de toute chose". Problématique. Le point de départ de Théétète : la science n'est rien d'autre que la sensation .

Autrement dit, à chacun sa vérité, chacun a le droit de penser que le vent est chaud ou froid.

Socrate le suit alors sur cette logique,pour aboutir à un résultat absurde : s'il en est ainsi, on ne peut rien dire du tout de quoi que ce soit,puisqu'une chose peut être à la fois grande et petite, légère et lourde.

Ce passage constitue donc uneréfutation de l'empirisme et du relativisme.

Pour connaître, il faut dépasser et la sensation et l'opinion subjective, il faut parvenir à l'objectivité de la vérité. Enjeux. Les caractéristiques retenues par Socrate (le chaud, le lourd) sont précisément des valeurs relatives àl'observateur.

Mais ce n'est pas un argument contre la thèse de Socrate, puisque le vrai problème, celui quisera posé et résolu par la physique moderne, consistera à s'émanciper de ces caractères relatifs pour penserla notion de chaleur ou de masse, donnant ainsi raison à Socrate : il n'y a pas de contraire de la chaleurcomme il n'y a pas de corps légers, mais seulement des corps de moindre masse. Le sophiste Protagoras, écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvaitfaire deux discours exactement contraires, et il usa de cette méthode ».Selon Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, decelles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Nonpas, semble-t-il, par référence à un sujet humain universel, semblable en un sens au sujet cartésien oukantien, mais dans le sens individuel du mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est laréalité même » (Aristote, « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses enchaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent »(Platon, « Théétète », 152,a).Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité des opinionsindividuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient à poser que « la même chosepeut, à la fois, être et n'être pas » (Aristote).

C'est donc contredire le fondement même de toute penséelogique : le principe de non-contradiction., selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienneet n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ».

Or, un tel principe en cequ'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.

En effet, d'une part, s'il était démontrable, ildépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitement le rejet du principe contraire etse fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition deprincipe ; et d'autre part, réclamer la démonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est fairepreuve d'une « grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'yaurait pas démonstration ».

C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c ‘est direaussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui lefonderait, au sens fort du terme.Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que lamême chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement quelque chose ».

Le point de départ,c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour soninterlocuteur.

Or, précisément, affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer aulangage.

Si dire « ceci est blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.

Le négateur du principede contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout échange depensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même ».

En niant ce principe, il nie corrélativement sapropre négation ; il rend identiques non pas seulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'ilémet, n'ayant plus de sens définis, ne sont que des bruits.

« Un tel homme, en tant que tel, est dès lorssemblable à un végétal.". »

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