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Peut-on dire que l'activité artistique est à l'origine de la culture ?

Publié le 27/02/2008

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Analyse du sujet   -          Dans l'Antiquité grecque et à l'âge classique : imitation et reproduction fidèle d'un modèle préexistant, à l'image du démiurge du Timée, artisan du monde, qui, fixé sur le modèle éternel, contemple, calcule et reproduit les formes. Aux XVIIe et XVIIIe, « les arts » au pluriel deviennent synonymes de beaux-arts. Ceux-ci ont pour projet propre le beau, et l'absence d'utilité pratique, la production désintéressée, confèrent à l'activité artistique un statut plus noble qu'à l'activité artisanale. Avec Kant, l'art au sens d'activité artistique devient synonyme de savoir-faire inné et de production géniale. Celle-ci consiste à produire ce dont on ne saurait donner aucune règle préalable et la production de la beauté n'est en aucun cas la réalisation d'un modèle préexistant. Chez Hegel, l'art désigne un mode d'expression de l'absolu qu'il n'atteint que par la médiation du sensible. Il ne dit pas le vrai, il ne fait que le suggérer dans une apparence et s'en tient à cette apparence. -          Tout se passe, en réalité, comme si la définition de ce que doit être l'activité artistique, de ce à quoi elle doit correspondre, ce dont elle doit témoigner, avait une histoire propre au développement culturel de l'homme. Et dans cette perspective, il apparaît tout à fait légitime de se demander si cette activité artistique est à l'origine de la culture. -          Mais qu'est-ce encore que « être à l'origine de » : cela signifie avant tout être la cause productrice. Tout se passe alors comme si l'activité artistique, comme cause originaire, avait pour effet direct de produire la culture. Reste encore à définir le terme même de culture : D'abord, il s'agit d'un savoir assimilé et formateur qui donne une place privilégiée aux lettres et aux arts, favorise l'ampleur de la vue, l'intuition critique, l'affinement du goût et la diversité des intérêts. En philosophie, la culture correspond à l'auto-éducation de l'humanité à l'Universel, par la fréquentation des oeuvres de langues et de pensée. (® Kant, Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, ch. 1, A, B.) La culture est synonyme de civilisation, l'expérience humaine telle qu'elle s'est accumulée et transmise socialement à travers les générations successives. -          Si l'on prend ainsi l'exemple de grottes dans lesquelles l'on a retrouvé les premières traces d'activité artistique (notamment des figures dessinées sur les parois), on pourrait certainement dire que cette même activité artistique est le signe d'une engendrement de la culture, il la manifeste comme s'actualisant. Mais s'il y a une relation nécessaire entre activité artistique et culture, cela signifie-t-il que l'on puisse affirmer, en fait comme en droit, que l'activité artistique précède logiquement tout culture en ce sens que c'est l'art qui engendrerait la culture en l'homme ? -          La question, en réalité, est une question qui porte sur la légitimité, le droit, la justification d'une telle affirmation en essayant de dégager toutes ses conséquences. En effet, le « peut-on » porte en effet sur le fait, mais aussi et surtout, dans le cas qui nous occupe, sur le droit. -          Au fond si la culture est bien originaire de l'activité artistique, c'est au fond qu'elle en est l'un des produits plutôt que l'espace dans lequel peut s'épanouir l'art. la culture n'est-elle donc qu'un effet de l'activité artistique ? L'art n'est-il pas plutôt le produit de la culture, comme ce qui la manifeste et la grandit ?     Problématique               Est-il fondé, c'est-à-dire encore est-il légitime, de faire de l'activité artistique l'activité dans laquelle s'originerait, comme effet nécessaire et direct, toute forme de culture ? Si donc l'activité semble aller de pair avec une certaine forme de culture, y a-t-il pour autant un lien de cause à effet qui les lie consubstantiellement ? Si l'activité artistique est le signe manifeste de toute culture, en est-il pour autant la source originaire et première seule capable de créer les conditions de possibilité de toute émergence de la culture en l'homme ? Que signifierait donc cette antériorité, si ce n'est chronologique, au moins logique, de l'activité artistique sur la culture ?  
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« alors dans cette perspective que l'activité artistique nous ouvre le champ d'un autre vision du monde,détachée de l'immédiateté sensible et de l'exigence première et animal du survivre.

En tant qu'elle permet àl'homme de s'ouvrir et de se dépasser lui-même, c'est-à-dire en tant qu'elle est capable de lui montrer ce quifait sa spécificité, c'est-à-dire son humanité, l'activité artistique apparaît bien comme source originaire quirend possible toute culture. - La perception quotidienne est muette sur le sens des choses : s'en tenir à ce que nous percevons, c'est ne pas se comprendre ce que nous percevons.

Loin de se borner à leur apparence, le peintre s'efforce derendre sensible le sens des choses.

L'activité artistique apparaît donc bien comme ce qui ouvre l'homme à ladimension symbolique, à la dimension de signification du monde et des choses, et elle est en ce sens bien àl'origine de la culture puisque toute culture se définit comme mouvement de recul de l'homme qui cherche àdépasser sa naturalité première et son rapport premier et naïf au monde. - Ainsi, en prolongeant le bras de la nature, l'activité humaine mène à la culture car son œuvre fait découvrir une nature plus parfaite, une nature infiniment perfectible, qui est justement son humanité dans cequ'elle a de spécifique.

