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Peut-on croire au Diable ?

Publié le 22/07/2005

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De même « La béatitude, sous le nom de bonheur ne peut être atteinte dans ce monde (pour autant que cela dépend de notre pouvoir) et constitue seulement un objet d'espérance », Critique de la raison pratique.    L'enfer, c'est les autres.   Si nous refusons de faire du diable une entité réellement existante et qu'il doit dans cette mesure être rapporté à une idée plutôt qu'à une action humaine ne faut-il pas dés lors renoncer au concept de diable, et plus largement à ce que Nietzsche « aux arrière mondes » ? Si pour le christianisme, comme le rappelle Kierkegaard, le précurseur de l'existentialisme, le désespoir comme repli du sujet sur lui-même est le contraire de la foi, qui désigne une relation d'ouverture et de confiance de l'individu envers son Dieu. En revanche l'athéisme sartrien conduit, sur les bases de ce type d'analyse, à une revendication du désespoir, entendu rigoureusement comme le fait pour le moi de ne pouvoir compter que sur soi, de n'avoir rien à attendre des autres. L'existentialisme sartrien congédie l'espérance, l'existence précède l'essence, rien n'oriente l'agir de l'homme sinon la liberté. L'enfer pour Sartre comme il l'écrit dans la pièce de théâtre Huis clos : « Pas de besoin de gril, l'enfer c'est les autres ». Plus précisément, l'enfer consiste à être vu par les autres, car comme il l'exposait déjà dans L'être et le néant, la relation à autrui se constitue d'une opposition originelle. Plus encore, comme il le montre dans la pièce l'enfer est un lieu angoissant, puisque les protagonistes de Huis Clos attendent d'être torturés. Mais l'enfer consiste aussi et surtout à souffrir en subissant l'action des autres.

 

Comme le dit Kant dans, La critique de la raison pure, (Théorie transcendantale de la Méthode), la croyance n’est suffisante et valable que subjectivement et non objectivement. A partir de là statuer sur la légitimité d’une croyance paraît inutile voire illégitime, parce que d’une part toute croyance est porteuse en en sens de la conscience de son insuffisance, puisqu’elle est subjective, mais plus encore parce que toute croyance religieuse relève de la sphère privée. Cependant, la croyance au diable connote davantage que tout autre croyance.  En effet dans la tradition judéo-chrétienne, comme dans bien d’autres spiritualités, Dieu est comparé à la lumière et l’enfer au royaume des ombres. Le diable représente alors l’esprit du mal, le mauvais génie, et prenant des apparences séduisantes, il essaie de corrompre l’homme et de l’entraîner au péché.

Philosophiquement c’est donc ici la question de la responsabilité et de l’espérance morale en l’humanité que rend problématique une telle croyance.

Si l’on  fait prévaloir la liberté et la responsabilité humaine ne doit-on pas conclure qu’il ne saurait y avoir de mal que celui que produit  l’homme ? Le diable ne saurait être envisagé comme ce qui pourrait influencer notre action. Reste donc à envisager le diabolique comme le critère à l’aune duquel doit être jugée une action mauvaise. Enfin, une conclusion ne s’impose-t-elle pas dés lors : n’est-ce pas volontairement que les gens se mettent en enfer et qu’ils y restent en se fixant dans la dépendance des jugements des autres ?

 

« l'agir de l'homme sinon la liberté.L'enfer pour Sartre comme il l'écrit dans la pièce de théâtre Huis clos : « Pas de besoin de gril, l'enfer c'est les autres ».

Plus précisément, l'enfer consiste à être vu par les autres, car comme il l'exposait déjà dans L'être et le néant , la relation à autrui se constitue d'une opposition originelle.

Plus encore, comme il le montre dans la pièce l'enfer est un lieu angoissant, puisque les protagonistes de Huis Clos attendent d'être torturés.

Mais l'enfer consiste aussi et surtout à souffrir en subissant l'action des autres.

Autrui constitue pour chacun une présence aliénante.L'autre représente, pour tous les partenaires de la pièce, une « transcendance », c'est-à-dire une liberté capable deles dominer, comme la toute puissance divine dans les discours religieux.

Le regard des autres les oblige à sereconnaître pour ce qu'ils sont, puisqu'il les juge sur ce qu'ils font et non sur ce qu'ils projettent d'être.

Cetteréduction de la signification à l'action est l'épreuve douloureuse que fait chacun des protagonistes de Huis clos . L'enfer mène au désespoir, qui résulte de l'idée apparemment injustifiable d'un châtiment éternel.

A la patience et àla longueur du temps qui délivre de tous les maux, s'oppose l'éternité d'une souffrance irrémissible et d'un châtimentsans rédemption ni rachat, puisqu'il ne conduit pas à l'amélioration morale de ceux qui l'endurent.

Le diable et l'enfersont désubstantialisés, et sont entièrement contenus dans la relation que nous avons envers autrui.

