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Peut-on donner un sens a tout ?

Publié le 14/12/2005

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Il écrit ainsi qu'il faut établir un tribunal de la raison qui donnerait à celle-ci « assurance en ses justes prétentions, mais qui, en revanche, puisse en finir avec ses présomptions non fondées. » (Critique de la raison pure, préface de la première édition). La raison a en effet tendance à dépasser les cadres dans lesquels elle dispose d'un pouvoir de connaître, comme en témoignent les points de vue contraires auxquels elle aboutit. C'est ce qui se traduit dans la métaphysique, où la raison recherche les raisons premières des choses. Le problème qui se pose alors, c'est que la raison s'élève à des objets dont aucune expérience n'est possible. En effet, les raisons premières des choses, ce sont des choses qui ne sont conditionnées par rien, comme Dieu, la liberté et l'immortalité. Il est donc légitime d'en avoir l'intuition, mais non de les fonder en raison. c) Kant va donc établir une distinction fondamentale en exposant que tout ce que nous pouvons connaître ce sont les phénomènes, et non les choses en soi. Phénomène et chose en soi sont en fait les deux faces de la même chose, à la différence que la chose en soi est la face irreprésentable du phénomène. Le phénomène provient de la chose en soi, il est sa manifestation qui nous est donnée dans la sensibilité, que nous pouvons conceptualiser et qui reste conforme à l'organisation de l'esprit humain.

Il peut apparaître à première vue plutôt naïf de donner un sens à tout, tant on entend d'absurdités sur nombre de sujets. On a alors le sentiment que « ces gens feraient mieux de se taire. « Pour autant, considérer qu'il faille se taire aussitôt qu'on doute de ce qu'on a à dire, c'est courir le risque de ne plus jamais rien dire du tout. Alors finalement, c'est comme si on avait le choix entre « donner un sens à tout « ou « ne donner de sens à rien. « L'usage de la raison permet-il que le sens que l'on donne aux choses et aux événements soit toujours un sens en adéquation avec le réel ?

 

 

« mauvais chemins.

Pour cela, il faudrait tourner notre désir de connaissance vers le phénomène, et non vers la choseen soi.

Transition : Le projet kantien soulève toutefois un autre problème : en se murant derrière les limites de la raison, ne s'occupant plus que du « phénomène », cette philosophie ne cantonnerait-elle pas la réflexion sur le réel à uneréflexion sur soi-même, une réflexion en système clos ? Le sens qu'on donne au phénomène est-il encore réel s'il sedésintéresse de la chose en soi d'où il provient ? 3.

La critique de la métaphysique doit elle-même se dépasser pour comprendre la réalité rationnelle duréel.

a) En créant une dichotomie entre chose en soi et phénomène, Kant a instauré une séparation entre intériorité etextériorité, entre le savoir et la réalité, entre l'absolu et sa manifestation.

Pour mettre fin à cette pensée dudualisme, Hegel a considéré qu'il fallait revenir à une unité de la réalité.

Pour ce faire, il faut cesser de penserl'absolu sur le mode de la fixité, mais l'interpréter comme un mouvement.

Le réel consiste en un processus dedifférenciation, et ces choses que l'on ressent comme différentes ne sont en réalité que les différents moments d'unmouvement.

Toutes les formes de la vie spirituelle, qu'elle soit philosophique, religieuse ou artistique ne sont doncpas incompatibles, elles constituent différentes étapes dans le déploiement du réel.

Le passage de l'un à l'autre, etdonc en quelque sorte le saut vers la chose en soi est possible, pour peu que l'on respecte les différents instants dudéploiement du réel.b) Kant n'a ainsi pas vu ce que Hegel nomme le travail du négatif.

Pour Kant, le saut métaphysique vers la chose ensoi est seulement porteur de contradictions.

Mais Hegel souligne que la contradiction est porteuse de sens, non entant que telle, mais en tant qu'elle opère un travail.

Ce travail est un travail par la négation, mais il amène petit àpetit le réel à l'être.

Ce n'est que le moment négatif du déploiement du réel, mais c'est un moment nécessaire etfructueux.

Il faut comprendre pour accepter cela que, ainsi que Hegel l'écrit dans les Principes de la philosophie du droit , « le réel est rationnel, et le rationnel est réel.

» Ainsi tout ce qui concerne le réel est un déploiement de la raison, et tout cequi est rationnel se déploie dans le réel.

De la sorte, il faut laisser au réel letemps de se déployer pour pouvoir en rendre raison.

C'est ce que Hegelexprime lorsqu'il affirme dans les Principes de la philosophie du droit que : « La chouette de Minerve ne prend son vol qu'à la tombée de la nuit » (Minerveétant la déesse de la sagesse).

La chouette de Minerve ne prendson envol qu'aucrépuscule.(Principes de laphilosophie dudroit) Minerve est la déesse de lasagesse et son attribut est lachouette .

C'est dire que le philosophe commence à réfléchirquand les autres hommes, ceuxqui agissent, ont terminé leurtâche.

Le philosophe réfléchitsur ce qui a déjà été accompli,après que cela ait été accompli. c) Ce travail du négatif permet ainsi de donner sens à toutes les dimensions de l'existence, car s'il s'exprime enlogique par cette effectivité de l'antithèse (moment négatif de la réflexion), il s'exprime dans le réel par le sens a posteriori qu'on peut donner aux diverses épreuves qu'a dû surmonter l'humanité, comme à celles que doivent surmonter les individus.

Si « le réel est rationnel et le rationnel est réel », alors les souffrances de l'existence nesont pas vaines, il y a une leçon à en tirer.

Ainsi on peut prendre l'exemple de la seconde guerre mondiale : si celle-ci a exprimé le mal à un niveau très élevé, elle a aussi permis de s'acheminer vers la construction de l'Europe, quisera peut-être un moyen d'éviter d'autres guerres.

Il y a ainsi un travail de la raison dans l'Histoire qui a toujours unmoment négatif, et il en est de même à un niveau individuel.

Il n'est donc pas inconséquent de chercher à donnerun sens à tout, puisque le tout du réel est rationnel - c'est-à-dire doté de sens - même si ce sens n'apparaîtqu'après-coup.

Conclusion : Nous avons d'abord montré que si la vie humaine a un sens par elle-même et que l'homme est naturellement porté àle chercher, ce dernier doit néanmoins s'appliquer à le chercher en raison.

Nous avons ensuite souligné les dangersd'une quête absolue de sens qui dépasserait les limites de la connaissance rationnelle.

Enfin, nous avons tenté derendre son sens à cette recherche de l'absolu en comprenant la raison comme un mouvement et non comme fixité.Reste à soulever le danger inhérent à cette théorie, qui consisterait à croire que le mal est justifié a priori alors qu'il ne peut l'être qu' a posteriori .

Cela doit nous conduire à nous interroger sur les conditions de possibilités d'une. »

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