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Peut-il y avoir un jugement de l'Histoire ? ?

Publié le 27/02/2008

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histoire

Bien définir les termes du sujet : - « Jugement « : C’est un terme qui peut avoir de nombreux sens, aussi il faut limiter son champ d’application. En général, il désigne soit la faculté ou le pouvoir de juger, soit l’acte ou le produit de son exercice ; c’est quoi qu’il en soit un acte de la pensée humaine qui assure l’unité de la vie intellectuelle. Le « jugement de quelque chose « peut avoir deux sens : c’est soit le fait pour l’homme de juger de la qualité de cette chose, soit le fait pour l’homme de se faire juger par cette même chose. - « Histoire « : le terme ici n’a pas de majuscule, et il est possible de ce fait de le considérer comme histoire personnelle, ou comme Histoire générale, c’est-à-dire non pas celle des événements particuliers de la vie d’un seul homme, mais celle des grands moments marquants de l’histoire du monde. L’Histoire est une discipline qui a pour objet la reconstitution et la relation du passé des sociétés humaines, considérées soit globalement, soit dans les collectivités particulières. - « Peut-il « : pose la question de savoir si c’est possible et légitime. Construction de la problématique.          Le sujet est ambivalent, il ne porte pas sur la définition du terme mais d’histoire, mais du rapport qu’il est possible d’entretenir avec cette discipline. Comme nous l’avons vu, décider si un jugement de l’histoire est possible a deux sens : peut-on juger l’histoire depuis le point de vue de notre époque ? et l’histoire peut-elle nous juger, nous et nos actes ?     Se pose donc la question de savoir si l’histoire peut avoir une telle fonction, et si cela est légitime dans tous les cas.

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« Cela ne veut pas non plus dire que l'historien peut donner son avis sur les événements de l'histoire, quelque soit sa problématique.

Il ne peut pas en effet juger de manière légitime le passé, puisqu'il ne dispose pas desmêmes archives, de la même science et des mêmes techniques.

Par exemple, dans le Siècle de Louis XIV, dansl'épisode des poisons, Voltaire ne juge pas l'avis des médecins sur le faux empoisonnement de « Madame », car ilsait que la médecine de son temps est plus performante que celle du siècle précédent.

Par contre, il explique lesraisons pour lesquelles cette rumeur de l'empoisonnement s'est répandue, et qu'elle est due à la malignité, et àl'amour du mystère des hommes. Il ne juge donc as l'histoire proprement dit, mais adopte un point de vue d'historien, il étudie lescomportements des hommes et en tire des conséquences.

II/ L'histoire comme donneuse de leçons : Si nous ne pouvons pas légitimement donner notre avis sur les événements du passé, il n'en reste pasmoins que ces derniers peuvent à l'occasion nous servir d'exemples, autrement dit, nous donner des leçons.

Ainsi,poser l'histoire à coté de nos comportements, c'est faire de l'histoire un juge de nos actions.

Ainsi, l'histoire peutnous donner des exemple moraux à travers les grands hommes, ou des exemples politiques, à travers les princes. C'est ce que fait par exemple Machiavel dans Le Prince.

En effet, dans cet ouvrage, l'auteur cité denombreux exemples de grands hommes, de leurs actions, pour illustrer son propos, et s'inspirer de leur manière deprocéder : comment s'emparer du pouvoir et le garder ? Par exemple, il nomme Louis XII « il est bon d'examiner lesmoyens que Louis XII pouvait employer, et dont tout autre prince pourrait se servir en pareille circonstance, pour semaintenir un peu mieux dans ses nouvelles conquêtes » chap III.

Ainsi, Machiavel prend aussi bien des exemples quedes contre-exemples pour montrer ce qu'il faut faire ou ne pas faire dans certaines circonstances. L'histoire nous permet donc de juger nos actes en comparaison à ce qui a déjà été fait.

Ainsi, il noussuffit de considérer la situation, de prendre exemple sur les grands qui nous ont précédés, et de voir s'il est possibled'agir comme eux à notre époque.

En effet, il est crucial pour Machiavel de prendre en compte le contexte danslequel s'ancre l'action politique.

Ainsi, certains princes ou grands (Jules II) ont prospéré par exemple en étantimpétueux, c'est parce que cela correspondait bien à l'époque, c'était conforme aux temps et aux circonstances.Mais si la fortune change, leur impétuosité ne fonctionnera plus.

Il faut que le Prince sache changer de caractère ets'adapter à son temps.

Cette réflexion menée sur le plan politique peut être ramenée au plan individuel : notrehistoire, nos erreurs et nos réussites passées nous permettent d'avoir de l'expérience et de mieux nous diriger dansle réel. Ainsi, l'histoire, quelle soit individuelle ou universelle peut servir d'exemple et nous renseigner sur la manièred'agir. III/ L'histoire n'est pas pure répétition : Mais voir les choses sous cet angle implique que l'histoire se répète.

En effet, si nous pouvons tirer desenseignements du passé, c'est parce que ce dernier ressemble au présent ou à l'avenir.

Ainsi, l'évolution historiqueserait régie par des lois dont la connaissance permettrait d'agir correctement dans le futur. Cette manière de voir implique une « raison dans l'histoire », une sorte de sens de l'histoire qui auraitune direction définie, et non pas chaotique.

Mais en général ce sens de l'histoire, cet ordre caché n'est trouvé qu'aposteriori, et de ce fait la nécessité de l'histoire ne serait peut-être pas aussi évidente que ça.

Cela impliquerait quel'histoire ne puisse pas donner de leçons, et que nous ne puissions pas la poser en juge de nos actions.

C'est ce quemontre Bergson dans La pensée et le mouvant.

En effet, selon lui, l'idée selon laquelle pourrions nous diriger dans leprésent en étudiant le passé est une illusion rétrospective.

Nous regardons le passé depuis notre présent, et nousavons de ce fait tendance à repérer dans ce passé ce qui ressemble au présent.

Nous faisons donc une sélectionqui défigure la réalité du passé, et nous donne l'illusion d'une préfiguration. En réalité, l'histoire est un temps vécu, une durée, et de ce fait, son évolution est totalementimprévisible parce que créatrice.

En effet, la durée s'oppose au temps des sciences qui est réversible : lorsque l'onétudie une chose abstraite, il est toujours possible de revenir à son état antérieur, ce qui n'est pas le cas pourl'étude du vivant ou de la vie.

En effet, la temporalité est alors irréversible, c'est ce que Bergson appelle la durée.

Ilest impossible de revenir à un état antérieur, parce que l'évolution ne peut être que créatrice.

La durée est unfacteur de changement irréversible et d'imprévisible nouveauté .

« Durée signifie invention, création de formes, élaboration continue de l'absolument nouveau.

» L'évolution créatrice, I Ainsi, l'histoire ne peut pas être pour nous un modèle, elle ne peut pas juger nos actions, car les situationsne se répètent jamais.. »

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