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Peut-on être heureux sans vertu ?

Publié le 15/12/2005

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En effet, nous avons vu que pour Épicure, le bonheur est ataraxie, c'est-à-dire absence de troubles de l'âme. Nous avons vu, avec Kant, que le bonheur, en tant que projet individuel, était contraire à la vertu et que la morale ne devait pas de se déterminer selon une quête personnelle du bonheur. Mais il ne faut pas oublier pourquoi la vertu semble s'identifier au bonheur, du moins nous y conduire ou nous en rendre dignes. Si l'on se demande désormais si l'on peut être heureux sans vertu, c'est par rapport à ce qu'implique la vertu dans notre conception du bonheur. Expliquons ce qu'il faut entendre par-là. Si Épicure faisait de la vertu la condition nécessaire et suffisante du bonheur, c'est qu'elle est accomplissement d'une qualité propre et l'élimination des troubles qui me perturbent. En cela, il s'agit d'une vision individualiste du bonheur. Ce que lui ont reproché les stoïciens. En effet, pour eux et, on le pressent, c'est le cas pour Kant, l'homme doit vivre dans la Cité, parmi les autres hommes. Aristote le disait quand il remarquait que l'homme est un « animal politique » (de polis, cité).

Notre sujet pose implicitement le problème des rapports entre bonheur et vertu en termes de condition. Ainsi, peut-on être heureux sans vertu ? Autrement dit, la vertu est-elle une condition du bonheur ? Il est ainsi possible que la vertu soit une condition nécessaire mais non suffisante : la vertu permettrait le bonheur, mais pas à elle toute seule. À l’inverse, il est concevable que la vertu ne soit une condition ni nécessaire ni suffisante du bonheur, auquel cas il serait possible d’être heureux sans être vertueux. Toutefois, afin d’envisager pleinement ces rapports, il nous faut établir clairement ce que l’on peut entendre par vertu et bonheur. Ainsi, qu’est-ce qu’être vertueux et en quoi cela est-il (ou non lié) à la problématique du bonheur ? Dès lors, comment le bonheur peut-il se définir ? Est-ce en rapport avec la morale ou l’éthique (la vertu) ou bien d’une autre manière ?

« La morale kantienne est donc en deux sens une morale de l'autonomie : 1° la volonté se détermine d'elle-même ( auto ) selon les impératifs de la raison et 2° les considérations particulières, empiriques, ne rentrent pas en ligne de compte.

Rendre la morale dépendante du bonheur particulier, c'est alors perdre la portée universelle del'acte moral lui-même.

Cependant, Kant prend soin de préciser qu'agir moralement, même si ce n'est pas là cherchernotre bonheur propre, nous rend dignes d'être heureux.

Ainsi, alors que l'épicurisme faisait de la vertu la conditionnécessaire et suffisante du bonheur, Kant montre que si la vertu ne rend pas forcément heureux, du moins elle nousrend digne du bonheur : la vertu est alors une condition nécessaire, mais non suffisante du bonheur.

Dans la Critique de la raison pratique, Kant montre que le bonheur individuel, recherché par tout un chacun suivantses propres penchants, ne peut être une finalité morale.

La recherche du bonheur peut fournir des maximespersonnelles d'action, mais non des lois à la volonté, même si l'on prend pour finalité le bonheur de tous.

Ladéfinition générale du bonheur est subjective, donc variable et changeante.

On pourrait au mieux en tirer des règlesgénérales, mais jamais des règles universelles (valables toujours et nécessairement), car la base en est l'expérienceet ce que l'on en ressent.

La recherche du bonheur ne peut donc aboutir à une éthique comportant des règlespratiques communes à tout être raisonnable.A la différence de ces éthiques eudémonistes (eudaimonia : bonheur) qui s'en remettent à la subjectivité de chacunpour apprécier le bonheur, la loi morale doit être valable pour toute volonté raisonnable.

La morale repose sur deslois universelles et nécessaires (valables pour tous et que l'on ale devoir de respecter).

A la question que dois-jefaire ?, la morale répond : le devoir, et uniquement le devoir.

Le souverain bien n'est pas le bonheur, mais la bonnevolonté, c'est-à-dire la bonne intention, désintéressée, l'intention de faire le bien pour le bien, ou encore de faire lebien par devoir.

Elle repose sur un impératif catégorique ("tu dois parce que tu dois") et non hypothétique ("si tuveux obtenir tel résultat, fais ainsi").