L'activité exprime plus qu'il ne représente simplement un rapport de l'homme au mondequi est un rapport de la culture à la nature. II- L'activité artistique comme le témoin de toute culture mais non pas son origine - On peut entendre la culture sous trois acceptions principales : la culture de la terre, la somme des savoirs et des expériences d'un individu et enfin la civilisation.

Or, qu'est-ce qui détermine le lien communentre les trois usages du mot culture ? Le fait que dans ces trois usages (la culture du blé, la culture d'unhomme, la culture chinoise) un donné primitif, antérieur (la terre sauvage, le psychisme neuf et la natureelle-même) a été radicalement transformé par un travail.

C'est le travail en effet qui transforme une clairièreen champ et un esprit inculte en esprit cultivé.

Or le travail est une négation en même temps qu'undépassement. - On pourrait alors, sous cet angle, voir que c'est moins l'activité artistique elle-même qui est à l'origine de la culture, que toute activité fondamentale par laquelle l'homme se rend « comme maître et possesseur dela nature ».

L'activité artistique est donc l'une des activités dans laquelle s'épanouit, se figure la culture,mais non pas la seule.

Il serait donc illégitime de définir unilatéralement l'activité artistique comme la sourceoriginaire, la cause productrice de tout culture.

Elle n'en est pas moins une condition nécessaire. - Le vêtement ni la nudité naturelle, la parole nie le gémissement ou le cri naturels, le dessin nie la trace. L'homme n'est pas seulement dans la forêt, à la manière d'un animal ou d'un arbre, il est face à elle.

Il lacontredit et la supprime en la rasant, et construit, au creux de cette absence gagnée, une ville ou unaéroport.

Une maison n'est pas simplement un abri, comme un nid ou un gîte, et ce n'est plus au chant ducoq, mais au bruit de son réveil que l'homme cultivé achève son sommeil.

Rien de ce qui fait l'homme, rien dece que fait l'homme n'est naturel, toute l'histoire humaine est celle d'un progressif éloignement, par l'activitépropre de l'homme, d'une origine à jamais perdue. - La culture plonge l'homme dans un autre espace et un autre temps que ceux de la nature : à l'espace réel de la nature, elle substitue l'espace symbolique de ses lieux et de ses routes et au temps presqueimmobile de la nature, elle ajoute la précipitation de son histoire.

On comprend alors très bien que l'activitéartistique est moins, à strictement parler, à l'origine de la culture qu'elle n'en est le témoin. - L'activité artistique apparaît en ce sens comme la reine des activités par lesquelles l'homme se cultive (en cultivant) puisqu'elle lui permet de se penser soi-même.

Si donc l'activité artistique est déjà un recul parrapport à la nature, elle est aussi et tout autant, peut-être même plus profondément, un recul sur la cultureelle-même, capable de se prendre pour objet de pensée. III- L'activité artistique comme expression de la subjectivité du monde - L'art est une activité productrice humaine très particulières car, contrairement à ce qui se passe dans les autres formes d'activités, le but n'est pas ma transformation utilitaire de la matière en vue d'une survieou d'une amélioration des conditions matérielles de la vie humaine, mais le plaisir esthétique. - C'est par un raccourci historiquement explicable, mais qui finit par rendre obscures aussi bien la relation de l'homme à la beauté que celle qu'il a avec l'art, que l'on considère souvent que l'art vise la beauté.

Enréalité, une telle définition de l'art n'est valable que dans les productions classiques, où il s'agissait de créerdes formes parfaites, qui puissent incarner un idéal de beauté.

Or cette définition de l'art comme recherchedu beau n'intègre ni les formes les plus anciennes de l'art, celle des peintres rupestres des grottes deLascaux par exemple, à la signification encore très mystérieuse et qui ne peuvent se laisser interpréter dansun point de vue purement esthétique, ni les formes plus modernes et contemporaines de l'art, où la beautécertes, mais aussi l'horreur, la laideur, la déformation, et même au-delà de la forme sont des moyens quepossède l'artiste pour s'exprimer dans son œuvre. - L'émotion que produit la beauté ainsi que la fascination que produit l'art sur les hommes ont pourtant un point commun – au moins : elle signent une relation unique de l'homme à une émotion et à un plaisircontemplatif qui lui permettent de sortir de la dimension horizontale dans laquelle il se trouve ordinairement.Elles le convient à entrer dans une dimension mystérieuse.

Cette dimension n'est pourtant pas la mêmeexactement, c'est celle de la transcendance et du sacré pour la beauté, celle de la subjectivité pour l'art. - L'homme qui entre en contact avec l'émotion esthétique échappe aux fascinations ordinaires de la vie humaine pour se réveiller à une vie intérieure.

Cela signifie que la beauté et l'art rappellent, chacun à leurmanière, l'homme à son âme.

Le contact avec la beauté et l'importance de l'art chez l'homme imposent,semble-t-il, une conception de l'homme où il y a de la place pour la transcendance.

En ce sens l'activité. »

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