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Peut-on concevoir l'unité de la matière ?

Publié le 15/04/2009

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Peut-on concevoir l'unité de la matière ?

Le verbe concevoir peut s’entendre en plusieurs sens : il renvoie à la fois à une activité de conceptualisation et de construction. Concevoir quelque chose, c’est en former une idée précise, un concept qui en donne les principaux traits sinon la définition. Mais on conçoit aussi des objets, au sens où on les fait passer d’une définition abstraite à une concrétisation matérielle.     Par unité, on entend le caractère de ce qui est « un «, c'est-à-dire qui n’a fait l’objet d’aucune scission. Concevoir l’unité d’une chose, c’est donc établir un concept de cette chose comme une chose unique, absolue, qui ne se décline pas.     La matière est la substance qui compose les choses. Par matière, on entend donc dans un sens très général le « ce en quoi « sont faites les choses.     La question qui nous est soumise pose un double problème : il s’agit en effet de se demander si l’idée d’une unité de la matière est concevable, conceptualisable, c'est-à-dire, si elle ne comprend pas de contradiction interne. Mais, d’autre part, il s’agit de se demander si une telle unité de la matière est réalisable, susceptible d’être incarnée dans le monde concret, de passer de l’univers des idées à celui de la réalité. A première vue, il semble bien que nous ne saurions concevoir l’unité de la matière, c'est-à-dire ramener l’ensemble des choses qui existent a l’unité d’une substance qui les compose. Bien au contraire, nous avons toujours tendance à penser comme différentes la matière et la pensée, la substance étendue et la substance intelligible. Mais nous verrons que cette conception est en vérité fort critiquable, dans la mesure où elle ouvre sur des paradoxes insolubles. Nous dirons donc qu’il est plus crédible d’admettre l’unité de la matière, le monisme, que toute autre thèse. Mais dans la mesure où le monisme lui-même n’est pas sans poser de nombreux problèmes philosophiques, nous dirons finalement que l’unité de la nature est bel et bien concevable, mais uniquement comme un effet hasardeux, produit ex nihilo, dans l’ordre de la nature.     La question au centre de notre travail sera donc de déterminer dans quelle mesure il est possible que l’esprit se représente l’ensemble de ce qui existe dans le monde comme constitue d’une seule et unique matière.  

« nomme la glande pineale : cette dernière serait mue à la fois par la pensée et par les sens, permettant lacommunication des substances.

Or, comme le montre Spinoza dans l'Ethique, circonscrire le problème ne revientnullement à le régler : ce n'est pas parce que cette communication se fait dans un point exact et minuscule que l'onpeut dire qu'elle est intelligible et possible. b.

Le miracle quotidien de la nutrition, preuve de l'unité de la matièreContre la thèse cartésienne du dualisme, nous tiendrons la thèse du matérialisme moniste.

En effet, pour lesphilosophes défendant cette thèse, tels que Diderot, il est possible de concevoir l'unité de la matière, tout ce quiexiste dans le monde étant précisément matériel, compose d'atomes.

L'esprit se caractérise donc comme unepropriété émergente de la matière, comme une qualité de la matière qui surgit lorsque cette dernière estsuffisamment évoluée.

Le problème cartésien de la communication des substances cesse d'en être un chez Diderot,notamment dans le Rêve de d'Alembert.

En effet, dans la seconde partie de ce texte, Diderot décrit lemathématicien en train de faire un rêve érotique et suggère implicitement que son plaisir sexuel est tel à ce rêvequ'il en vient à éjaculer dans son sommeil.

Cet exemple prouve que pour ce monisme métaphysique matérialiste, il ya dans la sexualité une dimension purement psychique, une possibilité d'éprouver du plaisir sexuel par le seul moyende la pensée et sans recours à la génitalité.

Elle prouve aussi qu'il y a une unité absolue de la matière, les penséespouvant produire des réactions physiques.

Et c'est l'événement si familier de la nutrition qui l'atteste : dans lanutrition, nous rendons vivant, capable de sentir et de penser, ce qui est inerte et dépourvu de ces qualités.

Nousdirons donc qu'il y a une unité de la matière.

