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Peut-il exister un acte libre ?

Publié le 07/12/2005

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Prenons comme exemple une action morale, un homme refuse de faire un faux témoignage alors que s'il refuse on le tuera, cet acte pourrait constituer un exemple d'acte libre puisque en refusant de faire ce faux témoignage l'homme va contre son intérêt et agit conformément à la morale qui proscrit le mensonge. Cependant rien ne peut nous garantir que c'est bien le respect de la morale qui a guidé notre homme, c'est peut-être également l'ambition personnelle, celui-ci pouvait voir dans son refus un acte qui ferait de lui un héro. On voit donc que l'opacité des motifs de l'action d'autrui empêche de dire avec certitude que son action est libre c'est-à-dire qu'elle ne suit aucun intérêt. Cette opacité est valable vis-à-vis de soi, on ne sait jamais en agissant en accord avec la morale si ce n'est pas autre chose, un intérêt, qui nous fait agir. Cette opacité concernant les intentions est souligné par Kant dans les premiers paragraphes de la deuxième section des Fondements De La Métaphysique Des Moeurs. Pour être libre un acte doit s'affranchir de tout intérêt, or quand un homme agit, il ne peut garantir de la pureté de son intention, c'est-à-dire qu'il ne peut pas lui-même garantir qu'aucun intérêt n'a déterminé son comportement. Cependant si on ne peut prouver qu'un acte est libre peut-on prouver le contraire ? L'impossibilité va dans les deux sens il est exclu de prouver qu'un acte est libre de même qu'il ne l'est pas, un acte libre est un acte sans cause recourir à la preuve pour affirmer l'existence d'un tel acte est absurde puisque on sait que l'on trouvera une cause. L'absurdité qui consiste à prouver la liberté vaut également lorsque l'on cherche à nier la liberté. Kant dans la Critique de La Raison pure (dialectique transcendantale) a pour objectif de rendre caduque toute démonstration de la liberté ou de son impossibilité.

Un acte libre est un acte qui est effectif, qui a des conséquences, qui est le début d’une chaîne causale, sans être lui-même causé pour autant. En effet si un acte a une cause comment peut-il être libre puisque du fait de cette cause cet acte n’aurait pas pu ne pas être ? Un acte nécessaire ne peut plus être qualifié de libre, or si une cause précède un acte elle le rend nécessaire. Dès lors rechercher un acte libre consiste bien à rechercher un acte sans cause. Mais prétendre à l’existence d’un tel acte n’est-ce pas s’affranchir du déterminisme universel selon lequel tout ce qui cause quelque chose est lui-même causé ? Le problème semble bien être de prouver l’existence d’un tel acte. De plus c’est un problème moral qui est posé si l’on considère les conséquences ultimes du problème. En effet la morale exige de l’homme qu’il agisse selon le devoir et donc librement, c’est-à-dire non pas selon les conditions extérieures qui le déterminent mais selon ce qui est juste. La morale semble donc fondée sur la possibilité d’actes libres puisqu’elle exige de l’homme qu’il agisse indépendamment de ce qui le détermine. Or si un acte libre ne peut exister comment l’exigence de la morale pourrait avoir un sens ? Comment reprocher à un homme sa manière d’agir si celui-ci n’est pas libre d’agir ? En conséquence l’enjeu est de savoir si la morale peut perdurer malgré la difficulté de prouver la possibilité d’un acte libre, possibilité qu’elle requiert.

« Dans une perspective théologique si Dieu décide de tout, si celui-ci a tout prévu, alors comment pourrions nous êtreconsidérés comme agissant librement ? Selon Leibniz (discours de métaphysique § 13) un être omniscientconsidérant un être à un instant t pourrait déduire tout ce qui arrivera à cet être.

C'est la limitation de l'entendement humain qui interdit aux hommes une telle déduction, le cours des choses n'est incertain que du pointde vue des hommes, pour Dieu le cours des choses est prévu de toute éternité.

Mais Leibniz n'aboutit pas à uneconclusion spinoziste, que l'ordre des choses soit établit de toute éternité ne supprime en aucune façon la libertédes hommes.

Le raisonnement de Leibniz repose sur une distinction entre ce qui est certain et ce qui estnécessaire.

Est nécessaire quelque chose qui ne peut pas ne pas être, c'est-à-dire quelque chose dont le contraireest contradictoire (ex : 2+2=4 voilà quelque chose de nécessaire).

Est certain ce qui sera mais dont le contrairereste possible (la chute de l'empire romain est certaine mais pour autant le contraire n'est pas inconcevable, alorsque 2+2=5 est inconcevable).

Leibniz donne cet exemple :Que César franchisse le Rubicon, cela est certain avant même que César ne l'ait franchi mais cela n'est pasnécessaire.

