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Peut-on etre certain de l'existence de l'âme humaine ?

Publié le 15/12/2005

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- Ce sujet diffère de « l'âme humaine existe-t-elle? ». Il s'agit de nous interroger sur la capacité de nos moyens de connaître à nous assurer de l'existence de l'âme plus que sur cette existence elle-même. En effet, dire que nous ne pouvons être certain que l'âme existe ne signifie pas qu'elle n'existe pas. - En général, comment peut-on être certain de l'existence d'un objet? La certitude est une attitude de l'esprit envers une affirmation: nous sommes certains lorsque nous n'avons absolument aucun doute et que nous pouvons étayer notre affirmation par des preuves, capables de convaincre n‘importe quel autre esprit. La certitude s'oppose ainsi à la croyance ou à la supposition. Il existe deux types de preuves capables de fonder la certitude de l'existence d'un objet: l'expérience ou la démonstration. Prenons par exemple le cas de l'existence d'une planète. Cette existence est pour nous une certitude lorsque nous pouvons observer directement cette planète (=expérience), mais également lorsque nous ne sommes pas capable de l'observer directement mais que nous pouvons déduire de la trajectoire d'autres corps célestes (qui, eux, peuvent être observés) et des lois de la gravitation universelle l'existence nécessaire d'une planète en un certain lieu (=démonstration). Dans ce dernier cas, cette existence est certaine parce qu'il est nécessaire de la poser pour comprendre les phénomènes que nous expérimentons. - Peut-on appliquer l'un ou l'autre de ces critères de certitudes à l'âme humaine? L'âme n'est pas un objet comme les autres. En effet, elle peut-être définie en opposition avec le corps et la matière: l'âme est un principe spirituel que nous supposons être la source de divers phénomènes spécifiquement humains (la conscience, la pensée, la liberté). L'affirmation de son existence pose ainsi un double problème: d'abord, en tant qu'objet spirituel, invisible et impalpable, il semble difficile d'en faire une expérience au sens classique du terme. L'expérience semble en effet n'avoir pour objet que les corps. Ensuite, les phénomènes dont elle est sensée être le fondement posent eux aussi problème: la conscience, la pensée ou la liberté peuvent peut-être être dénoncées comme illusoires, ou réduites à des mécanismes matériels (cérébraux), au quel cas nous n'aurions absolument plus besoin de poser l'âme comme principe explicatif. 

« certitude de l'illusion.

Remettons nous en alors au second critère de certitude que nous avons posé en introduction:la démonstration.

II) Peut-on démontrer l'existence de l'âme humaine? - Nous avons déjà évoqué dans l'introduction, avec l'exemple de la planète invisible, la manière dont nous pouvonsdémontrer l'existence d'un objet que nous ne percevons pas.

Pour détailler cet exemple, il correspond exactement àla situation dans laquelle se trouvait l'astronome Le Verrier: celui-ci n'avait jamais vu la planète Neptune car ellen'était jamais passée dans une zone observable.

Cependant, la trajectoire particulière de Uranus et les lois de lagravitation universelle de Newton lui permettent de conclure que le trajet de Uranus n'est compréhensible que si l'onsuppose l'existence d'une planète, possédant certaines particularités déterminées, en un lieu précis.

Le Verrier lanomme Neptune.

Le progrès des techniques optiques ont effectivement permis, plus tard, d'observer cette planète,confirmant ainsi la démonstration de l'astronome.

En résumé, nous pouvons déduire avec certitude l'existence d'unobjet lorsque celui-ci est nécessaire à comprendre des phénomènes manifestes.- Descartes applique ce type de démonstration à l'âme humaine dans la cinquième Méditation Métaphysique.

Il commence par constater que tous les phénomènes observés chez les animaux (vie, mouvement) peuvent êtreexpliqués de manière purement physique, par le mécanisme.

Il s'agit de la thèse de « l'animal machine ».

Chezl'homme, ces même phénomènes peuvent donc être expliqués de la même manière.

Cependant, il existe certainesdimensions de ce dernier qui sont irréductibles à l'explication matérielle: la diversité des réactions et la parole.Puisque ces phénomènes sont évidents et ne peuvent être niés, il convient de poser un principe non matériel chezl'homme qui en serait le fondement: l'âme.

