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Peut-on dire : «je n'ai pas d'inconscient» ?

Publié le 20/03/2004

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La question ici ne porte pas directement sur notre capacité à dire ou ne pas dire cette phrase mais bien à comprendre s'il y a un sens ou une légitimité à dire « je n'ai pas d'inconscient «. Dès lors le problème est de saisir ce qu'est cet inconscient. Mais plus profondément la difficulté repose sur la simple rupture psychique sur laquelle repose tout le sujet. En effet, dire « je « c'est se reconnaître comme être conscient et l'affirmation de cette phrase suppose la conscience de l'inexistence de l'inconscient. Or l'inconscient est-il accessible à la conscience ' Si l'on parle de l'hypothèse de l'inconscient c'est justement pour rendre compte ou comprendre un ensemble de phénomènes qui agissent en nous sans que nous en soyons conscients. Dès lors cette phrase est en contradiction avec la possibilité même de l'existence de l'inconscient. En effet, il y a une différence entre le fait que quelque chose se passe en moi et que j'en sois averti. Pourtant ce serait alors reconnaître la légitimité absolue de l'hypothèse de l'inconscient. Or celle-ci n'est pas testable, n'est pas vérifiable de par sa nature même. Dès lors, dire je n'ai pas d'inconscient serait refuser et critiquer cette hypothèse.

« peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper, dans « Logique de la découverte scientifique »propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifiqued'une théorie.

Il écrit : «C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère dedémarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisse être choisi, une fois pourtoutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'il puisse être distingué, aumoyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de la science empirique doitpouvoir être réfuté par l'expérience.

»A l'époque de Popper, on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était lecaractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, le savant entirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires et universellementvalides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est « métaphysique » etdoit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper, l'induction, qui consiste à inférer une règle universelleà partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliers vérifiés par l'expérience,est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissionsavoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs.

»Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigencesauxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout d'abord, êtresynthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.

En deuxième lieu, il devrasatisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysique mais devra représenter unmonde de l'expérience possible.

En troisième lieu, il devra constituer un système qui se distingue de quelque autremanière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seul à représenter notre monde del'expérience.

»La troisième exigence est la plus décisive.

Comment, en effet, reconnaître le système qui représente notre mondede l'expérience ? La réponde de Popper est la suivante : par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il y a résisté.Cela signifie qu'il faut appliquer une méthode déductive.

En d'autres termes, si nous ne pouvons exiger des théoriesscientifiques qu'elles soient vérifiables, nous pouvons exiger d'elles qu'elles soient mises à l'épreuve.

Il s'agit pourcela de déduire de la théorie examinée des énoncés singuliers ou « prédictions » susceptibles d'être facilementtestés dans l'expérimentation.

Une théorie qui ne résiste pas aux tests sera dite « falsifiée » ou « réfutée » parl'expérience.

Si elle passe l'épreuve des tests, elle sera considérée comme provisoirement valide jusqu'à ce qu'elleéchoue à des tests ultérieurs ou qu'une théorie plus avantageuse apparaisse.Ainsi alors que, jusqu'ici, une théorie était considérée comme vraie parce qu'elle était confirmée par de nombreusesobservations et expérimentations, c'est aux yeux de Popper la « falsifiabilité » ou la possibilité d'être falsifié parl'expérience, qui permettra de faire le tri entre les énoncés scientifiques et ceux qui ne le sont pas : « Un systèmefaisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

»Ainsi l'énoncé « Il pleuvra ou il ne pleuvra pas ici demain », étant infalsifiable, sera considéré comme non empirique,puisqu'aucune expérience ne peut l'invalider et comme non scientifique.

Autrement dit, l'irréfutabilité n'est pas vertumais défaut.

Et c'est au nom de ce critère de falsifiabilité que Popper peut exclure de la science des théories commele marxisme et la psychanalyse, théories qui sont totalisantes, qui couvrent la totalité des phénomènes qui seproduisent dans leur domaine d'attribution, qu'aucun fait ne pourra jamais contredire.Prenons l'exemple de la psychanalyse.

N'est-ce pas une théorie qui échappe à toute épreuve qui pourrait la réfuter ?Le refus de la réalité de l'inconscient ou encore de la sexualité infantile n'est-il pas, au fond, pour le psychanalyste,une manifestation même de résistance ? Quelle que soit la critique qu'on adresse à la psychanalyse, ne peut-ellepas être interprétée par le médecin en termes de résistance ? C'est précisément parce qu'elle n'exclut aucun fait deson domaine, même ceux qui pourraient la contredire, que Popper relègue la psychanalyse au rang de faussescience, aux côtés de la cartomancie ou encore de l'astrologie.Il est donc possible de décider de la vérité ou de la fausseté d'une théorie ou d'un énoncé, et ce de manièreconcluante.

Dire qu' « un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience »,cela signifie bien que, paradoxalement, « c'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendrecomme critère de démarcation ».

Est vrai ce qui peut être falsifié. On accordera à Popper que dans le domaine des sciences physiques ou plus généralement des sciences de lanature, démontrer une théorie, c'est tenter de la falsifier, autrement dit, élaborer les conditions de la découvertedes faits capables de l'infirmer.

L'histoire de ces sciences nous montre qu'aucune théorie, même parfaitement établiedans la communauté scientifique, n'est jamais définitive.

Les progrès se font par erreurs, par conjectures etréfutations.

On ne peut jamais souscrire à une théorie que provisoirement, c'est-à-dire tant qu'elle survit aux testsdestinés à l'invalider.

On constate aussi qu'une nouvelle théorie n'annule pas toujours complètement l'ancienne.

Ellepeut, tout en la contredisant, la contenir comme bonne approximation, lorsqu'un paramètre tend vers une valeurlimite.

Par exemple, la théorie de l'attraction universelle de Newton est englobée dans la théorie de la relativitégénéralisée de Einstein.

On peut même conjecturer que, sans être vraies, les théories nouvelles sont plus prochesdu vrai que celles qu'elles ont dépassées.

Autrement dit, les rapports polémiques entre les constructions théoriqueset les faits nouveaux sont à la source d'une plus grande rationalisation du réel et de progrès de la raison elle-même.Toutefois ce n'est pas parce que certaines théories ne répondent pas à ce critère de falsifiabilité qu'il fautnécessairement les ravaler au rang de pseudo-sciences.

Il y a là une affirmation d'autant plus dogmatique quesavoir ce qu'est une science n'est pas décidable scientifiquement.

Il y a là aussi ce préjugé tenace que les sciencesphysiques sont le modèle de toute science, préjugés qui a freiné l'évolution des sciences humaines.

Voyons lacritique de la psychanalyse : elle est certes séduisante, mais elle oublie le statut particulier de cette théorie qui viseà formuler des « vérités » sur un objet qui est l'inconscient, objet qui ne fait pas sens dans le sens du discours quela conscience tient sur elle-même.

La théorie freudienne est liée à la découverte, par Freud, de son propreinconscient et de certaines dimensions qui se retrouvent dans l'inconscient de tout homme.

Comme le souligne. »

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