III.

L'unité de la matière est concevable en raison de la production hasardeuse des événements a.

Les apories du matérialisme ilusoiste Cependant, nous n'en resterons pas à cette thèse.

En effet, Diderot choisit une solution ilusoiste, déjà défendue parMaupertuis.

L'émergence du vivant s'inscrit dans la continuité des processus organiques.

Le matérialisme du XVIIIeopère en effet un choix radical qui peut s'exprimer ainsi : il faut que la pierre sente bel et bien, puisqu'il y a uneunité absolue de la matière.

En effet, si rien ne saurait venir de rien, l'inorganique connait déjà la sensibilité et la vie.Nous assistons donc dans le matérialisme a une subjectivation de l'inorganique.

Chez Maupertuis et Diderot, noustrouvons que la matérialité la plus élémentaire contient des traits subjectifs.

Il y a sens à accorder à la matière untrait accordé à la sensibilité.

C'est ainsi que pour les ilusoiste, tels Diderot, la vie, la sensation, les traits de lasensibilité, sont déjà présents dans l'inorganique avec un degré différent.

Mais dire que la souffrance et laperception existait dans une matière inorganique, cela revient à expliquer les sensations par leurs doubles affaiblis :c'est comme si l'on expliquait la vision du rouge par un rose pâle à peine entrevu.

Autrement dit, cela revient àaffirmer que le vivant, en acte, existait déjà en puissance dans la matière ou dans le projet divin.

Ce redoublementn'apporte aucun avantage heuristique : le vivant organique potentiel va être dupliqué.

Nous ne comprenons pasl'origine de cette cause dupliquée.

Pour expliquer une sensation, comme la vue d'un rouge particulier, la senteurd'une odeur précise, nous sommes face à un problème.

Nous dirons donc que la thèse matérialiste de l'absolue unitéde la matière est intenable, puisqu'elle revient à accepter de doter l'inerte de propriétés en puissance, commeaffadies, en sommeil, des êtres en vie.

b.

L'unité de la matière est le résultat d'une production hasardeuse d'événements Nous finirons donc en disant que si l'unité de la matière peut bel et bien se concevoir, c'est uniquement sur le moded'une production hasardeuse d'effets.

Car si nous considérons les lois qui régissent la nature, nous verrons que rienn'est moins sur qu'elles se maintiennent à l' avenir.

La légalité de la nature ne nous est connue en effet que par desrécurrences : nous savons que des phénomènes se produisent avec régularité, que tels effets sont habituellementprécédés de telles causes, mais nous ignorons tout des principes premiers à l' origine de cette régulièreconcaténation des événements naturels entre eux.

Rien ne nous permet en effet de dire qu'un surgissement ex nihilone va pas mettre un terme a ce que nous tenons pour acquis et nécessaire, alors que cette croyance n'est fondéeque sur les bases peu solides de l'habitude : telle est la thèse soutenue par Quentin Meillassoux dans « Par delà lafinitude ».

Nous dirons donc que si l'unité de la matière peut se concevoir, c'est uniquement parce que nouspouvons dire qu'il arrive, qu'il se produit que ce dont les choses sont constitues soient produites a partir de la mêmematière.

L'unité de la matière et de la pensée, dont nous faisons par exemple l'expérience dans les différentesfonctions de notre corps (la volonté qui fait mouvoir ce dernier, notamment) peut donc se concevoir comme unévénement qui surgit ex nihilo, dont nous ne saurions a proprement parler rendre raison, mais sans que cela soit uneraison suffisante pour ne pas accepter le concept même de production ex nihilo.

Conclusion A première vue, il nous a semble que l'unité de la nature était inconcevable en raison de la dualité des substances.Mais les problèmes posés par cette prétendue dualite qu'il vaut mieux s'efforcer de penser l'unité de la nature, et deconcevoir la matière comme pourvue d'une absolue unité.

En définitive, nous avons soutenu la thèse que l'unité dela matière pouvait bien se concevoir, mais uniquement comme le résultat d'une production d'effets surgis ex nihilo,dont nous ne pouvons a proprement rendre raison, mais qui néanmoins adviennent.. »

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