Nousretombons en un sens sur la thèse Rousseauiste puisque il ne saurait y avoir de mal que celui que nous faisons.

Laliberté étant première chez Sartre nos actions ne sauraient être rapportés à une quelconque entité, que ce soit Dieuou le Diable.

Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment intéressé à l'Autre, en tant qu'il est celui par lequel ma conscience devient conscience de soi.

Son mérite est d'avoir montréque, dans mon être essentiel, je dépends d'autrui.

Autrement dit, loin que l'on doive opposer monêtre pour moi-même à mon être pour autrui, « l'être-pour-autrui apparaît comme une condition nécessaire de mon être pour moi-même » : « L'intuition géniale de Hegel est de me faire dépendre de l'autre en mon être.

Je suis, dit-il, un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre. » Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte des consciences, c'est l'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité. » Il reste donc à passer au niveau de l'existence effective et concrète d'autrui.

Aussi Sartre récupère-t-il le sens hégélien de la dialectique du maître et de l'esclave, mais en l'appliquant à des rapports concretsd'existence : regard, amour, désir, sexualité, caresse.

L'autre différence, c'est que si, pour Hegel , le conflit n'est qu'un moment, Sartre semble y voir le fondement constitutif de la relation à autrui. On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les autres ».

Ce thème est développé sur un plan plus philosophique dans « L'être & le néant ».

Parodiant la sentence biblique et reprenant l'idée hégélienne selon laquelle « chaque conscience poursuit la mort de l'autre ».

Sartre y affirme : « S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisseautrement sur moi que par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, une nature ; ma chuteoriginelle, c'est l'existence de l'autre… » J'existe d'abord, je suis jeté dans le monde, et ensuite seulement je me définis peu à peu, par meschoix et par mes actes.

Je deviens « ceci ou cela ».

Mais cette définition reste toujours ouverte.

Je suis donc fondamentalement libre « projet », invention perpétuelle de mon avenir.

Et je suis celui qui ne peut pas être objet pour moi-même, celui qui ne peut même pas concevoir pour soi l'existence sous forme d'objet : « Ceci non à cause d'un manque de recul ou d'une prévention intellectuelle ou d'une limite imposée à ma connaissance, mais parce que l'objectivité réclame une négation explicite : l'objet, c'est ce que je me fais ne pas être… » Or je suis, moi, celui que je me fais être.

Et c'est précisément parce que je ne suis que pure subjectivité et liberté, que le simple surgissementd'autrui est une violence fondamentale.

Peu importe qu'il m'aime, me haïsse ou soit indifférent à mon égard.

Il est là, je le vois et je découvre que jene suis plus centre du monde, sujet absolu.

Il me voit, et avec son regard s'opère une métamorphose dans mon être profond : je me vois parce qu'ilme voit, je m'appréhende comme objet devant une transcendance et une liberté. Si chaque conscience est une liberté qui rêve d'être absolu, elle ne peut que chercher à transformer la liberté del'autre en chose passive.

Sartre illustre d'abord ce conflit à travers l'expérience du regard.

Qu'est-ce qui, en effet, me dévoile l'existence d'autrui, sinon le regard ? Si je regarde autrui, ce dernier me regarde aussi.

C'est la raisonpour laquelle Sartre envisage les deux moments. Dans un premier moment, je vois autrui.

Imaginons : « Je suis dans un jardin public.

Non loin de moi, voici une pelouse et, le long de cette pelouse, des chaises. » Situation paisible.

Le décor est neutre, la trame est inexistante : « Un homme passe près des chaises.

Je vois cet homme… » Finie la quiétude ! Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne le saisis pas seulement comme un objet, mais aussi et en même temps comme unhomme.

Si je pouvais penser qu'il n'est rien d'autre qu'un objet, un automate, par exemple, je le saisirais « comme étant « à côté » des chaises, à 2,20 m de la pelouse, comme exerçant une certaine pression sur le sol, etc. ».

Autrement dit ce ne serait pour moi qu'un objet comme les autres, qui s'ajouterait aux autres : « Cela signifie que je pourrais le faire disparaître sans que les relations des autres objets entre eux soient notablement modifiées.

En un mot, aucune relation neuve n'apparaîtrait par lui entre ces choses de mon univers… » Le saisir comme homme, qu'est-ce que cela signifie, sinon saisir une « relation non additive » des objets à lui, une nouvelle organisation des choses de mon univers autour de cet objet privilégié ? Autrement dit, avec l'apparitiond'autrui dans mon champ de vision, une spatialité se déploie qui n'est pas ma spatialité, un autre centre du mondeapparaît et du même coup un autre sens du monde.

Les relations que j'appréhendais entre les objets de mon universse désintègrent : « L'apparition d'autrui dans le monde correspond donc à un glissement figé de tout l'univers, à une décentration du monde qui mine par en dessous la centralisation que j'opère dans le même temps. » Cette décentration du monde fait de moi un sujet glissant.

La désagrégation « gagne de proche en proche » tout. »

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