En effet il est concevable que César ne franchisse pas le Rubicon, bien qu'il est certain que cela ne seproduira pas.

On voit avec cet exemple que nécessaire et certain ne se recoupent pas absolument, il y a deschoses certaines qui ne sont pas nécessaires, c'est-à-dire qu'il y a des choses certaines dont le contraire resteconcevable.Que doit-on en conclure ? Ce qui nous importe, c'est la possibilité pour un acte d'être soumis au déterminisme sansêtre nécessaire pour autant, que Dieu ait tout établi par avance n'enchaîne pas les hommes au cours de lanécessité, en effet Dieu a choisi tel événement ce qui ne veut pas dire que cet événement est nécessaire mais qu'ilest certain, l'homme qui agit ne connaît pas le plan divin dès lors il choisit librement bien que d'un point de vue divinson choix soit connu.

Dès lors déterminisme et liberté de l'acte semblent pouvoir se concilier, du moins ce quiapparaît c'est que le déterminisme n'est pas une raison suffisante pour priver un acte de toute liberté, on ne peutplus (c'est ce que montre Leibniz) affirmer l'absence de toute liberté sous prétexte d'un déterminisme ou d'uneprédestination.

TRANSITIONPeut-on se contenter de la réponse de Leibniz ? Ce que Leibniz nous propose, est-ce ce que l'on entend par actelibre ? L'acte libre de Leibniz semble n'être libre que subjectivement, c'est-à-dire du point de vue de l'homme et pasdu point de vue de l'être divin qui sait comment celui-ci va agir.

Avec Leibniz les actes régis par le destinapparaissent certains mais ils ne sont plus nécessaires, mais pas encore libres.

La difficulté ne vient-elle pas du faitque nous essayons de connaître un acte comme libre ? N'est-ce pas quand on cherche à prouver la liberté d'un actequ'on est sûr d'échouer ? III. KANT : distinction entre le plan théorique et le plan pratique Dans un premier temps notons que connaître un acte comme libre est quelque chose d'impossible.

En effet si l'on cherche à connaître un acteon va chercher sa cause et en conséquence celui-ci ne pourra jamaisêtre connu comme libre puisque par libre on entend sans cause.Connaître un acte consistant à lui assigner une cause on voit queconnaître un acte comme libre ne rime à rien, la connaissance de telacte lui assignera une cause, si on cherche à connaître un acte on nepourra jamais le connaître comme libre.De plus on ne pourra jamais prouver qu'un acte est un acte libre.Prenons comme exemple une action morale, un homme refuse de faire unfaux témoignage alors que s'il refuse on le tuera, cet acte pourraitconstituer un exemple d'acte libre puisque en refusant de faire ce fauxtémoignage l'homme va contre son intérêt et agit conformément à lamorale qui proscrit le mensonge.

Cependant rien ne peut nous garantirque c'est bien le respect de la morale qui a guidé notre homme, c'estpeut-être également l'ambition personnelle, celui-ci pouvait voir dansson refus un acte qui ferait de lui un héro.

On voit donc que l'opacitédes motifs de l'action d'autrui empêche de dire avec certitude que sonaction est libre c'est-à-dire qu'elle ne suit aucun intérêt.

Cette opacitéest valable vis-à-vis de soi, on ne sait jamais en agissant en accordavec la morale si ce n'est pas autre chose, un intérêt, qui nous fait agir.Cette opacité concernant les intentions est souligné par Kant dans les premiers paragraphes de la deuxième section des Fondements De La Métaphysique Des Mœurs .

Pour être libre un acte doit s'affranchir de tout intérêt, or quand un homme agit, il ne peut garantir de la pureté de sonintention, c'est-à-dire qu'il ne peut pas lui-même garantir qu'aucun intérêt n'a déterminé son comportement.Cependant si on ne peut prouver qu'un acte est libre peut-on prouver le contraire ? L'impossibilité va dans lesdeux sens il est exclu de prouver qu'un acte est libre de même qu'il ne l'est pas, un acte libre est un acte sanscause recourir à la preuve pour affirmer l'existence d'un tel acte est absurde puisque on sait que l'on trouveraune cause.

L'absurdité qui consiste à prouver la liberté vaut également lorsque l'on cherche à nier la liberté.Kant dans la Critique de La Raison pure (dialectique transcendantale) a pour objectif de rendre caduque toute démonstration de la liberté ou de son impossibilité.

Le résultat auquel il parvient est de dire que la liberté et ledéterminisme peuvent être vrais tous les deux en même temps mais qu'ils concernent des plans différents de laréalité.

Dès lors toute démonstration théorique tentant de nier la liberté est caduque.

Le déterminismeconcernerait un plan théorique (qui concerne le savoir) et la liberté un plan pratique (qui concerne ce qu'il faut. »

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