Ce raisonnement semble conclure de manière certaine à l'existence d'uneâme humaine.- Cependant, nous pouvons là aussi douter de la valeur d'une telle certitude.

En effet, même si la science neparvient pas encore à expliquer matériellement les phénomènes de pensée, de parole et de spontanéité de l'action,et même si une telle réduction matérialiste semble improbable, non ne pouvons cependant prouver qu'elle n'aboutirajamais.

Des neurologues contemporains se donnent d'ailleurs un tel programme.Au terme de ce parcours, il semble donc toujours légitime de douter de l'existence de l'âme humaine, aucunecertitude absolue n'a pu être établie.

Transition: La démonstration, elle aussi, échoue à nous procurer une certitude quant à l'existence de l'âme humaine.

Nouspouvons donc répondre négativement à notre question: nous ne pouvons pas être certain de l'existence de l'âme.Dans ce cas, que penser? Doit-on nier son existence? D'autres critères que celui de la certitude théoriquepourraient-ils justifier notre adhésion à une telle hypothèse? III) L'esprit n'adhère pas uniquement à une proposition sous la modalité de la certitude, mais égalementsous celle de la croyance.

Et sous la modalité de la croyance que nous pouvons nous rapporter à l'âmehumaine.

- Si nous ne pouvons être certain de l'existence de l'âme humaine, nous ne pouvons pas davantage être certain deson inexistence.

Le champs reste donc ouvert pour une croyance en cette âme.

Dans la Critique de la raison pure(« de l'opinion, de la science, de la foi »), Kant différencie le savoir de la croyance: la croyance se caractérise parune adhésion subjective à une proposition, alors que les principes objectifs sont insuffisants à la prouver.

Qu'est-cequi motive alors une telle adhésion?- La croyance en l'âme humaine repose sur des motifs pratiques (et pas théoriques comme dans le cas de lacertitude).

En effet, même si nous ne pouvons nous rapporter à l'âme humaine que sous la modalité de la croyance,cette croyance n'est pas aussi arbitraire que, par exemple, la croyance en une vie extraterrestre.

Elle n'est paslaissée à la fantaisie de chacun et il existe des moyens de la justifier.

Dans le même passage de la Critique de laraison pure, Kant explique pourquoi l'existence de l'âme humaine fait partie des choses auxquelles nous devonsnécessairement croire.

Il existe un impératif qui s'impose à l'homme: celui de vivre moralement, en respectant lesprincipes que nous impose la morale.

Or, ceux-ci peuvent parfois entrer en contradiction avec l'intérêt ou le bonheurde celui qui agit.

Je peux, par exemple, avoir tout intérêt à mentir dans une situation donnée, alors que la loi moralem'impose de dire toujours la vérité.

Dans ce cas, pourquoi respecterais-je la loi morale? Il y a une raison de la fairesi et seulement si je crois en l'existence d'une âme qui continuera d'exister après la mort et d'un Dieu quirécompensera ceux qui ont agit durant leur vie avec moralité.

La croyance en l'existence de l'âme est donc unenécessité pratique.

Kant définit ainsi la « croyance pratique »: « il est absolument nécessaire que quelque chose seproduise, c'est-à-dire que je suive en tout point la loi morale, (…) et il n'y a selon tout ce que je sais qu'une seulecondition possible sous laquelle cette fin parvient à former avec toutes les autres fins (par ex: le bonheur individuel) un ensemble cohérent (…) savoir qu'il y ait un Dieu et un monde future ».

Certaines croyances constituent donc uneobligation du point de vue morale: Dieu, un monde future, et donc une âme qui me permettra d'exister dans cemonde future.

Conclusion: Nous ne pouvons être certains de l'existence de l'âme humaine.

Cependant, nous ne pouvons pas non plus êtrecertains de son inexistence.

De ce fait, une place reste ouverte pour une adhésion à cette existence sous uneautre modalité: la croyance.

De plus, dans le cas de l'âme humaine, cette croyance peut être justifiée d'un point devue pratique.. »

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