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Peut-on distinguer chez l'homme ce qu'il a de naturel et de culturel ?

Publié le 14/12/2005

Extrait du document

Mais nous avons raison aussi de chérir les imperfections que nous nous appliquons à éliminer. La vie sociale consiste a détruire ce qui lui donne son arôme. Cette contradiction paraît se résorber quand nous passons de la considération de notre société à celle des sociétés qui sont autres. Car, entraînés nous-mêmes dans le mouvement de la nôtre, nous sommes en quelque sorte partie au procès... Aucune société n'est parfaite. Toutes comportent par nature une impureté incompatible avec les normes qu'elles pro­clament et qui se traduit concrètement par une certaine dose d'injustice, d'insensibilité, de cruauté. Comment évaluer cette dose? L'enquête ethnographique y parvient. Car, s'il est vrai que la comparaison d'un petit nombre de sociétés les fait apparaître très différentes entre elles, ces différences s'atténuent quand le champ d'investigation s'élargit. On découvre alors qu'aucune société n'est foncièrement bonne; mais aucune n'est absolument mauvaise; toutes offrent certains avantages à leurs membres, compte tenu d'un résidu d'iniquité dont l'importance paraît approximativement constante et qui correspond peut-être à une inertie spécifique qui s'oppose, sur le plan de la vie sociale, aux efforts d'organi­sation Prenons le cas de l'anthropophagie qui, de toutes les pratiques sauvages, est sans douté celle qui nous inspire le plus d'horreur et de dégoût.

Un simple bois taillé pourrait poser beaucoup de question à celui qui n’a pas vraiment réfléchi sur ce qu’il y a de naturel et de culturel dans cet objet ; certes il est culturel, car l’homme en le taillant y impose sa marque, lui donne une finalité qu’il n’avait pas auparavant, mais il reste aussi et encore un bois « naturel « quoiqu’on le transforme, et quoiqu’on en dise. Si le bois pose problème, qu’en est-il de l’homme dont des siècles de philosophie se se sont éperdus à trouver une définition qui satisfasse toutes les écoles de pensée ? La question du sujet relance pour ainsi dire la question d’une définition de l’homme en le scindant intentionnellement en deux :  peut-on distinguer chez l’homme ce qu’il a de naturel et de culturel ?

Afin de répondre à cette question, nous nous demanderons quelles sont les caractéristiques du naturel et du culturel en l’homme, caractéristiques supposées par le sujet pour ensuite voir si leur opposition nous semble légitime, enfin et surtout nous montrerons que l’homme est l’élément d’une synthèse qui se fait, avec la culture et avec la nature, et que le lieu d’une dissociation peut être néfaste pour la civilisation . 

 

« temps, elle est un phénomène universel et semble donc relever de la nature.

Une contradiction donc, un mystèreredoutable : « La prohibition de l'inceste possède, à la fois, l'universalité des tendances et des instincts, et le caractère coercitif des lois et des institutions. » La règle est le critère indubitable de la culture, l'universel celui de la nature: d'où l'échec inévitable à vouloirchercher un modèle de règles dans la nature. Cette absence de règle si semble apporter le critère le plus sûr qui permette de distinguer un processus naturel d'un processus culturel.

Rien de plus suggestif, à cet égard, quel'opposition entre l'attitude de l'enfant, même très jeune, pour qui tous les problèmes sont réglés par de nettesdistinctions, plus nettes et plus impératives, parfois, que chez l'adulte, et les relations entre les membres d'ungroupe simien, tout entières abandonnées au hasard et à la rencontre, où le comportement d'un sujet n'apprend riensur celui de son congénère, où la conduite du même individu aujourd'hui ne garantit en rien sa conduite dulendemain.

C'est, en effet, qu'il y a un cercle vicieux à chercher dans la nature l'origine de règles institutionnelles quisupposent bien plus, qui sont déjà la culture, et dont l'instauration au sein d'un groupe peut difficilement seconcevoir sans l'intervention du langage. Partout où la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'étape de la culture.

Symétriquement, il est aisé de reconnaître dans l'universel le critère de la nature.

Car ce quiest constant chez tous les hommes échappe nécessairement au domaine des coutumes, des techniques et desinstitutions par lesquelles leurs groupes se différencient et s'opposent.

À défaut d'analyse réelle, le double critèrede la norme et de l'universalité apporte le principe d'une analyse idéale, qui peut permettre au moins dans certains cas et dans certaines limites d'isoler les éléments naturels des éléments culturels qui interviennent dans lessynthèses de l'ordre plus complexe.

Posons donc que tout ce qui est universel, chez l'homme, relève de l'ordre de lanature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture etprésente les attributs du relatif et du particulier.

2 les raison de croire en leur distinction A Ce qui semble naturel en l'homme n'est que l'artifice de la culture comme le montre Durkheim en affirmant que Le deuil n‘est pas un mouvement naturel, mais une obligation sociale. le deuil n'est pas l'expression spontanée d'émotions individuelles.

Si les parents pleurent, la raison n'est pas qu'ils se sentent personnellement atteints par lamort de leur proche.

Le plus généralement, il n'y a aucun rapport entre les sentiments éprouvés et les gestesexécutés par les acteurs du rite.

Le deuil n'est pas un mouvement naturel de la sensibilité privée, froissée par uneperte cruelle c'est un devoir imposé par le groupe.

On pleure, non pas simplement parce qu'on est triste, mais parcequ'on est tenu, c'est-à-dire obligé de se lamenter.

C'est une attitude rituelle qu'on est obligé d'adopter par respectpour l'usage, mais qui est, dans une large mesure, indépendante de l'état affectif des individus.

Cette obligation est,d'ailleurs, sanctionnée par des peines ou mythiques ou sociales.

On croit, par exemple, que quand un parent neporte pas le deuil comme il convient, l'âme du mort s'attache à ses pas et le tue.

Dans d'autres cas, la société nes'en remet pas aux forces religieuses du soin de punir les négligents ; elle intervient elle-même et réprime les fautes rituelles.

Si un gendre ne rend pas à son beau-père les devoirs funéraires qu'il lui doit, s'il ne se fait pas les incisionsprescrites, ses beaux-pères tribaux lui reprennent sa femme et la donnent à un autre.

Aussi, pour se mettre en règleavec l'usage, force-t-on parfois les larmes à couler par des moyens artificiels.

B La civilisation humaine n'est que l'aboutissement d'une privation des tendances naturelles en l'hommeselon Freud Pour la psychanalyse, l'accession et la participation à la culture seraient pour chaque individu d'un renoncement à certaines satisfactions pulsionnelles,.

sexuelles notamment.

Une partie de l'énergie qui n'a pu sedécharger en satisfaction est sublimée, convertie en énergie utilisable socialement.

Les réalisations culturelles sontdes satisfactions détournées.

Une autre partie de cette énergie est réprimée, transformée en symptôme et en. »

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