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Peut-on dire qu'"il n'y a pas de hasard" ?

Publié le 17/01/2004

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Ainsi, selon l'épistémologue Cournot (XIXe siècle), le hasard n'existe pas en soi : il n'est que l'« interférence » de deux ou plusieurs « séries causales » dont le détail ne nous est pas connu. b) Cette conception du monde (3a) aboutit à un nécessitarisme métaphysique appuyé sur un rationalisme extrême, du type de celui des Stoïciens : rien n'aurait pu être - ou arriver - autrement qu'il n'est - ni, bien sûr, ne pas être. Elle est absolument opposée, par exemple, à l'existentialisme de Sartre, étranger à tout intérêt pour la science, et pour qui « tout est contingent ». c) On conclura en opposant ces deux « métaphysiques » spontanées de l'esprit humain, reflet du « caractère » individuel (laissez-vous les choses au hasard personnellement ?) ; et, probablement - c'est du moins la position de Kant dans sa « 4e Antinomie » - deux métaphysiques indécidables. On pourra insister, avec Richard Sünder sur l'idée que la nécessité fait sens pour l'être humain, alors que la contingence est non-sens (ou « absurde », par exemple dans la pensée de Camus). REMARQUE : le développement du sujet fait appel, successivement, à l'épistémologie (1 et 2), puis à la métaphysique et à la philosophie de l'existence (3). C'est ce déplacement qui donne vie à un sujet qui serait « suranné » au seul plan de la science - les formulations de la physique, dans leur exactitude relative, ont radicalement transformé, de toute manière, la notion « intuitive » de hasard. Sujet 4429: Le hasard et la nécessité selon J. Monod ?

« • Selon l'analyse à laquelle procède le généticien J.

Monod dans son livre Le Hasard et la nécessité, les êtres vivantspossèdent trois propriétés caractéristiques : téléonomie, morphogenèse autonome et invariance.— La téléonomie désigne le fait que les êtres vivants sont « des objets doués d'un projet qu'à la fois ils représententdans leurs structures et accomplissent dans leurs performances ».

Ce projet est fondamentalement celui deconserver l'intégrité de leur être et de le reproduire par la multiplication de l'espèce.— La morphogénèse autonome désigne le fait que les êtres vivants « se construisent eux-mêmes », c'est-à-dire quel'édification de la structure organique ne se fait pas « du dehors », mais « du dedans », à partir d'un déterminismeinterne et autonome.— L'invariance reproductive désigne le fait que les êtres vivants ont « le pouvoir de reproduire et transmettre nevarietur l'information correspondant à leur propre structure », c'est-à-dire de reproduire de génération en générationla structure que constitue le patrimoine génétique de l'espèce.

Ces trois propriétés sont étroitement liées : «L'invariance génétique ne s'exprime et ne se révèle qu'à travers et grâce à la morphogénèse autonome qui constituel'appareil téléonomique ». • Théoriquement donc une structure vivante devrait toujours se reproduire identiquement.

Toutefois le mécanismede reproduction ne saurait échapper à toute perturbation, à tout accident.

Or s'il arrive qu'une fluctuation s'inscrivedans le patrimoine génétique, elle constitue une mutation, c'est-à-dire une variation brusque et discontinue de cepatrimoine génétique.

De telles mutations étant par nature imprévisibles, le hasard apparaît comme l'unique sourcedes transformations du code génétique.Toutes les mutations ne sont cependant pas intégrées dans le patrimoine génétique, car il revient à l'appareiltéléonomique de rejeter ou d'accepterces modifications nées du hasard.

En effet « les seules mutations acceptables sont celles qui, à tout le moins, neréduisent pas la cohérence de l'appareil téléonomique, mais plutôt le renforce encore dans l'orientation déjà adoptée».

La procédure de sélection n'est donc pas, elle, un effet du hasard : « La sélection opère en effet sur les produitsdu hasard, et ne peut s'alimenter ailleurs ; mais elle opère dans un domaine d'exigences rigoureuses dont le hasardest banni.

C'est de ces exigences, et non du hasard, que l'évolution a tiré ses orientations ».

On notera ici que cesexigences ne sont pas les seules conditions du milieu car ces dernières ne sont en aucune manière indépendantesdes performances téléonomiques du vivant : les interactions entre le milieu et l'organisme, les « pressions desélection » qu'il subit sont partiellement choisies par ce dernier.Ainsi donc, « les événements élémentaires initiaux qui ouvrent la voie de l'évolution à ces systèmes intensémentconservateurs que sont les êtres vivants sont microscopiques, fortuits et sans relation aucune avec les effets qu'ilspeuvent entraîner dans le fonctionnement téléonomique.

Mais une fois inscrit dans la structure de l'ADN, l'accidentsingulier et comme tel essentiellement imprévisible va être mécaniquement et fidèlement répliqué et traduit, c'est-à-dire à la fois multiplié et transposé à des millions ou des milliards d'exemplaires.

Tiré du règne du pur hasard, il entredans celui de la nécessité ».II apparaît bien dans ces conditions que l'évolution ne répond à aucune finalité spécifique du vivant, puisqu'elletrouve sa source dans les seuls défauts, dus au hasard, du mécanisme de l'invariance génétique.

Toutefois cetteinvariance génétique qui précède la téléonomie joue dans le sens d'une finalité conservatrice de la vie assurant ledéveloppement d'organismes de plus en plus complexes et intensément téléonomiques. • Mais si les mutations du code génétique relèvent du hasard, comment expliquer l'origine du code lui-même? Deuxhypothèses sont possibles :1) « La structure du code s'explique par des raisons chimiques, ou plus exactement stéréochimiques.

»2) « La structure du code est chimiquement arbitraire ; le code, tel que nous le connaissons, résulte d'une série dechoix ou hasards qui l'ont enrichi peu à peu.

»Ainsi le hasard pourrait-il être non seulement responsable de l'évolution de la vie, mais de la vie elle-même, dont laprobabilité d'apparition, si elle n'est apparue qu'une fois, était pratiquement nulle.. »

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