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Peut-on dire que le vrai est ce qui réussit ?

Publié le 16/03/2004

Extrait du document

Descartes lui-même, si attaché qu'il fût aux « idées innées « et aux évidences pures, reconnaissait qu'il se rencontre « beaucoup plus de vérité dans les raisonnements que chacun fait touchant les affaires qui lui importent et dont l'événement le doit punir bientôt après s'il a mal jugé, que dans ceux que fait un homme de lettres dans son cabinet touchant des spéculations qui ne produisent aucun effet. « Malheureusement le mot « utile « tel qu'il est employé par les pragmatistes a le sens le plus large et le plus vague. James n'a jamais rien fait pour en dissiper l'équivoque : « Ce qui est vrai c'est ce qui est avantageux de n'importe quelle manière. « Ainsi une loi physique ou chimique est vraie si elle a des applications techniques fécondes. Mais aussi une croyance politique est vraie si elle me donne « bonne conscience «, si elle me justifie ; une théorie philosophique est vraie si elle calme mes inquiétudes, si elle assure « mon confort intellectuel «, une religion est vraie si elle est consolante, si elle me permet de m'améliorer moralement. L'idée de Dieu est comme toutes les autres idées, elle n'est vraie que si elle est rentable et James déclare sans ambages : « Dieu est une chose dont on se sert. «. La religion n'a pas de valeur en soi, en tant qu'activité désintéressée de l'esprit, mais elle en a une en tant qu'elle permet d'exercer une action pratique. « Je dois d'abord vous rappeler ce fait que posséder des pensées vraies, c'est, à proprement parler, posséder de précieux instruments pour l'action. Je dois aussi vous rappeler que l'obligation d'acquérir ces vérités, bien loin d'être une creuse formule impérative tombée du ciel, se justifie, au contraire, par d'excellents raisons techniques.
Une idée, pour être véridique, doit pouvoir être vérifiée expérimentalement. Cette vérification est d'ordre concret. Si elle est efficace, si elle me permet d'agir, c'est que les événements lui ont donné pleinement raison.
MAIS...
L'animal est capable de modifier ses comportements en vue d'une plus grande efficacité. Ce n'est pas pour cela qu'il a conscience ou connaissance de ce qu'est le vrai. Le vrai n'est pas lié à la réussite mais à la correspondance entre le discours et la réalité.
  • I) Le vrai est ce qui réussit.
a) Le vrai n'est pas le miroir de la réalité. b) L'unique critère de la vérité est l'efficacité. c) Le vrai est toujours pratique.
  • II) Le vrai n'est pas ce qui réussit.
.../...

« « Je dois d'abord vous rappeler ce fait que posséder des pensées vraies, c'est, àproprement parler, posséder de précieux instruments pour l'action.

Je dois aussi vousrappeler que l'obligation d'acquérir ces vérités, bien loin d'être une creuse formuleimpérative tombée du ciel, se justifie, au contraire, par d'excellents raisonstechniques. Il n'est que trop évident qu'il nous importe, dans la vie, d'avoir des croyances vraiesen matière de faits.

Nous vivons au milieu de réalités qui peuvent nous être infiniment utiles ou infiniment nuisibles.

Doivent être tenues pour vraies, dans lepremier domaine de la vérification, les idées nous disant quelle sorte de réalités,tantôt avantageuses pour nous, tantôt funestes, sont à prévoir.

Et le premier devoirde l'homme est de chercher à les acquérir.

Ici, la possession de la vérité, au lieu,tant s'en faut ! d'être à elle-même sa propre fin, n'est qu'un moyen préalable àemployer pour obtenir d'autres satisfactions vitales [...]. Mais, maintenant, que faut-il entendre par « l'accord » que la définition couranteexige à l'égard de la réalité ? C'est ici que le pragmatisme et l'intellectualismecommencent à se fausser compagnie.

Le fait d'être « d'accord », au sens le plus largedu mot, avec une réalité, ne peut être que le fait, ou bien d'être conduit tantôt toutdroit à elle, tantôt dans son entourage, ou bien d'être mis en contact effectif etagissant avec elle, de façon à mieux opérer soit sur elle-même, soit sur unintermédiaire, que s'il y avait désaccord [...] J'en viens donc à dire, pour résumer toutcela : « le vrai » consiste tout simplement dans ce qui est avantageux pour notrepensée, de même que « le juste » consiste simplement dans ce qui est avantageuxpour notre conduite.

» James , « Le pragmatisme ». La conception pragmatiste de la vérité vient de ce que James subordonne la pensée à l'action.

La réussite de celle-ci devient dès lors le juge de la vérité ou de la faussetéde nos « croyances » ou idées.

Cette vision utilitariste de la vérité s'opposeabsolument à la conception spéculative des philosophes grecs, et d'une manièregénérale à ce que James appelle l' « intellectualisme », c'est-à-dire une définition de la vérité comme simple contemplation du réel :la vérité ne satisfait pas une exigencespéculative désintéressée (elle n'est pas « à elle-même sa propre fin »), elle répond à « d'excellentes raisons pratiques ». Cela signifie pas que la vérité est arbitraire, et qu'il n'existe pas de vérités objectives,comme le croyait Protagoras .

La vérité est bien concordance avec le réel, mais pas en le copiant : en nous guidant à travers lui et en permettant à nos actions d'avoirprise sur lui.

Les utilitaristes (Bentham, Stuart Mill) considèrent aussi que l'utilité est le principal critère de valeur.

Toutefois,contrairement aux pragmatistes, ils n'identifient pas l'utile au vrai mais au bien.

Est utile tout ce qui produit un bienou un plaisir, tout ce qui contribue à notre bonheur.

En souscrivant à cette définition large de l'utilité, on peut direque l'art, le jeu, la paresse sont utiles puisqu'ils intensifient notre existence. Le pragmatisme est une ouverture d'espritLe pragmatisme n'est pas confiné aux questions telles que celle de l'existence de Dieu.

Il s'applique avant tout à lascience Peu importe donc qu'une théorie paraisse absurde ou invraisemblable.

Si ses effets sont positifs, elle estvraie.

Il n'est pas nécessaire non plus que l'ensemble de l'appareil scientifique soit cohérent.

Deux idéescontradictoires peuvent coexister si elles sont utiles. La vente est relativeL'approche pragmatique est résolument opposée au dogmatisme.

Le pragmatisme ouvre la voie aux expérimentationsles plus extraordinaires - William James était passionné de parapsychologie - et contraires aux certitudes les plusabsolues.

Pour les partisans du pragmatisme, aucune idée n'est définitive.

La vérité est relative et peut évoluer. II — Limites de l'efficacité a) Dans notre civilisation technicienne, le savoir peut progresser en fonction des avantages qu'il procure.

Mais cetteconception est en fait limitée : malgré les apparences, la réussite est loin d'être toujours au rendez-vous.

En effet,si l'histoire de la science recueille les résultats, il est rare qu'elle collationne les échecs.

Ceux-ci sont pourtant bienplus nombreux : Einstein disait que lorsqu'on interroge la nature, elle répond le plus souvent « non » et parfois «. »

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