Sans condition, il ne repose sur rien de sensible.

L'action n'est pas bonnesuivant ses résultats, mais bonne en soi quand elle est faite par devoir.

"Agis uniquement d'après la maxime qui faitque tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle." Par ailleurs, le devoir commande le respectde la personne, de l'être raisonnable en tant que valeur absolue : l'humanité, que ce soit la sienne ou celle d'autrui,doit toujours être respectée comme une fin absolue, et jamais traitée simplement comme moyen.

Seule cettevolonté morale est autonome dans le sens où elle répond à la loi de raison qu'elle trouve en elle (et qui exige denous plier à l'universalité), et non à des exigences sensibles, naturelles et empiriques, qui nous rendent dépendants,hétéronomes : en ce cas, c'est l'expérience qui commande et non la volonté rationnelle.

III – L'éthique du bonheur Des deux premiers points de vue d'où nous avons considéré le problème ressort l'idée que la vertu conduit au bonheur : pour l'épicurisme, la vertu est condition nécessaire et suffisante du bonheur ; pour le kantisme, la vertuest nécessaire, mais non suffisante (être moral pouvant rendre malheureux).

Pour les stoïciens, que nous n'avonspas évoqué, mais qui se rapprochent en bien des points de l'épicurisme, la vertu s'identifie pleinement au bonheur.Toutefois, nous n'avons pas qualifié le bonheur outre mesure, ou, si nous l'avons fait, c'est de manière négative. En effet, nous avons vu que pour Épicure, le bonheur est ataraxie, c'est-à-dire absence de troubles de l'âme. Nous avons vu, avec Kant, que le bonheur, en tant que projet individuel, était contraire à la vertu et que la moralene devait pas de se déterminer selon une quête personnelle du bonheur.

Mais il ne faut pas oublier pourquoi la vertusemble s'identifier au bonheur, du moins nous y conduire ou nous en rendre dignes.

Si l'on se demande désormais sil'on peut être heureux sans vertu, c'est par rapport à ce qu'implique la vertu dans notre conception du bonheur.Expliquons ce qu'il faut entendre par-là.

Si Épicure faisait de la vertu la condition nécessaire et suffisante dubonheur, c'est qu'elle est accomplissement d'une qualité propre et l'élimination des troubles qui me perturbent.

Encela, il s'agit d'une vision individualiste du bonheur.

Ce que lui ont reproché les stoïciens.

En effet, pour eux et, on lepressent, c'est le cas pour Kant, l'homme doit vivre dans la Cité, parmi les autres hommes.

Aristote le disait quand ilremarquait que l'homme est un « animal politique » (de polis , cité). Ainsi, le bonheur se partage et ne vaut que partagé.

Dans l'isolement, aucun bonheur n'est possible, au moins puisque l'homme ne s'accomplit pas en tant qu'homme ; l'homme seul est ou Dieu ou bête, disait encoreAristote, mais point homme.

L'homme ne peut pas vivre seul.

Or, pour que le bonheur collectif soit possible,l'éthique, comme réflexion sur la vertu, énonce les conditions du vivre-ensemble.

L'éthique, c'est donc la recherched'une vie bonne dans une cité juste.

En cela elle définit la vertu comme mise à disposition des conditions d'unbonheur collectif.

Si les hommes vivent mal ensemble, s'ils ne sont pas vertueux (en quête du bon et du juste), ilsruinent la possibilité même du bonheur.

C'est en ce sens qu'être vertueux ou morale nous rend digne d'être heureuxet que sans vertu, point de bonheur, même si vertu et bonheur ne coïncident pas. Conclusion : Ainsi, la vertu semble identifiable au bonheur : agir selon sa propre nature et ne pas désirer ce qui ne dépend pas de nous, c'est éliminer les troubles présents dans l'âme humaine.

Cependant, nous avons vu avec Kant, que lamorale et la recherche de la vertu ne doivent pas se faire au nom d'un bonheur personnel, auquel cas nous perdrionsla qualité proprement morale ou vertueuse de nos actes.

À partir de là, nous avons montré que la vertu, si elle nerend pas expressément heureux, dispose au moins les éléments d'un vivre-ensemble, condition d'un bonheurauthentique, partagé entre les hommes.

De ce point de vue, on ne peut être heureux sans vertu.. »

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