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Peut-on à la fois défendre la liberté de penser et disqualifier l'opinion ?

Publié le 16/02/2004

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Avoir une liberté c’est pouvoir faire ou avoir la capacité de faire usage de quelque chose. Donc avoir la liberté de penser c’est faire usage de son entendement. L’opinion est une jugement subjectif. Or à première vue on peut se demander pourquoi et en quoi il pourrait y avoir une opposition entre la liberté de penser et l’opinion et cela d’autant plus qu’il semble que la liberté de penser suppose l’expression, le commerce et l’échange des opinions. Cependant, on peut se poser la question si au nom de la liberté de penser on peut accepter toutes les opinions même les plus extrêmes et c’est dès lors l’une des premières difficultés. Mais bien plus, on peut dire aussi que défendre la liberté de penser c'est en même temps défendre la liberté de disqualifier les opinions, les dogmatisme, les croyances. L'opinion affirme immédiatement et s'affirme comme vraie : à partir du moment où on en reste à l'opinion qui croit savoir, aucune enquête ne sera faite. Celui qui croit savoir n'a pas à chercher : donc l'opinion est l'ennemie de la liberté et de la pensée. En ce sens, on peut percevoir alors une différenciation notamment entre la pensée et l’opinion qui recoupe sans doute une distinction de réalité. Autrement dit, on peut faire une différence entre la pensée et l’opinion en remarquant que la pensée est du côté de la science tandis que l’opinion est du côté de la croyance. Le problème serait alors de concilier les deux points de vues. Et c’est pourquoi l’interrogation « peut-on à la fois défendre la liberté de penser et disqualifier l’opinion ? « prendre toute son envergure.

            Ainsi s’il nous apparaît possible de saisir une contradiction entre une défense de la liberté de penser et une disqualification de l’opinion (1ère partie) il faudra interroger tout de même de manière plus précise et technique le rapport entre la pensée et l’opinion afin peut-être d’entrevoir une possibilité de disqualifier l’opinion au nom d’une pensée qui se veut science ou savoir ou plus simplement au nom de la liberté de penser qui peut vouloir disqualifier l’opinion et en ce sens il s’agira de comprendre quoi (2nd partie). Mais s’il arrive à ce stade que nous ayons défendu les deux points de vue de l’alternative que propose le sujet, il nous faudra sans doute chercher à dépasser ce clivage (3ème partie).

POUR DÉMARRER    Est-il possible de défendre simultanément le libre jugement des hommes, droit de raisonner et de juger, droit de se faire des opinions avec une certaine liberté et, en même temps, de discréditer l'opinion, à savoir une croyance constituant le plus bas degré du savoir ?    CONSEILS PRATIQUES    Un sujet très « pointu « qui exige une élucidation précise de ce terme d'opinion, intermédiaire entre l'ignorance et le savoir. N'y a-t-il pas une « opinion droite « (Platon) ? Enfin, n'oubliez pas l'opinion publique, pensée dominante au sein d'une société.

« et non discutées : « Si cela pouvait être, je m'appliquerais sérieusement et avec liberté à détruire généralementtoutes mes anciennes opinions.

» Le discours de la Méthode, Descartes. Troisième partie : Diffuser l'opinion c'est n'être pas libre L'aliénation provient de la répétition.

Répéter c'est s'enfermer sans prendre le moindre recul dans des propos dontles implications peuvent être graves y compris pour nous-même.

L'absence de vérification conduit à perpétrerl'erreur et contredit en ce sens l'épanouissement de chacun dans la vérité. « La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion.

» Bachelard,La Formation de l'esprit scientifique , 1938. On comprend ainsi comment la connaissance scientifique peut stagner du fait du maintien d'un certain nombre depréjugés. « La science et son objet diffèrent de l'opinion et de son objet, en ce que la science est universelle et procède pardes propositions nécessaires [...].

L'opinion s'applique à ce qui, étant vrai ou faux, peut être autrement qu'il n'est.

»Aristote, Seconds Analytiques . Combattre l'opinion n'est donc pas contraire à la liberté de penser, on pourrait même considérer que c'est un appelplus pressant encore à l'affirmation de cette liberté. "La vérité doit toujours avoir l'avantage, quoique nouvellement découverte, puisqu'elle est toujours plus ancienne que toutes les opinions qu'on en a eues, et que ce serait ignorer sa nature que de s'imaginer qu'elle ait commencé d'être au temps qu'elle a commencé d'être connue.

" Pascal, Sur le traité du vide . Cette lutte implique d'ailleurs un courage moral de grande ampleur puisque l'opinion souvent dominante déploie degrands moyens pour préserver sa force persuasive.

Elle est ce sur quoi reposent bien des régimes et le pouvoir asouvent un intérêt majeur à la pérenniser. "On la nomme (l'opinion) la reine du monde ; elle l'est si bien, que quand la raison veut la combattre, la raison estcondamnée à mort." Voltaire, Dictionnaire philosophique , 1764. Conclusion : Accéder à la liberté, c'est se dégager de l'opinion, formuler une pensée personnelle et véritable, mais comme le ditSchopenhauer avec ironie : « Ne combattez l'opinion de personne; songez que, si l'on voulait dissuader les gens de toutes les absurditésauxquelles ils croient, on n'en aurait pas fini, quand on atteindrait l'âge de Mathusalem.

» Aphorismes sur la sagesse dans la vie (1851). Le règne de l'opinion semble universel.. »

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